Nero veneziano
Autres titres: Damned in Venice / Die Wiege des Teufels / Venetian black
Real: Ugo Liberatore
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 89mn
Acteurs: Renato Cestiè, Rena Niehaus, Yorgo Voyagis, Fabio Gamma, Josè Quaglio, Lorraine De Selle, Olga Karlatos, Tom Felleghy...
Résumé: Mark et sa soeur Christine, deux adolescents, vivent à Venise. Mark est aveugle mais il est doté d'un étrange pouvoir. A travers d'inquiétantes visions, il parvient à voir certaines choses. Il est ainsi persuadé que l'énigmatique homme en noir, accompagné d'un chien et s'aidant d'une canne, qui le suit régulièrement n'est autre que le Diable lui même. Personne ne le croit jusqu'au jour où les cadavres commencent à s'accumuler autour de lui et de sa soeur. C'est alors que Christine tombe enceinte de l'homme avec qui elle sort, un être sinistre dont Mark se méfie. Porte t'elle en elle l'Antéchrist?
Père du cinéma érotico-exotique avec des oeuvres précurseurs telles que Bora Bora et Noa Noa, Ugo Liberatore s'est à la fin des années 70 essayé au fantastique avec disons le plus ou moins de bonheur. Nero veneziano en est la preuve flagrante.
En pleine ère de satanic movies, Liberatore s'inspire ici ouvertement de The Omen tout en y mélangeant des éléments récupérés tant dans Holocaust 2000 que dans Rosemary's baby et L'exorciste. La recette aurait pu être intéressante et même appétissante si Liberatore n'avait pas fait preuve d'autant de désinvolture dans le scénario qui semble partir tout azimut et ainsi accumuler à foison les incohérences et les zones d'ombre.
Si la mise en scène de Liberatore est plutôt mollassonne, Nero veneziano souffre de surcroît d'un rythme tout en dents de scie. Particulièrement bavard et bien peu passionnant dans toute sa première partie, le film semble enfin prendre son envol lors de la seconde en alternant malheureusement encore une fois temps morts et scènes fortes. On comprend alors pourquoi Nero veneziano se traîne une aussi médiocre réputation.
Pourtant malgré tous ses défauts, le film de Liberatore n'est pourtant pas totalement inintéressant et compte quelques points positifs et atouts qui au final ne le rendent pas si déplaisant.
Ainsi, on se laissera séduire par une très belle photographie bleutée qui met en valeur cette Venise triste et macabre toujours aussi fascinante en accentuant son aspect lugubre. Quelque chose d'angoissant se dégage de ses canaux embrumés sous un ciel gris trop bas, de ces gondoles où s'entassent les héros parmi quelques voyageurs. S'il n'était pas difficile de profiter du climat particulier que dégage Venise, il était plus difficile par contre d'y faire naître l'angoisse à partir d'une simple histoire de possession, d'autant plus que le scénario n'est guère alambiqué et déjà mille fois vu.
On se réjouira des séquences sanguinolentes dont Liberatore parsème son film, ces quelques scènes gore par instant fort audacieuses où le réalisateur fait preuve d'un sadisme des plus plaisant. Pendaison, crucifixion, mutilation, corps déchiquetés s'enchaînent donc tandis que le mystérieux et diabolique assassin transperce ses victimes de la pointe acérée de sa canne meurtrière. Ce déchaînement de sadisme débouchera sur l'inoubliable scène finale, étonnante et particulièrement brutale, celle où l'enfant du Diable, encore qu'un bébé, violemment projeté contre un mur, s'empale sur une sculpture garnie de pointes.
Comme fasciné par la putréfaction à moins qu'il ne l'associe à l'Enfer Liberatore accumule les plans sur les vers de terre, omni-présents que ce soit sur les cadavres qu'ils rongent, à l'intérieur d'une horrible poupée, dans le verre de lait que boit l'enfant ou qu'ils servent tout simplement de remède miracle à la cécité de l'adolescent.
Dernier point positif de ce Nero veneziano, rythmé par une partition musicale de Pino Donaggio qui mélange sons électronique et musique classique, ce sont les visions de ce dernier souvent angoissantes, entre rêve et réalité. Elles achèvent de donner au film ce ton un tantinet effrayant. On regrette alors d'autant plus les maladresses de Liberatore et la banalité de sa mise en scène pour imaginer ce qu'un tel sujet aurait pu donner s'il avait été confié à un réalisateur tel que Fulci.
La présence de Olga Karlatos, vieillie pour l'occasion, nous fait encore plus penser au Maître tandis que l'allemande Rena Niehaus, ex-héroïne de La orca confirme ses talents d'actrice tout en apportant à l'ensemble son charme naturel. On ne pourra pas en dire autant de l'ex-star des lacrima-movies, Renato Cestié, enfin adolescent, peu crédible et toujours aussi insupportable.
On notera l'apparition de Lorraine De Selle en baby-sitter suppot de Satan mais on regrettera que son personnage soit ainsi escamoté au gré d'un scénario qu'on devine avoir été manié et remanié au détriment des protagonistes eux mêmes.
Malgré ces quelques qualités et son final bien pessimiste, Nero Veneziano s'il se laisse regarder avec un certain plaisir est malheureusement un film raté. Faute en incombe à son réalisateur qui n'a pas su être à la hauteur de ses ambitions et a préféré cacher son incapacité sous une avalanche d'effets spéciaux sanglants.