Gefangen
Autres titres: Sous les verrous / Locked up / Guilty pleasures / In the hole / Einegelocht
Real: Jorg Andreas
Année: 2004
Origine: Allemagne
Genre: Drame
Durée: 96mn
Acteurs: Marcel Schlutt, Mike Sale, Ralph Steel, David Parik, Pedro Sobisch, Ulrike Schirm, Michael Busch, Andreas Bernhardt, Chris Holland, Erik Lenn, Daniel Mitic, Mats Riem, Mike Power, Lorenz Michel...
Résumé: Un jeune voyou, Dennis, est en prison pour fraude à la carte bancaire. Il découvre très vite l'enfer de la vie carcérale, les lois qu régissent le milieu que les caïds ont mis en place. Dennis s'éprend de Mike, un détenu noir américain. Il aimerait découvrir son homosexualité latente avec lui. Commence entre eux une relation passionnée qu'ils doivent garder secrète. Malheureusement un gardien met à jour leur liaison. Les autres prisonniers vont alors lui faire subir les pires sévices jusqu'au jour où Dennis réussit à partager la cellule de Mike. Les deux hommes vont pouvoir enfin s'aimer. C'est alors que Dennis apprend à son grand désespoir sa prochaine libération...
Principalement connu pour son éminent travail chez Cazzo films, une des plus importantes firmes de porno gays allemands, Jörg Andreas a également réalisé quelques films plus accessibles sans pour autant délaisser son principal objectif, illustrer de façon crue mais toujours artistique la sexualité masculine dans ce qu'elle peut parfois avoir de plus violente. Après bon nombre de films X destinés au marché vidéo, de documentaires notamment sur le milieu gay berlinois et les rapports dominants/dominés (l'excellent et très brutal Deep), Andreas a voulu avec Gefangen, devenu en France Sous les verrous, marier la pornographie
avec un cinéma plus traditionnel à travers l'histoire d'un jeune homme qui va découvrir et vivre son homosexualité derrière les barreaux d'une prison. Au premier abord, Gefangen / Sous les verrous, plus qu'une étude sur le milieu carcéral et la sexualité dans les prisons, ressemble à ces films d'exploitation d'antan, plus précisément les W.I.P, les M.I.P devrions nous dire ici ou mieux encore les G.I.P (Gay In Prison), tant Andreas semble insister sur la brutalité, le sordide, l'enfer au quotidien que vivent ces détenus derrière ces murs où la drogue circule aussi facilement que le sperme voyage d'anus en anus sous l'oeil pervers de matons aussi déviants que sadiques. Autant dire que les amateurs de violences sexuelles et
d'humiliations en tout genre seront ravis.
C'est pourtant à une histoire d'amour que nous convie le metteur en scène, celle de Dennis, un petit délinquant condamné à quelques mois de détention pour fraude à la carte bancaire. Jeune et plutôt beau garçon, Dennis va vite être la nouvelle attraction de ses compagnons de cellule qui après l'avoir malmené vont l'obliger à vendre des sachets de drogue pour eux. Si Kevin, un homosexuel héroïnomane surnommé La fente, cible de toutes les humiliations des caïds, semble vouloir se rapprocher de lui, c'est pourtant de Mike, un noir américain, que
Dennis tombe amoureux, un coup de coeur réciproque que les deux hommes vont très vite concrétiser. Si le règlement interdit les relations amoureuses dans l'enceinte de la prison, il existe un autre problème d'ordre racial cette fois. Aucun détenu blanc ne doit approcher un homme de couleur sous peine de représailles. Bravant l'interdit, les deux hommes vivent leur amour en secret et se retrouvent lors des récréations jusqu'au jour où, ayant éveillé la suspicion des gardiens, ils sont pris en flagrant délit. La sentence est sans appel. Après avoir été mis en isolement, Dennis est sauvagement violé dans les douches. C'est l'amour qu'il éprouve pour Mike qui le fera tenir bon. Grâce à l'aide d'un gardien qui fut l'esclave sexuel
de Mike, Dennis parvient à partager la cellule de son amant. Ils peuvent désormais vivre leur amour dans la plus parfaite harmonie. Lorsqu'il apprend sa libération, la vie de Dennis n'a plus aucun sens. Incapable de vivre sans Mike, il commettra l'irréparable afin de pouvoir finir ses jours auprès de son amour.
Tourné dans une véritable prison à l'abandon avec un budget qu'on devine restreint, Gefangen ne trahit pas les ambitions premières de son metteur en scène, la pornographie, la nudité masculine, la complaisance qui va bien entendu de pair avec un certain voyeurisme particulièrement malsain mais O combien réjouissant. Dés la scène d'ouverture, Andreas fait
subir à son jeune protagoniste un strip-tease forcé avec gros plan sur son sexe avant une fouille rectale minutieuse. Les bases sont jetées, nous sommes dans un univers d'hommes avec tout ce que cela comporte et le cinéaste va en tirer profit au maximum tout en jouant sur un homo-érotisme plus proche des images de Tom of Holland que des poétiques gravures de Pierre et Gilles. Andreas profite de la beauté de son jeune héros, le pornocrate Marcel Schlutt, le déshabille dés qu'il le peut, lèche de son objectif sa superbe plastique comme il joue avec les corps de ses divers protagonistes tour à tour lascifs, brutes, tendrement virils ou violemment masculins, met en scène de petits tableaux joliment homo-érotiques que ce
soit lors des scènes d'amour et de tendresse entre Mike et Dennis ou des séquences de viols punitifs et autres abus entre détenus.
