Zeta one
Autres titres: The love factor / Zeta Uno
Real: Michael Cort
Année: 1969
Origine: Angleterre
Genre: Science-fiction / Comédie
Durée: 86mn
Acteurs: Yutte Stensgaarde, Robin Hawdon, Brigitte Skay, Dawn Addams, Valerie Leon, Anna Gael, Lionel Murton, James Robertson Justice, Rita Webb, Wendy Lingham, Carol Hawkins, Steve Kirby, Paul Baker...
Résumé: L'agent secret et séduisant play-boy James Word a découvert lors de sa dernière mission qu'une race de splendides femmes extra-terrestres dirigée par la reine Zeta One se sont cachées sur Terre. Elles enlèvent des femmes aux mensurations parfaites, les transforment en dociles robots dans le but de repeupler leur monde. L'agent est à leur trousse mais également le Major Bourdon, un dangereux criminel qui veut les exterminer après avoir percé leur secret...
1969 année érotique. 1969 année psychédélique. 1969 année érotico-psychédélique. En cette fin d'années 60 déferle sur les écrans une vague d'acid movies la plupart venus d'Angleterre et des Etats-Unis. Le film de l'anglais Michael Cort, obscur réalisateur dont ce fut l'unique mise en scène à l'exception d'un énigmatique court métrage intitulé Plod?, fait partie de cette catégorie dont il est un des exemples les plus faiblards.
L'agent secret James Word rentre à son domicile. Il a la surprise d'y trouver sa séduisante secrétaire Ann avec qui il ne tarde pas à faire une partie de strip-poker. Ils finissent au lit. Ann
souhaite que James lui raconte en détail sa dernière enquête. James accepte de la lui narrer. La mission que lui avait confié W avait pour objectif de mettre un terme aux méfaits du très méchant Major Bourdon, un maitre du crime. Alors qu'il était sur ses traces James fit une stupéfiante découverte. Une race de très séduisantes femmes extra-terrestres venue d'un autre monde, Angvia, a envahi notre planète. A leur tête se trouve leur reine la ravissante Zeta One. En approfondissant ses investigations James lève le voile sur ces énigmatiques créatures toutes plus belles les unes que les autres. Il s'agit en fait de terriennes enlevées par Zeta One qui ont subi un lavage de cerveau afin d'être transformées en êtres dociles et
obéissantes. Zeta veut ainsi repeupler son monde. Bourdon et ses hommes ont découvert leur existence et veulent les anéantir après avoir percé leur secret. Pour cela ils en ont kidnappé certaines qu'ils torturent. James a retrouvé la trace de Bourdon et l'affronte dans les bois, minutieusement observé par Zeta depuis son vaisseau. Bourdon est vaincu. James termine son récit ignorant en fait que Ann est au service de Zeta en quête d'un reproducteur. Vu les capacités sexuelles de l'agent il est tout désigné pour être celui ci. Ann le drogue et voilà notre agent en salle d'insémination entouré d'une pléthore de sublimes créatures qui le traitent en pacha!
Zeta One également connu sous le titre The love factor est avant tout une comédie, une sorte de parodie farfelue et psychédélique de James Bond dans laquelle le célèbre agent secret est remplacé par un autre James, James Word, un play-boy bellâtre qui n'a aucun mal à mettre dans son lit toutes les filles qu'il veut, terriennes ou extra-terrestres, peu lui importe tant que le plaisir est au rendez-vous. En poussant un peu plus loin on pourrait dire que ce spy movie, cet acid spy movie plus exactement, a inspiré bien des années plus tard la série des Austin Powers. Malheureusement si le scénario semble être particulièrement alléchant ainsi rédigé, il en va un peu différemment une fois transposé à l'écran.
