Mas alla del terror
Autres titres: Au delà de la terreur / Beyond terror / Further than fear
Real: Tomas Aznar
Année: 1980
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 82mn
Acteurs: Francisco Sánchez Grajera, Raquel Ramírez, Emilio Siegrist, Antonio Jabalera, Alexia Loreto, David Forrest, Andrée Van de Woestyne, Martin Kordas...
Résumé: Après avoir massacré le personnel d'un petit restaurant, une bande de jeunes motards menée par l'impitoyable Lola prend en otages un homme et sa maîtresse afin d'échapper à la police. Ils se réfugient dans une maison où ils vont tuer un enfant et sa grand-mère. La vieille femme aura le temps avant de mourir d'invoquer les forces du Mal afin qu'ils soient punis. Guidés par une mystérieuse force, les voyous et leurs deux otages s'arrêtent dans une vieille église perdue au milieu de la campagne. Après qu'un des motards se soit masturbé sur l'autel en blasphémant et que son comparse ait fait l'amour à leur prisonnière, quelque chose de maléfique va petit à petit les décimer tandis qu'une horde de zombis poussiéreux surgissent de la crypte pour violer les femmes et massacrer les hommes...
Scénariste, producteur, acteur, c'est dans le court-métrage que débuta Tomas Aznar avant de réaliser quelques films dans les années 80 dont Mas alla del terror sorti en France en vidéo sous le titre Au delà de la terreur.
Et le moindre qu'on puisse dire c'est que Au delà de la terreur est une véritable petite gemme du cinéma Bis espagnol, un film aussi obscur que méconnu qui mérite toute l'attention de l'amateur.
Si la séquence pré-générique laisse augurer du pire par son coté fauché et bien maladroit, le film d'Aznar prend vite une tournure plus glauque et surtout plus brutale une fois ses différents protagonistes posés. On suit ici les exactions d'une bande de jeunes bikers, trois garçons et une fille, qui après avoir massacré le personnel d'un petit restaurant et échappé à la police s'enfuit dans la campagne avec deux otages, un homme et sa maîtresse. Tous se réfugient dans une maison où vivent un enfant et sa grand-mère qu'ils vont frapper à mort avant de brûler la maison. Avant de mourir la vieille femme a invoqué Satan afin que les cinq crapules soient à jamais damnées. Prisonniers d'une église perdue au milieu de nulle part dans laquelle ils se sont arrêtés, tous vont mourir de façon cruelle, attaqués non seulement par une force mystérieuse mais également une horde de zombis poussiéreux.
Si le cinéma d'exploitation ibérique est connu pour ses audaces, le film d'Aznar ne fait que confirmer la tendance même si au départ rien ne laissait présager une telle tournure. Étonnant est en effet cette déferlante de violence dont il fait soudainement preuve. Tous aussi haïssables les uns que les autres ses protagonistes sont de véritables monstres dépravés et drogués, cruels et blasphémateurs, qui par plaisir répandent la peur et le sang partout où ils passent ce qui rend leurs actes encore plus abominables.
Aznar se permet ainsi quelques séquences assez étonnantes comme, hormis le massacre dans le petit restaurant, celle où la meneuse de bande, une sorte de garçon manqué implacable, frappe sans ménagement et surtout gratuitement une grand-mère avant de la laisser brûler vive aux cotés d'un enfant dans sa maison en flammes.
Encore plus surprenant est le contenu sexuel de cette petite pellicule qui appuie encore plus l'aspect sordide et vulgaire de l'ensemble. Si Aznar se permet quelques nus là encore gratuits, on restera bouche bée face à certaines scènes qui transforment le film en un monument blasphématoire notamment celle qui lui valut sa réputation: un des voyous se masturbe ouvertement jusqu'à l'orgasme sur un autel entouré de bibles en feu tout en prononçant des flots de propos particulièrement hérétiques. On retiendra également celle où la meneuse fait une fellation à son comparse dans l'église afin de le soulager.
Dés lors les forces du Mal vont se déchaîner et ainsi permettre à Aznar de nous offrir quelques agréables moments sanguinolents, quelques meurtres brutaux avant l'apparition lors des ultimes images d'une horde de zombis assez impressionnants et visuellement très réussis qui violeront les femmes et tueront les hommes.
Outre sa violence, sa gratuité et le contenu aussi bien sexuel que hérétique, Au delà de la terreur vaut aussi pour l'étrange atmosphère qui se dégage de ses images, de ce climax que le réalisateur parvient à créer, à la fois crasse et angoissant, presque fascinant. Il émane quelque chose de maléfique de cette église perdue au milieu de nulle part, de sa crypte sombre d'où surgiront les morts-vivants.
Malheureusement toutes ses audaces et surtout les efforts entrepris sont ici gâchés par une mise en scène beaucoup trop mollassonne qui amoindrit énormément la férocité de l'ensemble et des dialogues incessants souvent pénibles que la version française rend par moment insupportables. Au delà de la terreur accumule également les incohérences et le manque de logique du scénario risque d'en faire grimacer certains. On se demande par instant le pourquoi du comment. Ainsi quelles sont les raisons d'un tel débordement blasphématoire si ce n'est choquer le spectateur. C'est ce que visiblement semble vouloir Aznar qui oublie alors toute rigueur. Objectif atteint et ce n'est pas l'amateur d'hérésie et de dépravation qui ici se plaindra. Bien au contraire.
Sans être exceptionnelle l'interprétation demeure correcte même si on aurait souhaité parfois un peu plus de conviction. On soulignera tout de même la prestation d'Emilio Siegrist dont on n'oubliera pas la masturbation, celle de Francisco Sanchez Grajera déjà aperçu dans La patria del rata et pour son seul et unique rôle à l'écran Raquel Ramirez.
Mas alla del terror au delà de son aspect fauché est une petite série d'horreur plutôt surprenante, brute et brutale, qui se rapproche de façon évidente du cinéma d'exploitation transalpin. Malgré ses défauts confirme tout l'intérêt et la richesse d'un certain cinéma espagnol. Sans être un chef-d'oeuvre, voilà un petit film qui fera sans nul doute le bonheur de l'amateur.