Rabbia- fuoco incrociato
Autres titres: Rush 2 / Rage / A man called rage / Fuego cruzado
Réal: Tonino Ricci
Année: 1984
Origine: Italie / Espagne
Genre: Post nuke
Durée: 91mn
Acteurs: Bruno Minniti, Werner Pochath, Stelio Candelli, Chris Huerta, Taida Urruzzula, Ottaviano Dell'Acqua, Lola Mayo, Ann Karen, Joaquin Para...
Résumé: Sur une terre post-apocalyptique, un aventurier de fortune nommé Rage pénètre dans La terre promise. Il y fait la connaissance d'un groupe de survivants qui lui parle d'un stock d'uranium qui pourrait redonner vie à notre planète. Ils vont partir ensemble à sa recherche. Mais un aventurier rival est également à sa recherche mais pour l'utiliser à ses propres fins...
Sans aucun autre rapport avec Rush premier du nom que de se dérouler dans un monde post-apocalytique et d'avoir comme principal protagoniste le monolithique Bruno Minniti, les distributeurs français semblent avoir eu autant d'imagination que Tonino Ricci en intitulant Rabbia-Fuoco incrociato, Rush 2.
Après ce désastre qu'était Rush on ne pouvait guère s'attendre à un miracle avec ce nouveau film de Ricci qu'une ouverture prometteuse laissait pourtant sous entendre. Après quelques stock-shots cataclysmiques nous voilà donc projetés dans une ville en ruines, en fait de vieilles usines désaffectées, où un groupe de militaires traquent quelques mutants irradiés au milieu de fumigènes blanchâtres. L'effet est de courte durée puisque dés l'arrivée de Rage, bel aventurier apparemment recherché pour de bien mystérieuses raisons que le scénariste n'a pas jugé bon de nous expliquer, tout bascule. A partir de cet instant, Rush 2 devient un grand n'importe quoi à l'image du premier volet.
Sur un semblant de scénario (Rage accompagne nos militaires à la recherche d'un stock d'uranium susceptible de redonner vie à notre Terre!!!!) Ricci aidé ici pour cette coproduction italo-hispanique de Alfonso Balcazar accumule les non sens et les incohérences de façon quasi olympienne avec une telle désinvolture qu'entre deux éclats de rire on reste bouche-bée. Tourné dans les régions désertiques et les parcs naturels d'Almeria en Espagne censées nous renvoyer l'image d'un monde ravagé, il est bien difficile de croire un seul instant à ces aventures tant elles baignent dans la stupidité voire la profonde bêtise. Malgré les radiations représentées par ces fameux fumigènes blancs et autres fausses pluies acides, Ricci enchaine les plans de forêts verdoyantes dans lesquelles se baladent en jean-baskets quelques survivants de l'Holocauste quand ils ne roulent pas en jeep ou en Volvo. Comment ne pas pouffer de rire devant ces militaires dont les combinaisons anti-radiations ne cachent qu'une partie de leur corps si toutefois ils ne les enlèvent pas totalement dans certaines séquences sans pourtant jamais subir les effets de la radio-activité!
Si Rage change de nom au gré du scénariste, si Ricci appelle sa base Omega alors que son symbole est Alpha, si le monde souterrain n'est qu'un entrepôt doté d'une porte coulissante et d'un écran géant, si le Grand Maître des lieux est un paralytique vêtu d'une toge blanche, que penser de ces combats mollassons entrecoupés de dialogues consternants qui mèneront au flamboyant final où nos militaires attaquent sur fond de musique disco un train en pleine course,qui n'est rien d'autre qu'une locomotive poussive. Vu le ridicule de l'entreprise gageons que Stelvo Cipriani a dû ressortir de ses tiroirs une vieille composition oubliée qu'il colla par dessus ces images.
Ricci semble avoir vu 2020 texas gladiators de Joe D'Amato puisqu'il tente à son tour de mêler à ce consternant post-nuke des réminiscences western. On a donc droit à une horde de brigands ringards en guise d'indiens qui ont troqué leur cheval pour des voitures afin d'attaquer un train. On est alors face à un étrange salmigondi, une sorte de ratatouille étonnante où Ricci mélange tout ce qu'il peut mélanger.
Si parfois une telle mixture peut être drôle à l'exemple de 2020 Texas gladiators, cela devient cette fois vite indigeste. Ce sera donc plus de dépit qu'on sourira que de joie.
Narquois jusqu'au bout, il se permet un rebondissement faramineux qui découragera le plus fervent des spectateurs puisqu'on découvrira qu'il n'y a pas d'uranium mais en revanche nos héros trouveront une Bible presque aussi grosse qu'une valise à la grande joie de Rage qui, le visage fendu d'un sourire carnassier, déclarera solennellement que Dieu a fait notre Terre avec un peu d'eau et de la poussière!
Bruno Minniti, acteur fétiche de Ricci qui au fil des films gagne en muscles et en raideur ce qu'il perd en talent, ressemble plus que jamais à un Playmobil. A ses cotés, le filiforme Werner Pochath semble être le seul à croire un tant soit peu à cette catastrophe, véritable holocauste pelliculaire. Voilà peut être le vrai miracle du film!
Rush premier du nom brillait de médiocrité sous ses filtres rouges mais avait ce petit coté bon enfant, Rush 2 balaie cette médiocrité par sa simplicité intellectuelle et son abyssale bêtise qui aura vite raison du plus endurci des bissophiles et autres amateurs de ce type de films. Rush 2 rejoint ces séries Z fauchées que sont entre autres Le chevalier du monde perdu ou Cherry 2000. Si comique soit il, c'est l'ennui et l'agacement qui prendront cette fois le dessus.