Kim Milford: l'éclat d'une vie trop courte
Ce n'est pas au cinéma que son nom est le plus souvent rattaché mais aux planches de Broadway où il scintilla de mille feux dés le début des années 70, pétulant, ardent, extraverti. il fut en effet en tête d'affiche de trois des plus célèbres comédies musicales dont The Rocky horror picture show avec laquelle il put donner libre cours à son extravagance naturelle. Acteur chanteur, compositeur, danseur, le regard bleu azur, de longs cheveux blonds accentuant un look androgyne gorgé de sensualité, il restera au cinéma l'interprète d'un petit film indépendant aujourd'hui culte pour beaucoup, Laserblast, avant de disparaitre tragiquement à tout juste 37 ans.
Qui mieux que Kim Milford pouvait donc avoir sa place dans notre petit musée auprès de tant d'autres beautés masculines qui firent et continuent de faire rêver un public tant d'acquis que de conquis.
Né le 7 février 1981 à Glen Ridge dans le New Jersey, frère de l'actrice Penelope Milford et de Doug Milford le copropriétaire des industries Artsystems, Kim Milford de son véritable nom Richard Kim Milford grandit entre les banlieues de Chicago et Winnetka, Illinois. Il fit assez tôt ses premiers pas dans le monde artistique. Il faut dire que le jeune Kim avait tout pour lui notamment la beauté, le charme, la séduction et le goût prononcé pour l'excentricité. Le visage candide, un corps gracile, le regard bleu azur, de très longs cheveux blonds qui renforçaient son coté androgyne, difficile de ne pas tomber amoureux de ce garçon qui venait
tout juste de terminer ses études au lycée de New Trier avant un passage à l'institut des arts de Californie. Cette foudroyante beauté lui valut bien souvent de nombreuses réflexions tant dans le civil que dans son futur métier d'artiste venant essentiellement d'hommes jaloux de sa beauté qualifiée d'aryenne. Il fut même un temps cyniquement surnommé The wet dream. Mais rien ne pouvait entraver la joie de vivre et la jovialité de Kim qui aimait enchainer les plaisanteries dont une qui peut être fut plus ou moins à l'origine de sa carrière. Un soir il sauta en effet tout habillé du balcon d'une discothèque pour atterrir dans la piscine de l'hôtel. Il en ressortit trempé, ses vêtements collés à la peau comme transformés en papier
cellophane laissant transparaitre son corps. Il déambula ainsi affolant les femmes hystériques.
Cette tendance pour l'exhibitionnisme, l'outrance et l'excentricité, ce plaisir à être entouré par la foule, les yeux braqués sur lui, fut très certainement décisif d'autant plus que Kim avait déjà foulé les planches à l'âge de 10 ans. Il n'a que 17 ans lorsqu'il commence à prendre des cours à Broadway chaperonné par Judy Garland et Michael Bennett. Elève doué, très vite remarqué, il joue au théâtre dés 1967 mais il fait surtout partie de la distribution de la fameuse comédie musicale Hair dans lequel il interprète Woof, un personnage repris
quelques années plus tard par Don Dacus qui lui ressemblait étrangement. Il interprétera également le rôle de Claude. Il ne quittera désormais plus Broadway puisqu'en 1971 il est un des principaux interprète de l'opéra rock alors très controversé Jesus Christ superstar dans lequel il joue Jesus puis Judas. Il est également une des vedettes de la comédie musicale rock inspirée du Hamlet de Shakespeare, Rockabye Hamlet.
Mais c'est surtout sa composition en 1975 dans la pièce originale de The rocky horror picture show qui vont faire de Kim une véritable star. Avec cette pièce Kim peut enfin donner libre cours à son goût pour l'extravagance, l'outrance, le mauvais goût. Il est tout simplement extraordinaire aux cotés de Tim Curry qui aujourd'hui encore ne tarit pas d'éloges à son sujet. Curry regrettera fortement que Kim n'ait pas été retenu pour la version cinéma remplacé par Richard Hinwood. Dans The rocky horror picture show le jeune comédien plus outrancier que jamais peut s'adonner à quelques unes de ses passions dont la danse et surtout le chant. Compositeur émérite, chanteur, Kim mènera en effet parallèlement à son métier d'acteur une carrière de chanteur. Il fut à la tête de son propre groupe baptisé Moon avec lequel il enregistra quelques disques dont certains restèrent inédits. Il composa aussi quelques titres pour la bande originale d'une poignée de films et
téléfilms (Ciao Manhattan, Song of the succubus, Rock-A-Die baby / Night of the full moon), est à l'origine de la musique de Salomé, la pièce tirée de l'oeuvre de Oscar Wilde, mais il fut surtout choisit par Jeff Beck pour remplacer Rod Stewart lorsque ce dernier quitta le groupe. S'il ne fut finalement pas retenu malgré l'insistance de Beck, Kim devint cependant quelques temps le chanteur du groupe lorsque Bob Tench s'en alla.
