Sexy magico
Autres titres: Sexi magico / Furia du désir
Real: Luigi Scattini / Mina Loy
Année: 1963
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 85mn
Acteurs: Nico Rienzi, Giodo Castaldo (Narrateurs)
Résumé: Le réalisateur nous invite à un de l'Afrique noire, dans les principaux pays du continent, afin de nous faire découvrir les rites sexuels souvent étranges de quelques tribus indigènes. Chacun de ses rituel est mis en parallèle avec certaines de nos habitudes occidentales et de nombreux numéros de strip-tease parfois étonnants...
Producteur, scénariste, metteur en scène, Guglielmo Loy Dona plus connu sous le nom de Mino Loy fut au début des années 60 un des premiers à suivre les traces de Gualtiero Jacopetti, alors tout fier du succès inattendu remporté par Mondo cane, en réalisant toute une série de pseudo documentaires dont la femme, la sexualité et ses tabous allaient être le fil conducteur. C'est ainsi qu'il tourna quasiment à la chaine Notti e donne proibite, Novanta notti per il giro del mondo, Supersexy 64 et Veneri proibite, quatre mondo qui n'étaient en fait qu'une compilation de plusieurs numéro de strip-teases filmés à travers le monde. En 1963, il s'acoquine à Luigi Scattini, futur responsable de quelques mondo dont L'amour primitif, Suède enfer et paradis et l'incontournable Angeli bianchi angeli neri, et met en
scène Sexy magico également connu sous le titre assez prometteur de Furia du désir. Rien de bien magique ici encore moins de furieux, Sexy magico est un mélange très drôle droit sorti d'un autre âge de sexy mondo et de mondo africain, les deux grandes tendances du moment. Loy s'est amusé durant 90 minutes à mettre en parallèle les similarités entre les rites sexuels souvent étranges des peuples africains dits primitifs et de nos séances de strip-teases bien européens, nos contrées civilisées à travers notamment les performances d'artistes tels que Black Eva et Tartara Wong.
Autant dire que Sexy magico paraitra aujourd'hui bien démodé et fera le plus souvent rire à gorge déployée même si on tente de se remettre dans le contexte d'époque où l'effeuillage publique était objet de scandale dans une société certes moderne mais encore très prude. Chaque numéro est donc comparé à un rituel sexuel africain précis joliment commenté par Nico Rienzi et Giodo Castaldo. Si Loy nous fait ainsi visiter la quasi totalité de l'Afrique noire en quête de sensations fortes, il va sans dire que 99% des rituels sont mis en scène et joués par de (mauvais) comédiens. On reste souvent pantois face à tant de naïveté et d'imbécilités mais la totale hypocrisie du film et le profond racisme qu'il véhicule tant
via les images que les commentaires sidérants des narrateurs en font soudainement un véritable petit bijou de cynisme, parfait reflet de ce que fut autrefois ce sous genre fortement décrié du cinéma d'exploitation. Non seulement Loy nous présente le peuple noir comme primitif mais également particulièrement idiot (A Brazzaville, capitale du Congo, on considère la télévision comme un instrument de sorcellerie, d'autant plus fou que les enfants qui la regardent découvrent des caniches dressés habillés en humain entrain de marcher comme des humains, une trompette dans la gueule. Quand les blancs font de la magie noire!!!), mentalement sous développé et bien entendu barbare. La partie africaine est en ce sens la
plus intéressante et ne diffère en aucun point des mondos ethnologiques déjà existants ou qui allaient être sur le point de voir le jour. Le continent noir étant la terre de la magie, on assiste donc à quelques pratiques magiques surprenantes mais fort basiques en définitive: une tribu pend par les pieds un homme accusé d'assassinat et le font se balancer tel un pendule afin de découvrir s'il est innocent ou coupable, s'il s'arrête de se balancer il est coupable, un sorcier exorcise (hors champs) une femme stérile afin qu'elle retrouve sa fertilité, son époux devant faire les cents pas devant sa case, une cloche accrochée au cou, la femme doit impérativement être jeune et jolie nous dit-on. Doit on sous entendre que les autres sont interdites de procréation?
Comme tout mondo qui se respecte, Sexy magico contient bien entendu quelques scènes de massacres d'animaux qui une fois encore vont faire hurler les plus sensibles mais satisfaire tous les amateurs du genre. Un veau est égorgé vivant, son sang récupéré et bu par de jeunes guerriers Masaï afin qu'ils deviennent forts et féroces, une chèvre est elle aussi égorgée vivante pour mieux lui arracher le coeur qui sera mangé par un jeune garçon accusé de viol. Si le coeur de la chèvre est pur, il survivra, s'il est empoisonné, il mourra... ou le terrible jeu de la roulette africaine.
