Una spirale di nebbia
Autres titres: Caresses bourgeoises / A spiral of mist / Une spirale de brume
Real: Eriprando Visconti
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 112mn
Acteurs: Claude Jade, Marc Porel, Duilio del Prete, Carole Chauvet, Stefano Satta Flores, Roberto Posse, Flavio Bucci, Eleonora Giorgi, Anna Bonaiuto, Carlo Puri, Marina Berti, Corrado Gaipa, Elvira Cortese...
Résumé: Lors d'une partie de chasse Valeria, l'incendiaire épouse de Fabrizio, est tuée. Son mari est soupçonné de l'avoir assassiné. Afin d'éviter tout scandale, son beau-père, un haut magistrat, va étouffer l'affaire. Mais cette mort va avoir pourtant de graves conséquences sur cette famille bourgeoise. Chacun va ainsi se rebeller et montrer au grand jour son véritable visage tandis que les frustrations et le mal être existentiel vont exploser jusqu'à l'éclatement irréversible et désespérée de la cellule familiale...
Una spirale di nebbia distribué en France sous le titre Caresses bourgeoises est peut être le film le plus personnel de Eriprando Visconti, le neveu de Lucchino Visconti pour qui il fut un temps assistant avant d'entamer une carrière de cinéaste en 1968 avec Una storia milanese. Après les courageux et outrageusement audacieux La orca et La oedipus orca le réalisateur signait ici une oeuvre froide qui débute comme un thriller, le meurtre d'une femme dont on soupçonne le mari d'être l'assassin, l'enquête policière laissant vite place à une véritable étude humaine de la bourgeoisie, ce milieu social élitaire que le cinéaste a trop souvent fréquenté, à travers l'histoire de deux couples au sein d'une même famille. L'un s'aime trop, l'autre se dissout à force de feindre l'amour qui n'existe pas ou tout simplement plus. La mort de Valeria va faire voler en éclats tout cet univers où chacun va enfin pouvoir se révéler.
Simple catalyseur, cette mort va permettre aux protagonistes de se libérer de leurs carcans et montrer leur vraie face. Du mari aimant faire croire qu'il s'est fait faire un enfant par la domestique pour affirmer une virilité remise en cause et mieux divorcer de son épouse frustrée en passant par le gendre trop épris d'une femme volcanique, Visconti dresse un portrait doux-amer de vies ratées. Il donne une fois encore une vision bien acide de la haute bourgeoisie, son hypocrisie et ses masques, dans ce film nébuleux à l'érotisme insidieux. Peu importe la conclusion et l'identité du meurtrier que Visconti délaisse en laissant planer l'énigme de cette mort, le principal est de faire disparaitre cette nappe de brouillard dans laquelle se sont plongés ces êtres à la dérive.
Visconti met à nu le mal de vivre de l'être humain, ses frustrations, à l'intérieur d'une vie de couple de manière glaciale, détachée jamais cruelle mais bien peu gracieuse à l'image des courbes des protagonistes féminines et des personnages masculins, loin cette fois ci des canons de beauté habituels. Mettre à nu ce mal de vivre c'est aussi mettre à nu ses personnages. En ce sens, Una spirale di nebbia, monté comme souvent chez le réalisateur en flashes-back, est particulièrement osé, caressant par instant les limites du hardcore. Visconti utilise avec force un érotisme souvent poussé notamment lors de la fellation de Marc Porel par la volcanique Carole Chauvet. Le petite histoire voudrait que Carole ait réellement porté le sexe de Marc à la bouche provoquant la fureur de son épouse présente sur le plateau.
Una spirale di nebbia est tout simplement un film sur la mort du couple, de l'âme, du corps, des êtres, un film social sur le mal être existentiel d'une éminente désolation que la très belle photographie grise et hivernale rend encore plus morbide et inquiétant. Il représente tout simplement la quintessence même du cinéma de Eriprando Visconti qui y a rassemblé quasiment tout ce qui a fait son style et sa technique.
On soulignera une magnifique interprétation de la part d'une jolie brochette d'acteurs avec en tête outre Marc Porel dont on pourra enfin admirer la nudité frontale intégrale sous toute les coutures grâce notamment à un génial jeu de miroir et Carole Chauvet, l'excellente Claude Jade, Stefano Satta Flores, Martine Brochard, Eleonora Giorgi dans un personnage particulièrement marginal, Duilio Del Prete et Flavio Bucci.