Teenage angst
Autres titres:
Real: Thomas Stuber
Année: 2008
Origine: Allemagne
Genre: Drame
Durée: 57mn
Acteurs: Franz Dinda, Niklas Khort, Januscz Kojacj, Michael Ginsburg, Stephanie Schoenfeld, Michael Schweighöfer, Kirstin De Ahna...
Résumé: Dans un internat pour jeunes huppés, Dyrbusch, un étudiant froid et imperturbable, a crée un clan qui chaque nuit s'évade de l'école pour se réunir et se livrer à toutes sortes de débauches auxquelles ils n'ont mis aucune limite. L'arrivée de Konstantin parmi eux va faire éclater leur clan. En effet, une nuit le plus faible d'entre eux empêche un viol collectif. Pour le punir, il devient leur martyr. Konstantin va tenter de convaincre le jeune garçon de quitter le clan. C'est une ascension dans la violence tant physique que morale à laquelle va Konstantin va assister jusqu'au dénouement tragique....
Premier essai cinématographique sous forme de moyen métrage de Thomas Stuber, Teenage angst nous entraîne en quelques 57 minutes dans l'univers d'un internat pour jeune huppés issus de la haute société allemande. Afin d'échapper à leur prison doré quatre d'entre eux ont formé un clan qui chaque nuit s'évade de l'école pour se livrer à la débauche à laquelle ils n'ont fixé aucune limite. Cette absence de limite Stuber l'illustre de façon froide et cruelle. Stuber transforme ses protagonistes menés par l'impertubable Dyrbusch et son bras droit, Bogatsch, plus maléable mais sous l'emprise totale de son chef, en sorte de monstres dénués de tout état d'âme, des bourreaux impitoyables à qui rien ne fait peur. Encore plus monstrueuse est leur assurance, surprotégés par leur famille, de gros chèques pour effacer tout écart tout répréhensible soit il.
L'arrivée dans le clan de Konstantin, jeune homme naif fragilisé par un deuil familial, va faire voler en éclats leur micro-institution lorsque le plus faible d'entre eux, Liebnitz, empêchera un viol collectif. Afin de le punir, il deviendra leur martyr. Humiliations, tortures physiques, il supportera tout en refusant de dénoncer ses prétendus amis par peur de se retrouver seul et par crainte des représailles de sa famille. Seul va se dresser contre eux et tenter en vain de convaincre de quitter le clan. Cela conduira au final implacable, d'une rare violence où même la mort aussi atroce soit elle est un jeu.
Stuber a signé un film dur, cruel dont le no happy end brutal laisse le spectateur pantois par une telle déferlante d'inconscience et de cruauté humaine.
Il dresse le portrait de quatre adolescents que leur milieu aisé a rendu inhumains, des adolescents qui ont perdu toute valeur sauf celle du pouvoir, celui qui mène à la destruction même de l'âme humaine.
C'est également un film sur l'amitié et la peur de se retrouver seul. Liebnitz préfère subir plutôt que de se voir rejeté. Fragile, vulnérable, il incarne les faibles que les plus forts ont toujours aimé écraser. De par son allure un rien féminine, le coté homo-érotique qu'il dégage, il tranche avec la virilité de ses camarades.
Edité chez Picture this, spécialiste du film gay et related gay, il plane en effet sur Teenage angst un voile d'homosexualité latente de par cette école de garçon d'une part, ce milieu essentiellement masculin, mais également par la légère ambiguité qui existe entre Liebnitz et Konstantin. Si Konstantin s'est érigé en défenseur de l'opprimé, sa volonté de défendre Liebnitz, de le protéger peut aussi signifier plus qu'une simple affection ou amitié virile qui pourrait dissimuler quelque chose de plus profond traduit ici par de trés subtiles touches que le spectateur interprétera comme il le souhaite.
La subtilité est un des atouts du film. On la retrouve dans la violence des scènes souvent suggérée, à demi-montrée ou simplement évoquée par le verbe.
Tranchant avec la cruauté de l'histoire, la beauté du cadre étonnera. Teenage angst se situe dans un magnifique château qui se dresse au milieu de la forêt à la fois verte et inquiètante, propice à cacher toutes les exactions du clan. La superbe photographie met en valeur ces décors naturels appuyée par une partition musicale aux tonalités froides et une interprétation sans faille de la part des jeunes comédiens particulièrement convaincants notamment Niklas Khort dans le rôle de Dyrbusch, modèle même du dominant, froid, impassible, dénué de tout état d'âme dont l'assurance quelque soit la situation n'a d'égal que sa cruauté.
Fort de ses six années passées dans une école de cinéma, Stuber signe un premier film intense, implacable, soigné sur une certaine jeunesse dorée, une élite qui derrière un certain vernis dissimule le vice et la vilainie engendrés par leur propre condition sociale. C'est là où le Teenage angst non seulement fait mal mais surtout effraie.