Sont également au programme une circoncision et une excision, une pratique nous dit on terrible mais qui évite aux femmes de connaitre les plaisirs de l'amour et donc d'être... déçues! Epoque oblige, les opérations chirurgicales sont suggérées, loin est encore le temps où les frères Castiglioni filmeront à la chaine des circoncisions sanglantes et barbares pratiquées au rasoir dans une cacophonie de hurlements pour les besoins de Shocking Africa, Loy préférant suivre une jeune noire venue habiter le monde civilisé se promener le long de la mer, le regard triste à l'idée que son mari ne pourra jamais lui faire découvrir les joies de la sexualité, un véritable drame sur fond de violons et de musique romantique digne d'un roman-photo.
Mais le peuple noir est cependant un peuple heureux, primitif, barbare, idiot mais heureux. L'africain ne cesse de danser, de se peindre la peau de mille couleurs chatoyantes, une occasion pour Loy de filmer furtivement cette fois quelques pénis se balançant furieusement au rythme des tam-tam lors de danses tribales frénétiques. Il faudra là encore attendre les Castiglioni pour profiter de ces sexes avantageux bouger en tous sens au son de la musique.
La jeunesse africaine quant à elle après avoir récolté les bananes, car nous apprend-on ce sont grâce aux africains qu'on mange des bananes en Italie, part s'amuser et danser le twist dans les bals locaux. Encore plus inattendu est le fait qu'au Congo belge les noirs dansent aux cotés des blancs dans des guinguettes de luxe. Rarement a t-on vu plus tolérant que le peuple belge déclare alors le narrateur.
Qui dit peuple primitif dit nudité. La femme noire aime vivre nue comme vivaient ses ancêtres et se montrer aux touristes en tenue d'Eve qui bien entendu paient le spectacle, nue mais pas sotte! On paie bien nous européens pour aller dans un cabaret de strip-tease! Cela n'empêche pas certaines d'entre elles d'entrer dans l'armée, de marcher au pas et tenter d'être l'égal des hommes en force et en taille, prouvant ainsi leur tempérament de guerrière. En Europe, la femme blanche préfère largement jouer un rôle de composition sur scène, celle par exemple d'une redoutable chasseresse tuant une fausse panthère prête à dévorer un chasseur qui la récompensera en lui faisant l'amour!
Signe que les temps se modernisent en Afrique, la femme noire travaille aux champs mais elle peut aussi être désormais hôtesse de l'air, secrétaire ou même faire des études universitaires. Un miracle!
La conclusion est un véritable feu d'artifice verbal. Loy conclue son film en braquant sa caméra sur trois indigènes, trois beautés noires précise le narrateur, entrain de se laver sous une cascade d'eau cristalline.Voilà toute la magie de l'Afrique, terre de tous les secrets, berceau de l'humanité, et quoi de mieux que trois femmes propres pour rendre hommage à notre Terre. Tout passe par la propreté!
Sexy magico, entre deux danses du ventre et trois numéros de strip-tease fort sages mais toujours très beaux visuellement, est un parfait exemple de ces sexy mondo du début des années 60, totalement désuets aujourd'hui, complètement fabriqués par des réalisateurs qui ne reculaient devant aucune hypocrisie, bien impensables aujourd'hui de par les propos
tenus en toute quiétude. Tellement absurde qu'il en devient jubilatoire, si factice qu'il en est vite hilarant, si méchamment cynique qu'il en donne des frissons de plaisir coupable, Sexy magico fait partie de ces mondo italiens surgis d'un autre temps qui aujourd'hui paraitront bien vieillots et totalement démodés. Il faut le voir comme une curiosité d'époque qui prévaut essentiellement pour ses numéros d'effeuillage très audacieux pour ce début d'années 60, un joli reportage coquin sur les stars du strip-tease d'alors et sa partie africaine, sidérante de cynisme, qui ravira les amateurs. Mais les images ne sont rien comparées aux commentaires, très certainement parmi les plus incroyables jamais narrés dans le genre. Quand les paroles se font chef d'oeuvre!
Invisible depuis plusieurs décennies, le film de Mino Loy ainsi devenu une véritable rareté est enfin réapparu il y a quelques temps grâce à une magnifique édition DVD italienne pour notre plus grand bonheur... et celui des collectionneurs de trésors perdus.