Il diavolo a sette facce
Autres titres: Le diable a sept faces / Le diable a sept visages / Il diavolo a 7 facce / Bloody Mary / The devil with seven faces / The devil has 7 faces / El diablo tiene siete caras
Real: Osvaldo Civirani
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 88mn
Acteurs: Carroll Baker, George Hilton, Lucretia Love, Luciano Pigozzi, Franco Ressel, Daniele Vargas, Ivano Staccioli, Stephen Boyd, Edda dell'Orso, Maria Ricotti, Gianni Pullone, Carla Mancini, Roberto Messina...
Résumé: Julie est victime de plusieurs agressions. Un ami avocat et un pilote de courses automobiles lui viennent en aide pour tenter d'en comprendre la raison. Julie pense que sa soeur jumelle Mary est en danger. Ses agresseurs la prennent en fait pour elle. Mary aurait volé un inestimable diamant que deux bandes rivales se disputent. Les malfrats pensent que Julie sait où il est caché...
Après avoir débuté dans le sexy mondo au début des années 60 Osvaldo Civirani ancien photographe de Fellini et Visconti a par la suite touché un peu à tous les genres alors à la mode, du western spaghetti au film d'espionnage en passant par le peplum et l'érotisme. Il n'est pas étonnant qu'il s'essaie au giallo en utilisant l'actrice fétiche d'Umberto Lenzi, l'américaine Carroll Baker très en vue en Italie depuis ses participations en tant que protagoniste principale de ses sexy thrillers. Civirani n'est malheureusement pas Lenzi. Malgré la présence de la comédienne Il diavolo a sette facce tombe bien vite à l'eau, plus
ennuyant et drôle que captivant et vraisemblable.
Une nuit alors qu'elle rentre chez elle Julie est agressée par un inconnu en plein cœur d’Amsterdam. Il se contente de la prendre en photo. Elle s'évanouit. Après deux autres agressions ratées Julie s’adresse à l’avocat Dave Barton, connu quelques jours plus tôt lors d'une soirée, pour en découvrir la raison. Il est aidé pour cela par son ami et coureur automobile, Tony Shane, qui rapidement tombe amoureux de Julie. Après une nouvelle agression à son domicile par deux hommes il s'avère que Julie serait en réalité prise pour sa sœur jumelle, Mary, qui aurait dérobé à Londres un diamant de très grande valeur
appartenant à un maharadjah, le diable à sept faces, que plusieurs bandes rivales se disputent. Selon Julie, Mary se serait enfuie avec la pierre. Les gangsters soupçonnent Julie de savoir où se cache sa soeur. Elle est finalement enlevée par Tony qui s'avère être un des gangsters, lui même poursuivi par d'autres malfrats. Julie parvient à s'échapper et tuer Tony et ses autres ravisseurs. Enfin libre Julie peut quitter Amsterdam avec le diamant qu'elle possédait bel et bien. Mais son avocat a découvert le pot aux roses. En fait Mary est décédée il y a quelques années. Julie s'est servie de son nom pour monter cette escroquerie et dérober le bijou. Une surprise l'attend. Le diamant n'est qu'un vulgaire morceau de verre. La
véritable pierre n'a jamais quitté le maharadjah.
A l'exception de quelques films (Le dieu noir, bel exemple de cinéma exotico-érotique) la filmographie de Civirani n'aura guère brillé par son originalité et surtout sa mise en scène souvent fade et anodine. Cette unique incursion dans le thriller à l'italienne ne fait pas exception à la règle. Malgré un titre prometteur qui se rattache au mouvement ce Diable a sept faces est en fait une sorte d'hybride entre le giallo et le film noir américain. D'un coté on a une intrigue qui met en scène une jeune et jolie femme en proie à un ou des agresseurs qui s'en prennent à elle pour de mystérieuses raisons. On découvre l'existence d'une soeur
jumelle. On pressent la machination à la Lenzi que la présence de Carroll accentue bien sûr. De l'autre coté on a le vol d'un diamant que deux bandes de gangsters veulent s'arracher et récupérer. Le mélange ne prend pas faute à un scénario abracadabrant jamais crédible et une mise en scène poussive dénuée d'originalité.
