Il poliziotto è marcio
Autres titres: Salut les pourris / Shoot first die later
Real: Fernando Di Leo
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 90mn
Acteurs: Luc Merenda, Salvo Randone, Richard Conte, Raymond Pellegrin, Delia Boccardo, Gianni Santuccio, Vittorio Caprioli, Monica Monet, Gino Milli, Mario Garriba, Rosario Borelli, Elio Zamuto, Marisa Traversi, Aldo Valletti, Loris Bazzocchi, Massimo Sarchielli...
Résumé: Afin de s'assurer des gratifications substantielles, le commissaire Domenico Malacarne joue double jeu et protège un redoutable gang spécialisé dans le trafic de drogue et de café mené par le cruel Pascal. En tentant de récupérer un dossier compromettant il éveille les soupçons de son père, un ancien officier de police, qui finira par découvrir les activités illicites de son fils. Après l'avoir renié, il est tué par les gangsters ainsi que la maitresse du jeune policier. Malacarne va alors se retrouver au coeur d'une spirale de violence étonnante qu'il ne contrôle plus. Il n'a désormais plus qu'une idée en tête, éliminer le gang...
Il poliziotto è marcio connu chez nous sous le titre Salut les pourris est le cinquième film de Fernando Di Leo qui appartient à la catégorie des films noirs de gangsters ouverte quelques années plus tôt avec I ragazzi del massacro / La jeunesse du massacre puis Milan calibre 9, La mala ordina et Le boss. Ce nouveau volet est peut être le plus inspiré mais également le plus réussi tant pour la capacité du cinéaste à diriger de main de maitre ses acteurs que pour l'histoire elle même, celle d'un flic corrompu au destin tragique.
Plus ou moins adapté d'un roman de William P. McGivern, Il poliziotto è marcio pourrait ne faire qu'un avec Il boss tant narrativement que stylistiquement parlant. On y retrouve en effet le même nihilisme, le même aspect apocalyptique, cette négation qui caractérisait le film dans lequel Gianni Garko incarnait la corruption et la collusion sous les traits d'un flic odieux et névrotique. L'inspecteur Malacarne l'est tout autant dans Il poliziotto è marcio à la différence près que son personnage joué par Luc Merenda n'est pas directement présenté ainsi. Le film s'ouvre en effet comme n'importe quel poliziotto par une longue séquence de course-poursuite après qu'un groupe de voyous ait commis un vol particulièrement brutal dans une bijouterie. C'est seulement beaucoup plus tard que Di Leo choisira de montrer au spectateur le véritable visage de Malacarne qui derrière ses airs d'homme tranquille cache un redoutable flic corrompu. Avec ses hommes, il appuie les exactions et les massacres perpétués par un gang mené par l'implacable Pascal, un être de la pire espèce spécialisé
dans le trafic de café, de cigarettes et de drogue. Pourtant il reste à Malacarne contrairement à Garko dans Il boss un semblant de moral très bien résumée lorsqu'il ose se dresser contre Pascal et ses hommes en criant haut fort qu'il continuera à les couvrir pour le café et les cigarettes mais pas pour la drogue. Beaucoup plus émouvante est la confrontation de Malacarne avec son vieux père, un ancien officier de police qui vient de découvrir les activités de son fils qu'il renie alors. Coincé entre l'amour qu'il a pour son père et ses agissements coupables, Malacarne se retrouve au centre d'un véritable jeu de massacre qui certes le touche mais touche surtout tout ceux qui l'entourent. Di Leo nous entraine alors dans une spirale de violence d'une brutalité assez étonnante qui mènera au tragique final totalement inattendu, un des plus noirs que le cinéaste ait imaginé depuis Milan calibre 9.
Parent éloigné des anti-héros des films noirs traditionnels, Malacarne aussi corrompu soit il parvient cependant à trouver grâce aux yeux du spectateur malgré ses nombreuses faiblesses grâce à la tentative d'étude psychologique que tente de faire Di Leo. Il transforme ainsi la seconde partie du film en une sorte de tragédie désespérée particulièrement dure et violente d'une absolue noirceur. Même si le sujet imaginé par Sergio Donati n'est pas toujours très crédible, on reste impliqué dans cette histoire menée de main de maitre par un Di Leo au meilleur de sa forme, tournée à Milan, grise et hivernale, et ponctuée de notes d'humour qu'on doit à Vittorio Caprioli dans le rôle d'un émigré napolitain ronchon. Particulièrement éprouvante la violence atteint ici des sommets comme en témoignent la scène d'ouverture, le massacre d'un gang rival d''une sauvagerie époustouflante mais également la mise à mort de la fiancée de Malacarne et celle abominable de Caprioli et de son chat qui risque d'en faire choquer plus d'un. La longue séquence de course-poursuite à travers Milan reste quant à elle d'une redoutable efficacité et une des meilleures que le genre ait connu.
L'interprétation est au niveau de la réalisation, quasi parfaite. Luc Merenda malgré son coté toujours un peu rigide, trouve là une de ses meilleures compositions notamment lors des scènes qu'il partage avec son père. Raymond Pellegrin excelle comme d'accoutumée dans la peau d'un maffieux, odieux et impitoyable, un homme sans état d'âme qui tue à tour de bras. Delia Boccardo, l'innocente petite amie de Malacarne, Vittorio Caproli, Richard Conte et Salvo Randone, le vieux père de Merenda, sont excellents sans oublier Gino Milli surprenant en travesti dont la mort sera tout aussi insupportable. On pourra juste être un brin déçu par la partition musicale signée Bacalov qu'on connut bien plus inspiré.
Longtemps visible uniquement par le biais d'une vidéo tant italienne que française franchement médiocre et amputée de quelques dix bonnes minutes, Il poliziotto è marcio a enfin eu droit à une récente édition DVD italienne intégrale afin que les admirateurs de Di Leo puissent redécouvrir un de ses films les plus puissants.
Di Leo poursuivra dans la même veine l'année suivante avec La citta sconvolta: caccia spietata ai rapitori et Diamants de sang en 1977.