Tarzan y el arco iris
Autres titres: Tarzan and the rainbow / Tarzan and the brown prince / Tarzan and the treasure of the emerald cave / O Tarzan kai o mavros panthir
Real: Manuel Cano
Année: 1970
Origine: Espagne
Genre: Aventures
Durée: 87mn
Acteurs: Steve Hawkes, Kitty Swan, Peter Lee Lawrence, Angel del Pozo, Agata Flori, Ricardo Rodriguez, Javier Raza, Robin Aristorenas..,
Résumé: Le roi d'une tribu indigène est décédé. Son fils doit lui succéder au trône. Pour cela il doit partir seul à la découverte de la grotte aux émeraudes et rapporter aux siens la statue du Grand Dieu Vert. Ukali son féroce rival compte bien lui voler sa place. Il part à sa poursuite pour le tuer et voler la statue. Tarzan veille. Une équipe de chasseurs qui travaille pour un zoo entend parler de cette fabuleuse grotte. Son chef est bien décidé à la trouver. Il capture Tarzan et sa compagne afin de les forcer à lui dire où elle se trouve...
A la fin des années 60 les films de jungle connurent un regain de popularité et c'est avec un certain plaisir que l'amateur put voir déferler sur les écrans quelques petites bandes tropicales sympathiques le plus souvent en provenance de l'Italie mais également d'Espagne jamais en reste pour suivre ses confrères transalpins qui notamment créèrent des versions féminines du mythe de Tarzan répondant aux noms de Samoa, Gungala ou encore Tarzana. Il aurait été étrange que ce même Tarzan ne réapparaisse pas à son tour dans nos salles obscures. Ainsi furent tournés une série de Tarzan dont fait partie Tarzan y el arco iris réalisé par l'espagnol Manuel Cano plus connu pour ses deux petits films d'horreur La vengeance du zombie et The swamp of the ravens. Tarzan y el arco iris / Tarzan and the rainbow est en fait la fausse séquelle de l'excellent Tarzan en la gruta del oro / Zan king of the jungle dont on doit le scénario à Umberto Lenzi.
Le roi d'une tribu indigène vient de décéder. Son fils, Nasu, un petit garçon d'une dizaine d'années, doit lui succéder au trône. Pour cela il doit réussir une rude épreuve. Nasu a quatre jours pour atteindre le territoire du Grand Dieu Vert, combattre les caïmans qui le protègent et trouver la grotte aux émeraudes qui renferme la statue du Dieu qu'il devra rapporter à sa tribu. Ukali, un guerrier féroce rival de Nasu entend bien accéder lui aussi au trône. Il pourchasse Nasu et tente de le tuer à plusieurs reprises mais tarzan veille d'autant plus que le célèbre seigneur de la jungle sait où se situe la fameuse grotte. Il est malheureusement fait prisonnier par un groupe de chasseurs peu scrupuleux qui capturent des animaux sauvages pour les revendre très chers aux cirques. Leur chef, Richard, compte bien faire parler Tarzan afin qu'il lui révèle l'emplacement de la grotte. Il capture également sa compagne, la belle Irula. Ukali s'associe à Richard mais même sous la torture Tarzan refuse de parler. Richard et ses hommes partent à la recherche de la caverne que vient juste de découvrir Nasu. L'enfant s'empare de la statue du Dieu vert au moment où les vilains parviennent à la grotte. Nasu se bat contre Ukali lorsque Tarzan, délivré par ses amis les animaux, surgit, tue Richard après s'être débarrassé des guerriers. Le futur roi peut glorieusement rentrer chez lui après avoir dit au revoir à son ami Tarzan.
Tournée entre l'Espagne, la Colombie et les Philippines cette nouvelle mouture des aventures de Tarzan est un pur produit familial dans lequel on retrouve les principaux ingrédients du film de jungle: des décors exotiques idylliques, une cohorte d'animaux sauvages filmés dans leur élément naturel, un zeste d'érotisme de bon aloi, un soupçon de suspens, un souffle d'aventure et d'action, quelques combats pour pimenter l'ensemble, une tribu d'indigènes dont on apprend les rites au son des tambours, un fabuleux trésor fort convoité dissimulé au coeur d'une grotte et bien entendu une bande de vilains, ici des chasseurs sans scrupule qui travaillent pour un zoo, avec lesquels Tarzan et sa jolie compagne vont devoir se battre pour sauver leur peau et surtout celle de Nasu, l'inévitable petit garçon dont nos têtes blondes admireront le courage tandis que les parents seront attendris par ses sourires niais et sa fragilité d'enfant parti seul en quête des émeraudes comme le futur grand guerrier qu'il est.
Tarzan y el arco iris est d'une gentillesse à toute épreuve, si gentil qu'il paraitrait assez ennuyeux tant il tarde à réellement commencer. Lent dans sa première partie, il y a bien heureusement les superbes décors naturels pour nous aider à ne pas trop regarder notre montre car il faut bien avouer qu'il ne se passe pas grand chose peu aidé par une réalisation paresseuse. L'ensemble ronronne bercé par le cri des animaux sauvages et des disputes entre Helen, mal à l'aise dans cet univers qu'elle souhaite quitter au plus tôt, son mari et Richard. Quant à Tarzan il se balance mollement de lianes en lianes, expose ses muscles au sommet d'un arbre et court de façon pataude dans la brousse afin de surveiller Nasu qui court tout autant mais plus énergiquement. Cano saupoudre le tout d'une once d'humour potache et de quelques gags faciles. Malheureusement son Tarzan ne décolle pas vraiment.