A vrai dire il y a bien de peu de choses à écrire sur le film de Michael Cort car dénué de réelle substance. Les vingt premières minutes, sans grand intérêt, paraissent une éternité puisqu'il ne se passe quasiment rien si ce n'est cette interminable partie de strip-poker qui recommence sans arrêt telle une boucle sans fin, par moment filmée en accéléré. Franchement inutile elle ne semble exister que pour colmater les brèches d'un scénario inconsistant. James et sa partenaire finissent au lit. Commence le récit de la dernière aventure de James ou les confidences sur l'oreiller de l'agent secret filmées en flash-back. Zeta One pourrait enfin démarrer mais il va falloir encore un peu attendre. Ce n'est qu'au
bout de trente minutes que nos ravissantes extra-terrestres font leur apparition. Avec elles on espérait de quoi sortir de la douce torpeur dans laquelle Cort nous avait plongé jusque là. Que nenni. Certes ces créatures blondes au corps parfait sont toutes très sexy mais hormis parler, réciter de longs dialogues souvent absurdes elles ne font rien d'autre si ce n'est se mouvoir voluptueusement de manière assez chorégraphique au milieu de décors kitchissimes et si flashy. L'érotisme qu'on était en droit d'attendre d'un tel scénario restera un joli rêve. De sublimes aliens régies par une reine tout aussi sublime, ces Amazones de l'espace kidnappant des terriennes aux mensurations explosives pour en faire des
robots qui repeupleront leur monde, auraient du être la source d'appétissantes scènes d'amour saphique, suggérées ou non, principal objectif de tout film de cet acabit surtout à cette époque où le saphisme, le lesbianisme est présent dans la plupart des bandes d'exploitation sous quelque forme que ce soit. Un comble pour un film s'intitulant The love factor qui de surcroit se termine dans une salle d'insémination aux airs de chambres d'orgies romaines. Une idée qui là encore aurait du être creusée. Il faudra se contenter des micro costumes des "alienettes", de plans de poitrines nues, quelques petites culottes, quelques jolis nus dorsaux et quelques nus frontaux très prudes pour titiller les sens un
tantinet frustrés du spectateur.
Le plus étrange est l'intrigue elle même qui ressemble à un morceau de gruyère. Aucune des idées qu'elle contient n'est vraiment développée. Zeta One est un joli point d'interrogation. On ne saura jamais qui sont vraiment ces Amazones. Viennent elles d'une autre planète? d'une autre dimension? Quel est le rôle exact des trois extra-terrestres visitant James merveilleusement prénommées Clotho, Lachesi et Atropo hormis finir dans son lit pour parler et toujours bavarder? Des noirs desseins du méchant Bourdon à l'enquête de James tout est flou comme le personnage de Ann qui se révèle être une Amazone.
Rien n'est très explicite. Les idées sont là mais restent un peu trop au stade de brouillon. Difficile donc de trouver une certaine logique mais facile de trouver le temps parfois un peu long. Fort heureusement il reste l'aspect sexy du récit et son charme 60's définitivement kitsch.
En fait tout l'intérêt de Zeta One vient de son esthétisme, son visuel délirant. Ceux qui fondent devant des fauteuils boule, de la moquette verte et des murs orange, des décors design en plexiglass et de la déco pop art verront leurs sens seront en ébullition. Si on aime les effets spéciaux kaléidoscopés et plasmiques, les images psychédéliques, le coté comic book de certaines scènes (Wendina la jeune terrienne nue flottant dans le vide au milieu
d'un océan de globules flashy lors de son lavage de cerveau), le look fin années 60 avec ses perruques blondes, ses mini jupes et ses bottes en plastique, l'art du body painting, le tout enrobé d'une jolie musique jerk tout aussi datée, on ne pourra que tomber sous le charme de ce petit grain de folie délirant. Spécialement fait pour les amoureux invétérés des années 60 et 70 qui applaudiront aussi ces décors de science-fiction kitsch multicolores baignant dans des éclairages arc-en-ciel, les costumes dingos et les maquillages des Amazones Zeta One regroupe aussi un groupe d'actrices désinhibées qu'on aura grand plaisir à
retrouver, la plupart ayant par la suite fait les beaux jours de la Hammer: Yutte Stensgaarde (Lust for a vampire), Dawn Addams (The two faces of Dr Kekyll), Valerie Leon (Blood from the mummy's tomb), Anna Gael et Brigitte Skay deux visages bien connus des bissophiles. Au milieu de ses nymphes Robin Hawdon surtout connu pour avoir été Tara, le héros en slip peau de bête de Quand les dinosaures dominaient le monde de Val Guest, campe James Word qui si on est très attentif change d'apparence selon les séquences de lit avec Yutte lorsqu'il lui narre ses aventures et celles des flash-back. Devrait-on en conclure que ces scènes de narration sur l'oreiller ont été rajoutées bien plus tard afin que le film trop
inconsistant atteigne sa durée syndicale? Ceci expliquerait leur inintérêt et surtout leur longueur.
Pur film d'exploitation sixties, de Zeta One et son style "so british" on retiendra essentiellement son esthétique et son visuel pop art délirant tellement séduisant aux yeux de tout passionné de cette époque magique. On se laissera donc gentiment aller au charme de cette curiosité parodique psychédélique couleur bonbon acidulé réservée aux férus de ce type de cinéma issu d'un temps lointain très lointain. Zeta One ou un simple petit plaisir coupable pour nos yeux.