Il compromesso erotico... ménage a quattro
Autres titres: Il compromesso erotico... ménage a 4
Réal: Sergio Bergonzelli
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: sexy comédie
Durée: 89mn
Acteurs: Pupo De Luca, Ria De Simone, Amanda, Alfredo D'Ippolito, Armando Marra, David Paz, Luca Sportelli, Cristiano Auer, Serenella Tosti, Laura Schianchi, Maria Renata Franco, Clara Auteri Pepe, Nanci Lecchini Giovannoni, Monica Nickel, Adriano Doaneli, Andrea Curreli...
Résumé: Curé d'un petit village Don Camillo a bien du mal à gérer ses fidèles très attirés par le bordel local tenu par Madame Giga. Il en aura encore plus lorsque sa nièce, la pulpeuse et ex-prostituée Peppona, débarque chez lui avec l'intention d'ouvrir une maison du peuple à l'intérieur même du bordel. Pour séduire les villageois et qu'ils viennent s'inscrire à la maison elle décide d'offrir son corps à tout nouvel arrivant. Voila qui n'est pas du gout de Don Camillo, des paroissiennes ni de Madame Giga qui va devoir partager ses filles avec les adhérents de Peppona. La guerre est déclarée...
Solide artisan du cinéma d'exploitation italien malheureusement méconnu du moins chez nous Sergio Bergonzelli durant sa longue carrière s'est essayé un peu à tous les genres, du film d'espionnage au giallo en passant par le film d'aventures, le mondo, le nunsploitation et le western, avant d'orienter définitivement sa carrière dés le milieu des années 70 vers l'érotisme plus ou moins hard. C'est ainsi qu'il tourne en 1975 sa première sexy comédie, La cognatina, avec Karin Well suivie l'année suivante par trois autres Taxi love - servizio per signora avec Malisa Longo et Marisa Mell, Une petite femme très
brulante / La sposina avec Carlo De Mejo et la pasolinienne Antinisca Nemour et Il compromesso erotico, une comédie campagnarde qui n'est jamais qu'une parodie très coquine des célèbres aventures de Don Camillo et de son ennemi juré Peppone.
Don Camillo, le brave curé de Borgo, petit village d'Emilie-Romagne, gère comme il peut sa paroisse puisqu'il doit faire face aux débordements lubriques de ses ouailles, très attirés par le bordel local tenu par Madame Giga. La situation empire lorsque sa plantureuse nièce, la sémillante Peppona, une ancienne prostituée qui aujourd'hui ne vit et ne jure que par le
communisme, débarque au village. Peppona a bien l'intention de s'installer à Borgo et surtout d'ouvrir une maison du peuple. Pour se faire elle prend ses aises et s'installe au bordel. Elle souhaite faire d'une pierre deux coups. Elle projette en effet d'ouvrir sa maison à l'intérieur du bordel et faire profiter ceux qui s'y rendront des putains de Madame Giga. Ce partage n'est pas du gout de la tenancière qui déclare la guerre à Peppona. Pour convaincre encore plus les villageois Peppona promet d'offrir son corps à tous les nouveaux inscrits. Elle va devoir faire face à Madame Giga mais aussi au pauvre Don Camillo qui refuse de voir ses paroissiens se livrer ainsi à la luxure. La campagne communiste bat son plein. Le
village se divise en deux et c'est bientôt une guerre qui éclate entre les clans. Finalement personne ne gagnera. Don Camillo devra quitter sa paroisse, Peppona fermera sa maison du peuple et Madame Giga fermera son bordel. Ils quittent Borgo. Sans le savoir tous trois se retrouvent dans le bus qui les amène au village voisin. Ils ont tous les trois la même idée en tête: remettre chacun sur pied leurs projets dans ce village.
Une parodie érotique de Don Camillo offrait de nombreuses possibilités et pouvait s'avérer prometteuse d'autant plus que son metteur en scène n'était autre que Sergio Bergonzelli, un
des spécialistes de l'érotisme trashouille. Dommage qu'il n'ait pas été plus inspiré. L'idée n'est pas suffisamment creusée si bien que le film devient rapidement répétitif et ne s'élève jamais plus haut qu'une simple sexy comédie salace campagnarde. Comme son illustre modèle Il compromesso erotico se veut une satire politico-sociale / politico-religieuse de l'Italie des années 70 mais contrairement aux films originaux avec Fernandel et Gino Cervi le message n'est ici jamais vraiment développé. Il reste à l'état foetal pour mieux s'intéresser à la farce égrillarde faite d'une succession de gags attendus et peu originaux qui reviennent sans cesse comme si Bergonzelli était en manque d'inventivité. Ils deviennent donc très vite
ennuyants et perdent tout effet comique si comiques ils étaient à la base. Cette redondance devient vite énervante et nuit bien évidemment au film. Ce qui semble faire rire le réalisateur c'est d'envoyer à tout va des seaux d'eau (ou de tout autre liquide) à la figure de ses comédiens, plus particulièrement le globuleux Alfredo D'Ippolito, acteur fétiche de Bergonzelli, qui ainsi passe son temps trempé de la tête aux pieds durant quasiment tout le film. Une fois ça va, deux fois pourquoi pas, trois fois on ne rigole plus, 90 minutes c'est tout simplement exaspérant surtout que Alfredo D'Ippolito, hormis avoir un physique atypique, n'est jamais drôle. Il est énervant. Différence!
