Eroticofollia
Autres titres: Malocchio / The evil eye
Real: Mario Siciliano
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Fantastique
Durée: 88mn
Acteurs: Jorge Rivero, Luis De Lorre, Richard Conte, Pilar Velasquez, Antonio De Teffé, Eduardo Fajardo, Daniela Giordano, Luciano Pigozzi, Pia Giancaro, Lone Fleming, Eva Vanicek...
Résumé: Peter, un jeune et riche play boy, fait d'étranges cauchemars dans lesquels il voit une secte satanique pratiquer des messes noires. S'il s'en inquiète, il est encore plus préoccupé par ses pertes de mémoires. Sous l'emprise d'une mystérieuse force, il commet en effet d'horribles meurtres dont il ne se souvient pas à son réveil. Lorsqu'une jeune française le contacte après que son mari défunt lui est apparu pour lui dire que Peter l'assassinerait, ce dernier ne veut pas la croire. Pourtant il va la tuer lors d'un rendez-vous. Horreur et paranormal vont alors s'emparer de la vie de Peter en proie aux forces occultes. Mais le paranormal est il responsable des actes de Peter ou est il victime d'une sombre machination? A moins que la vérité ne se cache ailleurs...
Réalisateur touche à tout qui oeuvra aussi bien dans le western que le film de guerre avant de finir sa carrière dans des comédies érotiques et le hardcore pur et dur (Sesso allegro, Orgasmo esotico, Orgasmo non stop ou La zia svedese), Mario Siciliano réalise en 1976 Eroticofollia connu également sous le titre Malocchio peut être beaucoup mieux adapté au contenu du film. En effet, au grand dam de certains, il n'y a ici ni érotisme ni folie encore moins de folies érotiques puisque Eroticofollia se rapproche plus du thriller mâtiné d'horreur voire du giallo agrémenté d'un zeste de satanisme et de paranormal.
Coproduction italo-hispanique, le film de Siciliano est un étrange mélange de beaucoup de genres qui le rend assez difficile à classer. Le film s'ouvre sur une séquence de satanisme par le biais d'une secte fort bizarre qui semble hanter le héros, un riche et jeune bellâtre, pour s'orienter progressivement vers le giallo puis le film d'horreur et même fantastique tout en y mêlant d'autres thèmes tels que la télékinésie et l'occultisme. S'ensuit un film assez complexe, pas toujours très clair qui très vite donne l'impression que son réalisateur ne sait guère dans quel sens avancer jusqu'à cette conclusion d'une facilité aussi décevante que frustrante.
Dés les premières images Siciliano nous plonge dans un univers démoniaque lors d'une sorte de sabbat dont Peter, le héros, serait la malheureuse victime. Ceci va vite se révéler n'être qu'un vilain cauchemar qu'il semble faire de façon régulière. Si on songe alors à une forme de possession de l'esprit, Siciliano nous entraine alors sur une autre piste, celle du complot. Riche héritier, Peter a tout pour faire des envieux dans son entourage qui aurait de bonnes raisons de le faire graduellement sombrer dans la folie. C'est alors que les choses se compliquent puisque mû par une force démoniaque, Peter commet de terribles meurtres dont il ne se souvient pas alors que d'étranges phénomènes psychokinétiques se produisent. On pense alors et c'est semble t-il l'orientation pour laquelle le réalisateur a opté que notre pauvre Peter a été drogué à son insu et agit sous l'emprise de stupéfiants. Peut être Siciliano a t-il voulu
en faire trop. Quoiqu'il en soit il semble se perdre lui même dans son histoire. A bout d'idées pour s'en sortir il va avoir recours à cette fin ridicule et O combien décevante, celle du simple rêve après une nuit de débauche.
Tout aussi déplorable est le fait que Siciliano oublie en cours de route certains faits. Ainsi ne parlera t-on plus jamais du couple assassiné par Peter. Comment expliquer également qu'une victime étranglée par le jeune homme se retrouve la gorge tranchée une fois à la morgue à moins que certaines scènes n'aient été coupées lors du montage final. On regrettera enfin un érotisme trop sobre et la quasi absence de scènes sanglantes tandis que les crises de possession de Peter se traduisent quant à elles inlassablement par un gros plan sur son regard noir tandis qu'il crispe la mâchoire et serre les poings avant d'attaquer ses proies. Un peu trop simpliste et surtout bien peu effrayant.
Si on excepte cette conclusion et ce bric à broc d'idées qui foisonnent en tout sens, Siciliano ayant semble t-il voulu voguer sur bien des genres alors à la mode mais également sur le succès de L'Exorciste, Erotocofollia n'est pas pour autant un mauvais film. Il regorge en effet de bonnes choses et parvient par instant à créer une véritable atmosphère. Ainsi la séquence d'ouverture devrait en ravir plus d'un. Une étrange secte présidée par un grand prêtre masqué et tout de rouge vêtu s'adonne à des messes noires lors desquelles des hommes et des femmes nus se mouvant dans d'étranges pentacles cernés de bougies hurlent et grimacent de manière diabolique.
Tout au long du film, Siciliano réussit à entretenir ce mystère, cet étrange climat en utilisant les grosses ficelles du genre et cela fonctionne. Le paranormal est présent tout au long du métrage parfois par simples touches toujours efficaces. C'est le principal atout du film qui sans aucun doute maintient l'attention du spectateur jusqu'au coup de théâtre final durant lequel on se demandera quelle force surnaturelle ou non a bien pu prendre possession de Peter.
Ajoutons à cela une interprétation des plus correctes, une très belle photographie et une partition musicale signée Stelvio Cipriani et nous voilà face à une oeuvre baroque fortement estampillée années 70 esthétiquement superbe souvent fascinante et surtout déconcertante qui mérite l'attention de l'amateur malgré sa totale incohérence.
Dans le rôle de Peter, on reconnaitra un de ceux qui fut dans les années 70 un des sex symbols du cinéma hispanique, le puissant Jorge Rivero dont on admirera ici le torse glabre et viril superbement bien mis en valeur par Siciliano. Il devrait en étourdir plus d'un tout comme le regard de diamant de Luis La Torre, bellâtre issu du roman-photo habitué aux personnages de second plan repéré notamment dans Le décameron 3, Istantanea per un delitto, Come cani arrabbiati et Dossiers roses de la prostitution, dont on appréciera également un très beau nu dorsal.
A ce duo de charme particulièrement masculin s'ajoutent une distribution de qualité puisqu'on note la présence de Richard Conte, Antonio De Teffé, Eduardo Fajardo et Luciano Pigozzi. Daniela Giordano qui avait précédemment tourné pour Siciliano dans Depêche toi Sartana je m'apelle Trinita, Pia Giancaro et Pilar Velasquez qui dévoile ici timidement un sein complètent cette alléchante affiche.
Eroticofollia fait définitivement partie de ces films qui bien après leur vision laisse au spectateur une impression étrange, intrigante presque savoureuse. C'est peut être là tout le mérite de ce film qui est certainement l'oeuvre la plus intéressante parmi la filmographie du réalisateur.