Excentricité rimant souvent avec nudité, Kim pose nu en 1974 pour le magazine Viva au grand dam de sa mère qui fut scandalisée par le cliché en noir et blanc où, quasi animal, Kim apparait particulièrement sexy dans le plus simple appareil. C'est également entièrement nu
qu'il pavane dans The rocky horror picture show, un nu frontal explosif, tout simplement fabuleux.
A la télévision c'est en 1971 qu'il fait ses premiers pas en apparaissant dans la série The mob squad / La nouvelle équipe. S'il sera dés lors au générique de bon nombre de séries dont Mannix, The wide-world of mystery, Sunshine, Les incorruptibles de Chicago, Crime story., The highway man, Sonny spoon... et téléfilms, le thriller fantastique musical Song of the succubus, Rock-A-Die baby, c'est au cinéma que beaucoup vont le découvrir les cheveux certes plus courts mais le visage toujours aussi candide, gracile éphèbe que la caméra des quelques cinéastes avec lesquels il travaillera va lécher, détailler
sensualité presque palpables. Kim envoute, hypnotise. Ses premiers pas au grand écran Kim les fait en 1978 dans ce que beaucoup considèrent comme un des films de science-fiction les plus mauvais de l'histoire du 7ème art, Laserblast / Rayon laser, une production Charles Band réalisée par Michael Rae. Kim y joue un jeune garçon solitaire et persécuté par son entourage qui trouve l'arme laser qu'ont oublié deux extra-terrestres reptiliens au beau milieu du désert. Si les deux aliens vont tenter de récupérer leur arme, celle ci va très vite prendre possession de l'esprit de Kim qui lentement se transforme en monstre tueur traqué par la police. Petit film indépendant fauché, Rayon laser est un des ces produits type
de cinéma Z à la fois mauvais mais tellement séduisant qu'on ne peut le détester. Et Kim y est pour beaucoup également, une partie du métrage torse nu ou la chemise largement ouverte sur un jean pattes d'éph' qui met en avant sa douce virilité teintée d'un viole d'homo-érotisme déguisé. Sorti dans la foulée de Star wars Rayon laser a le charme de ces petites séries américaines fabriquées à partir de bric et de broc dont on se souvient pour quelques scènes, une certaine atmosphère ou tout simplement quelques effets spéciaux basiques, ici la fameuse arme laser et surtout les deux extra-terrestres sorte d'hybride entre le lézard, la
tortue et le dinosaure!
Ironie du sort, Kim tournera la même année aux cotés d'un très séduisant et fringant Mark Hamill, tout juste sorti de la peau de Luke Skywalker, une comédie d'aventures signée Matthew Robbins, Corvette summer dans lequel il affronte justement Mark, un étudiant à qui on a volé sa belle corvette rouge. Toujours en 1978 il est à l'affiche de Bloodbrothers / Les chaines de sang avec Richard Gere et Tony Lo Bianco pour un petit rôle d'appoint cette fois. Entre 1986 et 1988 il est au générique de trois petits films inédits en France, deux de science-fiction Wired to kill de Francis Schaeffer et Nightmare at noon du grec Nico Mastorakis, et un film d'aventures Escape de Richard Styles. Ce sera malheureusement
son ultime film puisque le destin va subitement s'abattre sur lui. Au printemps 88 Kim, malade, doit en effet subir une délicate opération à coeur ouvert. Il n'y survivra pas. Il mourra quelques semaines plus tard le 16 juin à Chicago suite à un arrêt cardiaque à tout juste 37 ans. Kim ne s'était jamais remis de son opération.
Amoureux des chiens, acharné de travail, professionnel jusqu'au bout des ongles Kim aimait la vie et ses excès, le sexe, la drogue et tout ce qui accompagne en règle générale la notoriété, la gloire. Celle qui fut sa plus proche amie, son amour, affirme que Kim n'est pas mort des complications de son opération mais de son amour pour la vie.
Pour tout ceux qui ont connu Kim, tout ceux qui ont eu la chance et le bonheur de travailler à ses cotés il continuera à ployer sous leurs éloges et restera ce garçon exceptionnel, professionnel, prêt à combattre tous les maux pour continuer de jouer, un garçon au charme ravageur, pétillant, qui aimait croquer (un peu trop) la vie à pleines dents, un garçon de coeur dont le coeur en a décidé autrement.