Maniaco Deprebis

Alors qu'en Italie le cinéma de genre et plus particulièrement l'érotisme est en plein déclin, certaines comédiennes n'ont guère d'autre choix que de s'exiler en Grèce où ce style de films ne connait aucune régression, bien au contraire. Méconnu en France, le cinéma d'exploitation grec a toujours été d'une étonnante richesse, il n'est donc pas très étonnant que ces actrices aient été débauchées par quelques uns des réalisateurs les plus en vue dont le prolifique Ilias Mylonakos à qui on doit parmi ses plus connus l'étonnant et malsain Secrets érotiques d'Emanuelle et ses relents pédophiles, Love lust and ecstasy, Minettes en chaleur, Adorable et sensuelle Nathalie et ce drame érotique léger plus connu sous son titre international Erotic passion.

L'un des principaux intérêt du film est d'avoir en tête d'affiche deux des plus remarquables sexy stars d'alors, Ajita Wilson d'une part qui si elle n'a jamais eu la reconnaissance du public italien a toujours joui du statut de véritable diva en Grèce et en Turquie, d'autre part Femi Benussi, une des ex-reines incontestées de la sexy comédie transalpine dont ce fut l'ultime véritable apparition au cinéma si on excepte sa participation à titre gracieux dans le rarissime Corpi nudi de Amasi Damiani. Voilà peut être le plus triste ici, voir Femi en fin de parcours après maints petits rôles dans des films d'exploitation alimentaires mineurs contrainte de s'envoler pour la Grèce afin de pouvoir continuer une carrière érotique moribonde. Elle est ici une tante quadragénaire nymphomane dont la principale fonction est de coucher avec tous les hommes qui croisent son chemin, du médecin de famille grisonnant au jeune jardinier, lors de séquences particulièrement osées. Femi est toujours aussi resplendissante et désirable mais la voir réduite à ce type de produit érotico-porno fait peine d'autant plus que Erotic passion est loin d'être passionnant.

Mylonakos joue la carte de l'érotisme morbide en mettant en scène une adolescente, Della, qui depuis la mort de ses parents est élevée par sa tante qu'elle déteste et jalouse. Elle aime lui voler ses amants jusqu'au jour où une dispute éclate entre elles. Della fugue et trouve refuge dans la maison côtière d'une amie. Elle fait connaissance avec les nouveaux propriétaires, Harris et Samantha. Elle a très vite une aventure avec Harris ce qui ne plait guère à Samantha. C'est alors que Della apprend que Harris est recherché par la police pour avoir tué son partenaire en affaires. Elle voit là une occasion de mettre en place un plan machiavélique pour se débarrasser de sa tante. Elle demande au couple de l'assassiner. En retour elle ne les dénoncera pas à la police et leur promet une jolie somme d'argent pour quitter le pays.

Ainsi résumé le scénario est intéressant, le résultat à l'écran est tout autre. Mylonakos aurait il oublié qu'il avait une intrigue à développer? La réponse semble être évidente puisqu'il délaisse toute la partie policière, tout suspens, au détriment de très longues scènes érotiques qui caressent parfois les limites du hardcore. Cela est d'autant plus gênant qu'il n'y a ni logique ni cohérence dans cette histoire abracadabrante dont le final laissera pantois tant il est idiot et particulièrement bâclé. La morale sera tout de même sauve, le vice ne triomphe jamais. Erotic passion ressemble par instant à un quelconque soap opera très coquin dont on aurait poussé l'érotisme et les aventures amoureuses à l'extrême tout en arrosant le tout d'un comique bien involontaire qui provient de l'absurdité de certaines séquences ou situations. C'est pour dire qu'on risquerait de s'ennuyer ferme à la vision du film si on ne laissait pas d'une part bercer par les magnifiques décors maritimes grecs,

d'autre part si on ne se prenait pas à rêver face à la présence de Ajita, magnifique, et Femi, radieuse. Leurs admirateurs respectifs seront en effet aux anges, quoi de plus naturels au pays des Dieux, face à leurs prouesses érotiques. Ajita qui avait déjà tourné plusieurs fois pour Mylonakos, est tout simplement divine. C'est à elle que revient, mais est ce étonnant, les scènes les plus audacieuses dont une mini fellation. Quant à Femi le cinéaste la déshabille aussi souvent qu'il peut, le plus souvent de manière totalement gratuite. On retiendra surtout une très brève scène de masturbation frontale assez téméraire même si elle garde sa culotte bien transparente. On regrettera surtout le choix de Monica Nickel, sexy starlette bien anodine entraperçue dans une dizaine de petits films de pure exploitation, aussi inexpressive qu'un monolithe, dans la peau de l'adolescente. Bien peu farouche,

impudique, désinvolte, malgré quelques ébats passionnés explicites, elle n'a malheureusement à son registre d'actrice que quelques mimiques répétitives vite agaçantes. Voilà qui n'est pas fait pour donner à l'ensemble ce qui lui fait tant défaut: la crédibilité. On ne restera par contre pas de marbre devant la beauté très méditerranéenne de Dimitris Tsaftaridis dont on aurait voulu apprécier encore plus la nudité intégrale frontale même si lors d'une trop rapide fellation vite esquissée et du long final sur fond de coucher de soleil on aura tout de même pu en profiter quelque peu.
Erotic passion est une simple petite série érotique au charme exotique certain mais beaucoup trop ennuyeuse pour réellement retenir l'attention, délaissant beaucoup trop l'aspect morbide et pervers d'une intrigue embryonnaire qui fit la gloire jadis de ce type de films. Vide mais esthétiquement fort joli, Erotic passion est tout bêtement un simple petit passe-temps érotique basique.