Dés le départ point besoin d'être très intelligent pour deviner les tenants et aboutissants d'une intrigue vue et revue qui prend l'eau de partout. On aura vite fait de mettre un nom sur le ou les coupables tant cela semble évident. Le final téléphoné n'étonnera donc personne. Si ce manque total de suspens nuit gravement au film son traitement ne rehausse guère voire
pas du tout le niveau d'un scénario improbable qui accumule non sens et incohérences. Impossible de réellement croire à cette histoire qui donne souvent le désagréable sentiment qu'on est face à une parodie, qu'on assiste à une farce policière, Civirani s'amuse espérons le volontairement mais si tel est le cas rien n'empêchait un peu plus de consistance et surtout de logique. Les séquences s'enchainent parfois sans réel lien, des éléments tombent mais n'ont aucune incidence sur l'intrigue ou tout simplement aucun sens. Ils semblent combler les trous d'une histoire gruyère qui peine à atteindre les 90 minutes réglementaires. Civirani étire, étire jusqu'aux ultimes minutes en ayant pris soin de nous
infliger une incroyable course-poursuite en voiture d'une laideur stupéfiante, tournée en accélérée, un moment d'anthologie qu'on croit sorti droit d'un sketch de Benny Hill! Une catastrophe qui finit de détruire ce thriller esthétiquement hideux où tout le monde est finalement coupable. Mais est ce important puisque le spectateur a depuis longtemps décroché tant ce Diable a sept faces est peu passionnant et absurde.
Est il besoin de parler des personnages? Tous autant qu'ils sont ce ne sont que de simples esquisses, des stéréotypes tous plus inconsistants les uns que les autres qui n'ont aucune crédibilité. Mal mis en scène, mal dirigés, contraints de réciter des dialogues parfois
aberrants qui risquent de déclencher des crises des fous rires aucun n'existe vraiment pas même Carroll Baker qui par instant donne l'impression de s'ennuyer ferme. Le film lui aura cependant parmi de nous offrir un véritable défilé de perruques puisqu'elle en arbore une nouvelle à quasiment chaque séquence dont une bleue électrique sidérante qu'elle porte à la... plage! Un vrai manga! Quant aux policiers hollandais Civirani les dépeints comme des idiots moustachus qui auraient tout à fait leur place dans une comédie populaire de bas étage. L'inspecteur et son assistant n'y échappent pas. On a ici l'équivalent d'un Derrick sous somnifères qui raisonne comme un tambour crevé!
Dénué d'action si ce n'est lors de son final mais noyé sous un flot de dialogues creux Le diable a sept faces, sorti furtivement en province en mars 1973, ressemble à un banal téléfilm tourné sans énergie ni conviction dont le seul et faible intérêt est de retrouver la toujours aussi bourgeoise Carroll Baker, monolithique et peu convaincue. Son supplice dans la baignoire n'en devient donc que plus jouissif. Voir cette pimbêche se faire maltraiter est toujours un véritable petit plaisir coupable. Le personnage de George Hilton tombe à plat au bout de quelques minutes malgré ses efforts mais sa mort reste un grand moment, un mannequin en caoutchouc écrasé sous un tracteur, Franco Ressel en commissaire sous
anesthésiant frise le ridicule, Ivano Staccioli et Luciano Pigozzi sont des méchants de pacotille, la pauvre Lucretia Love, en secrétaire nunuche n'a strictement aucun rôle précis et disparait de l'histoire après nous avoir un joli nu. Quant à l'américain Stephen Boyd, l'ex-beau gosse du peplum hollywoodien, il n'est plus que l'ombre de lui même. Il traine sa carcasse d'ex-bellâtre au sourire carnassier sans aucun enthousiasme d'un bout à l'autre du métrage, heureux de passer quelques vacances payées à Amsterdam où le film fut entièrement tourné.
Au pays des tulipes et des moulins cet inestimable diamant d'un million de dollars n'a guère d'éclat. Il a surtout le prix de l'ennui et de l'hilarité. Un thriller en toc pour un bijou en toc que rythme une partition musicale signée Stelvio Cipriani visiblement peu inspiré!