Entre pure pornographie et cinéma plus classique, Gefangen oscille sans cesse donnant l'impression que Andreas ne parvient pas réellement à faire un choix. Voilà qui pourra déranger voire en déconcerter certains d'autant plus que l'histoire n'est pas toujours très crédible faute à une intrigue trop peu fouillée, défaut majeur du film. Ainsi de Dennis nous ne saurons pratiquement rien hormis qu'il vit avec sa mère et a été incarcéré suite à une fraude bancaire. Il en va de même de ses compagnons que Andreas n'a pas jugé bon de nous présenter. Il s'agit simplement de caricatures qui jouent leur rôle, d'un coté les caïds,
costauds, sadiques et frustrés, de l'autre les plus faibles, idéalistes et romantiques, victimes idéales. Autour d'eux, des gardiens sans états d'âmes, pervers, parfaits machos ou gay refoulés. Les éléments de base sont en place pour donner vie à un récit routinier qui n'est en fait qu'un prétexte à mettre en parallèle l'initiation aux amours gay d'un jeune homme prêt à franchir le pas, l'amour pur et innocent, et l'enfer de la vie carcérale, les rapports dominants-dominés si chers au cinéaste, les rapports de force, l'amour d'un coté, la frustration de l'autre qu'on évacue à travers le sexe. Sous les verrous pourrait être vu comme un drame socio-carcéral traité par le biais de la pornographie mais dénué d'arrière-plan psychologique, le
film ne fonctionne pas vraiment. On a ainsi bien du mal à éprouver le moindre sentiment pour tous ces hommes, vibrer face aux déconvenues de Dennis, partager ses joies et ses peines. C'est donc détaché qu'on suit Gefangen, un film qu'on regarde non pas vraiment avec son coeur mais plus avec son sexe, la face sombre de sa conscience qui frétillera de bonheur devant l'introduction dans ce que Dennis a de plus intime, filmé entrain d'uriner et même de déféquer, et l'avalanche de sévices sexuels que nous réserve Andreas dont un fist fucking stupéfiant en plein milieu de la cour et une tournante. Le clou du film restera le quadruple viol bestial particulièrement hallucinant de Dennis, transformé en une vulgaire poupée de chair,
filmé avec une rare complaisance, une brutalité inhumaine où on retrouve une fois encore cet amour du réalisateur pour le sadisme et la domination, un amour qu'on retrouvera lors de la seconde scène phare du film, l'humiliation de Kevin. A genoux face à ses tortionnaires, il doit se laisser cracher dans la bouche par les caïds qui défilent devant lui. Lentement les crachats recouvrent son visage, glissent le long de ses joues, remplissent sa bouche. Aussi nauséeuse soit elle du moins pour ceux que les séances d'avilissement rebute, cette séquence tente surtout à montrer le plaisir pris dans la domination mais également celui éprouvé par l'humilié dans ces jeux de perversion puisqu'il s'agit bel et bien ici d'un jeu, d'une
illustration de plus sur ces différentes déviances sexuelles qui font partie des diverses pratiques de soumission.
Si l'interprétation n'est pas toujours très convaincante, plus spécialement celle de Mike Sale, l'amant de Dennis, les comédiens possèdent tous les atouts pour séduire le spectateur à savoir "une gueule", la beauté du taulard, le sacre du muscle, et des membres généreux fortement détaillés. A cette beauté brut de décoffrage s'oppose celle plus délicate de la porn star Marcel Schlutt à qui le film doit beaucoup, petit voyou à la gueule d'ange qui parvient à donner un peu de consistance à son personnage tout en jouant sur une palette d'émotions assez vaste.
Sympathique et honorable tentative de cinéma hybride, Gefangen s'il ne réussit pas à convaincre sur le plan de l'analyse de son difficile sujet reste avant tout une belle histoire d'amour, une tendre romance virile sur fond d'enfer où se mêlent désirs et frustrations. Reste que Gefangen est un bon film, efficace quant à la violence et ses scènes de sexe. Il est certain qu'il satisfera pleinement les amateurs d'exploitation d'hier et de M.I.P, les amoureux de belles plastiques masculines généreusement dotées et les adeptes de sexe brutal et autres perversions déviantes qui comme nous aiment dans leurs jeux intimes marier la sexualité à la violence la plus débridée.
Si Gefangen est sorti dans une version soft de 92 minutes qui n'exclut pas quelques plans d'érection et de masturbation frontale, le film existe aussi en version pornographique, la version originale de 96 minutes, sortie aux USA sous le titre à double sens In the hole et en Allemagne sous le titre Einegelocht. Elle comporte une fin plutôt décevante et trop abrupte sans aucun rapport avec le final de la version soft.