Dead boyz can't fly
Autres titres: L'Amérique éclatée / Violenti e perversi / Garatos mortos nao podem voar
Real: Cecil Howard
Année: 1988
Origine: USA
Genre: Thriller
Durée: 102mn
Acteurs: Brad Friedman, Jason Stein, David John, Daniel J. Johnston, Ruth Collins, Sheila Kennedy, Judith Cummings, Daniel C. Mahar, Marc McCauley, Kurt Sinclair, Jeanne Marie Beckman, Jacqueline Price, Ginger Christie, David Howard, Delia Shepard...,
Résumé: Buzz, un adolescent de 17 ans, présente ses dessins à un employeur qui les lui refuse et se moque de lui. Le soir, Buzz viole et massacre sa nouvelle secrétaire, un sosie de Marylin Monroe. Le lendemain, accompagné de Jojo et Goose, un punk dégénéré, junkie, travesti et psychopathe, traumatisé par une mère bigote qu'il hait il se rend dans le building où travaille l'homme qui l'a congédié afin d'effrayer les employés. L'expédition punitive se transforme très vite en un véritable carnage, un insoutenable massacre d'une incroyable barbarie...
Originellement intitulé Neon red at Brooklyn and Manhattan, Dead boys can't fly est une sorte d'OVNI dans le ciel du cinéma indépendant américain de la fin des années 80, une oeuvre d'une violence et d'une gratuité aujourd'hui impensable qui risque d'en mettre plus d'un mal à l'aise.
Venu du cinéma hardcore, Cecil Howard, acteur-scénariste-metteur en scène-producteur et créateur de jeux vidéo, nous entraine dans l'univers déjanté de Goose, un punk psychopathe travesti, traumatisé par une mère bigote, dont un des amis s'est vu méchamment refuser un emploi dans un building high tech. Afin d'effrayer ceux qui ont raillé son ami, il organise une expédition punitive dans cet immeuble. Pris dans un tourbillon de furie meurtrière, c'est à un jeu de massacre qui se terminera dans un effroyable bain de sang auquel Goose et ses deux acolytes vont s'adonner.
Et le terme massacre est ici encore bien faible face à ce déchainement de fureur explosive et de violence animale non stop qui déferle sur notre écran. Rarement aura t-on vu en effet un tel carnage et les amateurs de bestialité humaine devraient ici trouver de quoi satisfaire leurs bas instincts.
Dead boyz can't fly (et le z de boyz trouve toute son explication dans le film), réalisé en 1988 mais tardivement sorti en vidéo en 1992, est en fait une vision corrosive et particulièrement destructrice de l'Amérique que Howard s'amuse à détruire en utilisant tout ce qui peut en être une représentation ou un simple symbole. Outre le fait que le film se déroule le jour du Memorial day il brise le mythe Marylin Monroe en agressant, violant et tranchant la gorge de son sosie. Un des voyous porte le masque de Jason, la mère de Goose est une bigote rétrograde toute droite sortie de Carrie. La jeunesse de Howard sont trois punks sans foi ni loi dont le leader est un travesti traumatisé par une mère qui aurait toujours voulu avoir une fille. Il a avec le temps nourri une haine féroce contre la gente féminine et l'espèce humaine en général, un dégénéré qui n'a plus aucune conscience, une bête aussi aveugle que déchainée.
Les femmes sont toutes décrites comme des êtres futiles, de véritables idiotes tandis que les hommes sont soit des pleutres ou des goujats. Rien ni personne ne trouve grâce aux yeux du réalisateur qui évoque même le spectre du Vietnam à travers le personnage du concierge alcoolique qui deviendra un temps une sorte de anti-héros que Howard va faire torturer par sa bande de fous furieux. Il crache son venin sur tous ces ronds de cuir qui forme notre société en les réduisant en charpie tout en multipliant les excès les plus sanguinolents. Les femmes sont sans exception sauvagement violées, battues, rossées à coups de poings, tuées, les balles explosent les cervelles, les couteaux tranchent les gorges, les détergents décapent les visages, les corps humains ne sont plus que des poupées de chair flasque qui nagent dans leur sang. Pendaison, défenestration, sont également à l'honneur alors qu'un dentiste se fait arracher la bouche à grands coups de roulette. Les cris et hurlements se mêlent à la bande son composée de morceaux de hard rock et d'airs aux accents plus synthétiques.
Rien ne justifie les actes barbares de ces trois voyous qui ne se donnent plus aucune limite dans leur folie ce qui rend encore plus inexcusable et surtout insoutenable leur comportement. A leur tête , Goose, tout de cuir noir vêtu, le visage crayeux et les yeux charbonneux, sorte de zombi électrifié, shooté, survolté, travesti en fille, un personnage ambigu à la sexualité particulièrement trouble qui n'a plus en lui une seule once d'humanité. Rarement avait on vu alors à l'écran un être aussi terrifiant. A ses cotés, Jojo le pleutre et Buzz, l'homme au yoyo, un adolescent de 17 ans tout aussi cruel qui suit aveuglément Goose dans sa violence et sa cruauté. A eux seuls ils forment un trio inoubliable qui va faire monter crescendo ce raz de marée de barbarie dans un climat d'hystérie assez surprenant.
Présenté comme le Orange mécanique des années 90, Dead boyz can't fly n'a pourtant que peu de rapport avec le film de Kubrick si ce n'est ces trois adolescents nourris à l'ultra violence et portant par instant des battes de base-ball avec lesquelles ils brisent des poupées et la critique féroce de cette société américaine portée par la violence et la criminalité qui chaque jour augmente.
L'interprétation totalement hystérique est exceptionnellement bonne, même étonnante pour des acteurs pour la plupart non professionnels, une palme d'honneur à l'incroyable Brad Friedman qui incarne Goose avec une sauvagerie presque naturelle suivi parJason Stein dans la peau de Buzz. Le jeu de Friedman devrait en faire frémir plus d'un, véritable machine à tuer que plus rien n'arrête. S'il a peu tourné par la suite, Friedman est aujourd'hui non seulement un comédien de théâtre qui prête sa voix à de nombreux jeux vidéos et films d'animation, un documentariste réputé et surtout un journaliste et critique féroce reconnu très actif dans le milieu politique.
La gigantesque mise à mort qui clôturera le film débouchera sur un final complètement nihiliste, désespéré, une fustigation définitive de cette Amérique symbolisée par le célèbre drapeau étoilé dans lequel Goose se drape et agonise avant d'être défenestré. Les cadavres ne volent pas en effet. Non content de cette conclusion anti patriotique et accablante, Howard se permet un ultime retournement de situation dont le cynisme et la noirceur n'ont d'égal que la violence qu'il a déployé et détaillé tout au long de ces 90 minutes de boucherie.
Malgré la simplicité de son scénario et la pauvreté de son budget, le film fut tourné en trois semaines pour une somme dérisoire tandis que certains des acteurs furent payés une misère, Dead boyz can't fly est un foudroyant outrage à l'Amérique, un film inoubliable, choquant, dérangeant, extrémiste et brutal, quasi insoutenable, l'odyssée de trois fous sanguinaires comme on ne pourrait plus en imaginer au cinéma aujourd'hui. Dead boyz can't fly est une véritable gemme pour tous les amateurs d'ultra violence, un fulgurant coup de poing qui devrait laisser quelques traces dans l'esprit du spectateur et donner la nausée aux âmes sensibles. A découvrir de toute urgence.