Quand le charme germanique séduit l'Italie: Martin Halm
Seule et unique raison pour laquelle son nom restera à jamais gravé dans les annales du cinéma italien c'est pour sa magistrale prestation du personnage de Ernesto dans le film du même nom réalisé en 1979 par Salvatore Samperi, un adolescent qui découvre son homosexualité dans les bras virils d'un docker fasciné par sa beauté tant et si bien qu'il en tombe fou amoureux. Voilà bien une relation que nous aurions tous voulu vivre blotti au creux de la frêle épaule de ce jeune comédien allemand dont c'était ici la première apparition au grand écran. Tout aussi fascinant coincé dans une histoire d'amour morbide avec un garçon de son âge et sa soeur jumelle, jolie illustration d'une bisexualité destructrice, il continuera encore longtemps à nourrir nos fantasmes les plus secrets. Il aurait été aberrant que ce jeune acteur teuton dont le nom s'ajoute à la déjà longue liste des lolitos italiens n'ait pas sa place dans notre grand musée du rêve. Replongeons nous donc dans l'Italie du début du 19ème siècle, enfilons nos chemises à jabot et découvrons sans plus tarder le parcours du sémillant Martin Halm.
Né le 9 juillet 1961 à Munich, Martin a commencé très jeune sa carrière de comédien puisqu'il n'a que 10 ans lorsqu'il apparait pour la première sur les écrans allemands, un tout petit rôle dans le film de Roland Caemmerer Wie sag ich's meinem Kinde. C'est à la télévision qu'il continuera gentiment son parcours en multipliant les rôles dans des téléfilms et autres séries télévisées. Martin a toujours voulu être acteur, se faire une place au soleil dans le monde artistique. C'est pour que ce rêve se réalise pleinement qu'après avoir fréquenté les écoles d'arts dramatiques de Munich, la fameuse Falckenbergschüle, et de Berlin il décide de partir pour les USA afin d'y poursuivre des études de cinéma mais également de mise en scène. C'est ainsi qu'il s'inscrit à l'UCLA, l'Université du cinéma de Los Angeles, une ville dans laquelle il passera son adolescence.
De retour en Allemagne, c'est à tout juste 17 ans qu'il décroche son premier vrai grand rôle au cinéma grâce à Salvatore Samperi qui le choisit pour incarner Ernesto, l'adolescent
héros du film éponyme tiré du roman de Umberto Saba. Samperi l'avait choisi parmi une foule d'autres acteurs tout simplement pour sa ressemblance avec Saba jeune et Kafka. Il y incarne un jeune garçon issu d'une famille juive qui très attiré par un docker joué par Michele Placido va connaitre ses premières amours homosexuelles avant de découvrir l'hétérosexualité dans les bras d'une putain. Tout se complique lorsque Ernesto fait la connaissance de Ilio, un violoniste de son âge dont il est tombe amoureux. Malheureusement pour lui, Ilio a une soeur jumelle, Rachel, qui ne le laisse pas indifférent. Incapable de choisir entre Ilio et Rachel, il va essayer de les aimer tous les deux au grand désespoir de la jeune fille qui, jalouse, va tout faire pour briser cette relation. Film sur la recherche de son identité sexuelle à un âge où il est souvent difficile de faire la part des choses, Ernesto est une oeuvre magnifique, d'une grande pudeur, toute empreinte d'un romantisme exacerbé qui outre la beauté de ses décors, des costumes et de la mise en
scène, doit beaucoup à l'interprétation tout en justesse de Martin qui irradie l'écran de son charme juvénile, de son regard gris-vert, à la fois tendre et candide, auxquels il sera difficile de ne pas succomber. Visiblement très à l'aise dans cette difficile composition, Martin nous offre quelques séquence d'une grande beauté dont une d'un homo-érotisme explosif lorsque Michele Placido, tendrement enlacé contre lui, baisse avec une infinie douceur ses culottes, découvrant lentement son magnifique derrière.
Ernesto demeure un des rares films italiens à avoir traité de l'homosexualité et permet à ses nombreux admirateurs de retrouver l'ex-lolita du cinéma transalpin, Lara Wendel, elle aussi d'origine allemande, fraichement sortie du sublimissime La maladolescenza, qui
interprète ici le double rôle de Ilio / Rachel, un choix certes étrange mais cependant judicieux puisqu'il sert particulièrement bien le coté androgyne de la jeune actrice. Le film, gros scandale en Italie lors de sa sortie, n'aura pas laissé un excellent souvenir au jeune Martin encore moins à sa petite amie d'alors. Il s'était en effet totalement identifié à son personnage et s'était amouraché de Michele Placido, un coup de coeur amoureux qui revint aux oreilles de sa fiancée. Elle quitta précipitamment Monaco et supplia Michele de ne pas lui voler son petit ami.
Hormis Baruko no gakuen en 2006 Ernesto sera le seul et unique film que tournera Martin pour le grand écran. Dés l'année suivante il orientera définitivement sa carrière vers la télévision. Le jeune comédien va devenir une des vedettes les plus populaires du petit écran outre-Rhin. Sa jeunesse, son charme, son insolente beauté va durant un temps le cantonner dans des rôles de séducteurs, d'amants fougueux et autres play-boys. Il jouera aussi régulièrement des rôles de docteur. En France on a pu le voir notamment dans quelques épisodes de La clinique de la forêt noire, Tatort et Le renard.
Si aujourd'hui encore, Martin poursuit une carrière télévisée toujours aussi fructifiante celui qui fut jadis Ernesto a d'autres cordes à son arc. Il travaille en effet depuis déjà de nombreuses années dans le doublage aux cotés notamment de son frère Florian, lui aussi acteur et comédien doubleur, et Thomas Petruno qui fut son partenaire en 1981 dans la
mini série Der fall Maurizius. Si Martin a souvent travaillé à la radio dont il est une des voix les plus appréciées des auditeurs germaniques, il est aussi les voix allemandes de Robert Downey Jr, Tom Cruise, Emilio Estevez, Michael Paré et Matthew Broderick entre autres. Il post synchronise actuellement la série How I met your mother, il y double le personnage de Ted Mosby, et One piece. Depuis le milieu des années 2000, Martin est également directeur de doublage.
Aujourd'hui connu et reconnu, hautement populaire dans son pays d'origine, Martin, grand sportif devant l'éternel (il pratique la voile, le surf, le ski, le golf et l'équitation) a magnifiquement su gérer son parcours artistique et vit aujourd'hui de son rêve d'enfant. Artiste complet et comblé, il restera cependant à nos yeux de bissophile émérite cet éternel adolescent qui nous hypnotisa et continuera encore longtemps de nous étourdir dans Ernesto.