Maniaco Deprebis

La collection de polars à la française de Gérard De Villiers a par deux fois été transposée à l'écran à la fin des années 70 à travers deux films particulièrement complaisants qui donnaient plus dans l'exploitation pure que dans l'information, à savoir le violent Brigade mondaine et La secte de Marrakech. International prostitution parfois agrémenté du titre alternatif Brigade criminelle même s'il n'a cette fois aucun rapport avec l'auteur pourrait cependant former avec les deux autres films précités une sorte de triptyque érotique dont le but serait de dénoncer les vices de notre société à travers des sujets fort tels que le sexe, la prostitution, la traite des blanches et la drogue.

Une jeune prostituée, Tina, est accidentellement tuée par son souteneur, l'italien Tony Marcone, après qu'elle ait refusé de se donner à un client. Paniqué, il s'enfuit et se réfugie à Amsterdam. Philippe Dega, un jeune flic de la brigade criminelle, le pourchasse. Le proxénète s'envole alors pour Hong Kong. Philippe parvient à l'arrêter mais Tony après l'avoir drogué, s'échappe. Le policier se rend alors en Thaïlande où vit Tazzi, la soeur de Tina. Ensemble ils vont tenter de retrouver Tony qui par amour pour Philippe quitte son salon de massage. Afin de pouvoir retrouver Tony, ils se joignent au chef de la pègre locale, Wai Tchung. Ce dernier veut en échange épouser Tazzi. L'honneur de la jeune fille est jouée aux cartes. Tchung perd et doit laisser s'en aller Tazzi. Les deux amants réussissent enfin à mettre la main sur le souteneur qu'ils ramènent à Paris.

Loin d'être un documentaire sur les investigations de la brigade criminelle International prostitution est un produit d'exploitation racoleur destiné à assouvir le coté voyeur du spectateur. A partir d'un crime commis accidentellement par un proxénète jovial et cabotin, Sergio Gobbi dissimulé sous le pseudonyme de Elie Blorovich nous offre une petite série principalement érotique qui nous balade de Amsterdam à Hong Kong en passant par la Thaïlande, un joli voyage propice à nous faire découvrir la face cachée de ces pays enchanteurs, ou plus exactement le vice qui y règne. La visite touristique s'arrête donc aux tripots, aux boites de nuit, aux clubs de strip-tease et autres bars à hôtesses, aux salons de

massage, aux écoles de sexe... un bien beau prétexte pour Gobbi d'aligner toute une série de scènes érotiques assez osées qui sans jamais atteindre le hardcore en caresse les limites. L'histoire d'amour elle même entre la belle asiatique et le jeune flic ne sert qu'à alimenter ce contexte faussement pornographique tout en nous faisant découvrir les secrets de l'érotisme oriental. C'est bien entendu au second plan que passe l'enquête et la chasse de notre jeune policier en jeans beaucoup plus alerte et habile sous une couette ou une baignoire que dans la chasse aux malfrats. Sa maladresse à la limite de l'amateurisme donne lieu à quelques

scènes très drôles telle celle où, menotté aux poignet du souteneur, il se retrouve au lit avec lui, chacun d'eux prenant du plaisir avec leur putain respective... ou comment se retrouver involontairement mais pour le bonheur de tous au coeur d'une joyeuse partouze. Très amusante aussi cette école où des jeunes filles de 13 ans apprennent à être des catins modèle avec cours pratique à l'appui ou ce wagon désaffecté transformé en lupanar où les clients choisissent à la carte les services selon leurs désirs du moment, le baiser étant le mets le plus cher. Pour les plus pervers on a même droit à une petite touche de zoophilie

canine malheureusement suggérée lors d'un numéro de cabaret après une petite mise en bouche où une fille de joie se verse de la cire chaude sur le vagin lors d'une danse érotique salace à la lumière de bougies.
Pas un seul instant crédible International prostitution n'est qu'un simple film de sexploitation parfaitement divertissant et totalement hypocrite qui n'a d'autre ambition que de satisfaire un certain public qui n'a que faire du coté social ou dénonciateur du propos, un peu comme le touriste qui venu en Thaïlande n'a qu'une seule envie, non pas découvrir le coté culturel et historique de la ville mais son attrait sexuel en tout genre. Le film de Gobbi est un agréable moment, correctement filmé et photographié, sans temps mort qui de surcroit nous offre en

bonus le couple mythique du cinéma de genre italien, Laura Gemser et Gabriele Tinti. Gabriele, enthousiaste et malicieux, est un souteneur au grand coeur plein de ressources tandis que Laura, divine, illumine par sa beauté l'ensemble du film tout en lui donnant un faux air des aventures de notre légendaire Black Emanuelle. Le film aurait tout à fait pu s'appeler Black Emanuelle en Thaïlande sans que cela n'affecte en rien l'intrigue. Ses nombreux admirateurs seront donc ravis de sa présence qui donne à International prostitution un coté très italien. Plus curieux est le choix de Jean-Louis Broust dans le rôle du jeune flic

décontracté. On peut en effet se demander comment cet acteur habitué aux grandes, très grandes séries télévisées, a pu se retrouver dans un telle oeuvre qui fut une de ses rares apparitions au grand écran. Peu importe, on appréciera de toutes façons ses scènes de nu, certes convenables mais cependant pimentées, aux cotés ou non de Laura.
Tout à fait ludique, International prostitution est une gentille distraction tout à fait inoffensive, une petite production française exploitative labellisée mi luxe à déguster gentiment avant de se laisser aller devant Brigade mondaine et La secte de Marrakech.