Peu fouillés sont également les personnages qui ne sont les spectres de ceux incarnés là encore par le duo Cervi-Fernandel. Notre Don Camillo bergonzellien n'est qu'un simple curé de campagne bien fade, sans grand éclat, visiblement porté sur la bouteille et dont on oublie vite le combat tant il semble peu investi. On a connu Pupo De Luca, également scénariste du film, bien plus sémillant, bien plus pétillant. De Luca avait déjà interprété un prêtre bien plus drôle et dans La cognatina et Le dolci zie. Il restera un des Don Camillo les plus translucides qui aient été. Et ses très rares dialogues avec Dieu sont ici d'une totale insignifiance. Point de Peppone mais une pétulante Peppona, une ex-catin communiste
jusqu'au bout de la culotte (on applaudira son slip orné d'un marteau et d'une faucille). Mais là encore, aussi extravertie soit-elle, notre Peppona n'est jamais qu'une joyeuse putain comme la sexy comédie nous en a offert des tas. Autour d'eux gravitent des tas de personnages plus ou moins définis. On a deux jeunes épouses qui passent leur temps à se demander où sont leur maris (au bordel bien sûr) sans qu'on sache quel est leur véritable rôle dans le film. On a un sacristain idiot et criard (D'Ippolito) qui passe donc son temps à se prendre de l'eau, un micro-nain bossu, deux vieilles bigotes, un hippie peintre et la tenancière du bordel. Tout ce beau monde se croise, coure, se bat, revendique... sans
qu'on comprenne toujours pourquoi. Par instant Il compromesso erotico donne l'impression d'un collage sans réel logique de scènes les unes aux autres.
Malgré son coté décousu et répétitif, son manque de comique et de conviction Il compromesso erotico se laisse cependant visionner avec un certain plaisir du moins par l'amateur d'exploitation et d'érotisme explosif. C'est justement cet érotisme qui le sauve de l'ennui. On se délectera en effet des innombrables nus tant dorsaux que frontaux qui illuminent la pellicule. Un tas de nymphettes se déshabillent à tout va. Ces messieurs ne sont pas en reste puisque beaucoup se retrouvent en slip ou en tenue d'Adam même si la
nudité masculine est désespérément dorsale. Et puis il y a la généreuse Ria De Simone dans le rôle de Peppona. Rarement avait-on vu cette pulpeuse napolitaine aussi souvent nue, totalement désinhibée, osant certaines scènes très épicées, notamment un cours de gym avec écartèlement donné entièrement nue. Un bonheur pour tous ses admirateurs séduits également par sa lingerie, ses perruques multicolores dont elle change régulièrement et son dynamisme. On notera la présence de Maria Renata Franco, immortalisée pour la scène où elle masturbe un cheval dans Black Emmanuelle en Amérique, Monica Nickel et Giuliana Cecchini, future starlette du X français. On retiendra
également quelques séquences jubilatoires comme les ébats de Peppona projetés sur grand écran lors d'un meeting organisé par Don Camillo, ses ébats avec le docteur (Armando Marra cul nu) ou avec Luca Sportelli (le maire) sous les yeux du prêtre effaré, la partouze lors de la course de vélo organisée par Don Camillo... . Lorsqu'il s'agit de filmer en bas de la ceinture Bergonzelli n'est jamais en manque d'imagination et retrouve toute sa verve!
Tourné à Borgo même et ses jolis décors campagnards Il compromesso erotico... ménage
a quattro (ménage à quatre signifie ici quatuor, celui que forment Don camillo, Peppona, le sacristain et Madame Giga) est une fausse note sur le plan parodique mais une réussite sur le plan érotique, le coté qu'on retiendra surtout et avant tout de cette petite pellicule devenue aujourd'hui (comme la plupart des oeuvres de son auteur) assez rare, voire très rare même si le film a eu récemment droit à une seconde vie en Italie grâce à une diffusion télévisée dans le cadre des bandes d'exploitation disparues. Et il y a Ria De Simone. Rien que pour sa verve, ses formes et sa bonne humeur Il compromesso erotico mérite le détour.