Il faut attendre sa seconde moitié pour que le film prenne enfin sa vitesse de croisière et multiplie les péripéties. La découverte de la caverne aux émeraudes, Tarzan ralliant les animaux sauvages pour qu'ils viennent le délivrer, la confrontation entre Ukali et ses guerriers, Richard et Nasu, l'attaque du caïman, la tragique scène de torture de Tarzan et Irula devenue tristement culte, quelques tueries d'animaux, de jolies prises subaquatiques... L'action prend alors le dessus et c'est avec un peu plus d'intérêt qu'on suit alors ces aventures qui sans être passionnantes sont tout à fait plaisantes et surtout divertissantes malgré une mise en scène toujours trop mollassonne de Cano. Un peu plus d'énergie aurait fait de ce Tarzan un très bon film d'aventures dans la lignée des oeuvres de jungle d'antan. Il se rattrape avec brio par une superbe photographie qui met en valeur les magnifiques décors naturels dont il jouit, de quoi charmer le spectateur ravi d'y retrouver également ses deux héros habituels, le puissant acteur croate Steve Hawkes dans le rôle d'un Tarzan au look plutôt rock'n'roll (slip léopard, rouflaquettes et cheveux longs) et la nouvelle icône de la jungle de ce début de décennie, la mutine hollandaise Kitty Swan peu présente cette fois à juste raison qui interprétera quatre fois de suite les attrayantes filles sauvages à commencer par Gungala. A leurs cotés le toujours aussi séduisant Peter Lee Lawrence, figure incontournable du western spaghetti, interprète le vilain. C'est le petit Robin Aristorenas qui se glisse dans le pagne de Nasu. Enfant star d'origine philippine, Robin fut à l'affiche d'une multitude de films familiaux de la basse enfance à l'adolescence avant de se retirer en 1984.
Ce qui a bien tristement donné au film sa réputation c'est l'effroyable accident dont furent victimes Steve Hawkes et Kitty Swan lors du tournage de la scène de torture qui aujourd'hui lorsqu'on la regarde fait froid dans le dos. Attachés à un piquet ils furent grièvement brulés sur 70% du corps lorsque les feuilles sèches imbibées d'essence que s'apprête à embraser Peter Lee Lawrence prirent accidentellement feu. Prisonniers des flammes, incapables de fuir, leur corps commença à s'enflammer. Sauvés in extremis ils furent immédiatement rapatriés en Floride et restèrent plusieurs mois à l'hôpital pour y subir d'importantes greffes de peau. La presse américaine et italienne s'empara de la tragédie dévoilant des photos sordides de Kitty sur son lit de souffrance, défigurée, la chevelure détruite, le corps à jamais ravagé par les flammes. De quoi allécher les assoiffés de sensationnel. Elle accorda une interview bien des mois plus tard dans laquelle elle raconta le drame, sa douleur, ses interminables minutes durant lesquelles elle se vit bruler vive aux cotés de Steve dont il lui était impossible d'oublier les terribles cris d'agonie.
Malgré la catastrophe, le film put tout de même être terminé malgré l'absence de ses comédiens principaux, les scènes finales ayant déjà été tournées, mais ils durent être remplacés par des doublures pour les plans de dos. Il ne fut cependant distribué que quatre ans plus tard en Espagne. Ce sera l'ultime véritable rôle de Steve Hawkes, qui guéri, se consacrera par la suite à l'élevage de fauves à qui il donnera tout son amour. Il ouvrira sa propre réserve naturelle. Quant à Kitty Swan à jamais défigurée elle se retira définitivement des feux de la rampe et disparut totalement. Nul ne sait aujourd'hui ce qu'il est advenu de l'ex-icône de la jungle.
Sans être un Tarzan inoubliable, beaucoup moins enthousiaste, mouvementé et surtout envoutant que Tarzan en la gruto del oro, mais pouvait on décemment faire un film enjoué après une telle tragédie, Tarzan y el arco iris est un petit film de jungle sympathique, une jolie mais banale bande familiale qui ravira sûrement petits et grands ainsi que les amateurs de ce type de pellicules exotiques. Mais c'est surtout les ultimes images qu'on retiendra tant elles sont puissantes dans leur signification suite au drame qui endeuilla le tournage. Comment ne pas être ému devant le ballet aquatique de Tarzan et Irula nageant tels des poissons, libres, heureux, follement amoureux en sachant l'épouvantable calvaire que vivaient alors les deux comédiens? S'il fallait ne garder qu'une image de Steve et Kitty ce serait sans nul doute celle ci. C'est là toute la magie du cinéma.
Afin d'éviter des problèmes de droits d'auteur Tarzan fut rebaptisé Zan ou Zak selon les versions et les pays, un changement qui avait déjà eu lieu pour le premier film rebaptisé entre autres Zan il re della giunglia.