Endgame - Lotta dal Bronx
Autres titres: Le gladiateur du futur / Endgame
Real: Joe D'Amato
Année: 1983
Origine: Italie
Genre: Post nuke
Durée: 92mn
Acteurs: Al Cliver, George Eastman, Laura Gemser, Gabriele Tinti, Bobby Rhodes, Nello Pazzafini, Gordon Mitchell, Christopher Walsh, Al Yamanouchi, Mario Pedone, Franco Ukmar, Alberto Dell'Acqua, David Brown...
Résumé: 2025. Une terrible dictature asservit la Terre après l'holocauste. Ron Sherman est l'actuel champion des jeux du cirque dont les survivants de l'Holocauste se repaissent désormais ignorant que ces jeux profitent bassement au gouvernement qui en tire les ficelles. Sherman après avoir une nouvelle fois vaincu son ennemi se voit chargé d'une mission: il doit convoyer hors de New York, ville contaminée, un groupe de mutants. Guidés par Lilith, une mutante télépathe, ils vont traverser bien des territoires interdits ignorant que la mission renferme un piège...
Suite au succès international de Mad Max 2, l'Italie allait trés vite s'emparer du phénomène et développer un sous genre du cinéma d'exploitation, le post nuke... pour le meilleur ou pour le pire! Et c'est à la première catégorie qu'appartient sans nul doute ce premier essai de Joe D'Amato qu'il réalise en 1983.
Le gladiateur du futur est en fait un agréable mélange de plusieurs films puisqu'aux éléments de base du film de Miller D'Amato y ajoute un soupçon de New York 1997 et quelques idées empruntées à Running man et Rollerball. Après l'holocauste représenté comme souvent par quelques images multicolores de champignons nucléaires qui servent de générique afin de bien plonger le spectateur dans un univers post-apocalyptique, ce qui reste de notre civilisation passe désormais son temps à se repaître de jeux télévisés que contrôle un gouvernement dictatorial et hypocrite représenté par des officiers en habits SS. Ils sont retransmis en direct sur écrans géants à grands renforts de sponsors publicitaires.
Si on pense bien évidemment à nos télé-realité actuelles on est loin de la gentillesse perverse de nos programmes puisque dorénavant c'est avec la mort que les candidats doivent jouer. Le temps des jeux de l'arène semble donc être revenu sous une forme beaucoup plus moderne et sournoise. C'est un combat sans merci qui attend le valeureux candidat qui doit mettre à mort un groupe de puissants adversaires lors d'une course-poursuite où tous les coups sont permis. Certains pourront regretter que le thème du gladiateur ne soit pas plus exploité puisque très vite le film se transforme en une chasse au trésor plutôt simpliste.
Pourtant, sous ce scénario passe-partout, D'amato signe un film rondement mené, sans aucun temps mort où il privilégie avant tout l'action tout en maîtrisant la violence afin qu'elle ne prenne jamais le dessus. Inutile de dire qu'on ne s'ennuie pas une minute d'autant plus que D'Amato fait preuve d'imagination en donnant vie à toute une faune hétéroclite. C'est ainsi que lors de cette chasse effrénée le courageux héros va rencontrer entre autres créatures d'étranges mutants mi-homme mi-animaux dont le chef est un homme-poisson aux magnifiques écailles, des créatures simiesques, de cruels moines aveugles et une jolie mutante télépathe qui l'aidera dans sa quête. Le gladiateur du futur bénéficie en outre d'une belle photographie qui met notamment en valeur les décors souterrains, sombres et inquiétants.
Le gladiateur du futur porte inéluctablement la griffe de son réalisateur, point avare en effets sanguinolents assaisonnés par instants d'une pointe de sadisme. On retiendra entre autres réjouissances sanglantes, la tête d'un malheureux vissée dans du ciment puis violemment tranchée.
Pour le reste, on retrouve les décors récurrents à ce type de films, quelques usines désaffectées et ces fameuses carrières romaines censés représenter une vie post-apocalyptique où errent des hordes de punks maquillés et bardés de cuir noir chevauchant des motos ou conduisant quelques voitures et camions rescapés de l'Holocauste.
A l'instar des Nouveaux barbares de Castellari, on retiendra l'étrange final sur ce terrain vague en pleine tempête de sable durant lequel les deux ennemis, couteau en main, s'élancent l'un vers l'autre avant que l'image ne se fige, laissant ainsi la porte ouverte à l'imagination du spectateur.
En tête de distribution, on retrouve Al Cliver dans le rôle titre, Al dont c'était la première collaboration avec D'Amato avec qui il se lia vite d'amitié, George Eastman incarne comme toujours l'impitoyable adversaire du héros, le vétéran Gordon Mitchell se glisse dans la peau d'un général nazi sans oublier l'indispensable asiatique Al Yamanouchi, Bobby Rhodes, Gabriele Tinti et Laura Gemser qui endosse la peau d'une mutante joliment chapeautée. Déception pour ses admirateurs qui pensaient que Laura allait se déshabiller puisqu'ici celle qui incarna si bien Black Emanuelle ne laissera entrevoir qu'un sein lors de son viol par un mutant écailleux.
Loin d'être désagréable, Endgame fait sans nul doute partie des meilleurs post-nuke italiens d'alors, jamais ennuyant, toujours visuellement plaisant et plein d'humour qu'on devine le plus souvent involontaire, un petit film Bis alerte et rondement mené par un des maîtres de cinéma de genre transalpin.
D'Amato récidevera avec l'infortuné 2020 Texas gladiators dirigé cette fois par George Eastman qui en prit les commandes.