White trash
Autres titres:
Réal: Toby Ross
Année: 1977
Origine: USA
Genre: X
Durée: 54mn
Acteurs: Speedfreak Frank, Sam Filoni, Karl Krespon, St Duke, St Anthony, Kevin Lediz, Wren Carmichael, Gerald Vincent
Résumé: Le réalisateur filme quatre scènes de vie de la jeunesse homosexuelle américaine des années 70. Deux adolescents se donnent l'un à l'autre dans la salle de bain puis la chambre. Deux petits voleurs font une pause pour profiter l'un de l'autre. Un garçon passe un moment avec un prostitué pendant qu'un autre prostitué invite un collègue dans son appartement. Deux garçons font l'amour dans un cinéma puis les toilettes et enfin dans la chambre de l'un d'eux.
On doit à l'américain Toby Ross, un des piliers du film gay pornographique des années 70 et 80, quelques films devenus aujourd'hui cultes, des classiques incontournables tels que le nostalgique Cruising 57 / Route 57 ou le périple chaotique d'un jeune gay, le très étrange et dérangeant Do me evil, Reflections of youth et Schoolmates, de véritables petits bijoux qui se veulent le reflet de l'homosexualité adolescente des années 70. Ross s'est ainsi doucement mais surement taillé une solide réputation parmi les amateurs d'un certain cinéma gay underground mettant en scène cette jeunesse homosexuelle américaine à
travers ces pellicules parfois bizarres, singulières peuplées de jeunes éphèbes tout juste majeurs. White trash, réalisé en 1977, ne fait pas exception à la règle.
Le film est en fait composé de quatre segments chacun présenté par un carton en forme de mur de briques qui affiche son titre et le nom des acteurs. Rien ne les relie donc si ce n'est la jeunesse de leurs interprètes qui vivent tout simplement leur sexualité librement face à l'objectif voyeur du cinéaste et l'étrangeté des situations qui parfois donne à l'ensemble un coté surréaliste, propre au hardcore gay de ces années. White trash s'ouvre de façon inquiétante. Un junkie au look crasseux, coupe afro, totalement défoncé, vacille puis se roule
à terre tout en sniffant l'odeur d'une fleur dont le parfum semble lui avoir monté à la tête. La scène est filmée de manière déjantée qui la rend totalement folle, surréaliste, appuyée par une musique distordue, angoissante, accompagnée de murmures. Après un plan du junkie un joint aux lèvres commence alors le premier sketch qui ne porte aucun titre. L'objectif de Ross pénètre simplement dans les toilettes d'un adolescent qui urine puis se masturbe avant de se diriger vers la salle de bain où l'attend un ami qui le suce dans la baignoire. L'aspect "super 8" donne à cette séquence un coté presque clandestin comme si la caméra du réalisateur s'immisçait dans l'intimité glauque de ces deux garçons. Commence alors
une longue séquence de fellation suivie par les ébats des deux éphèbes dans la chambre qui enchainent masturbation, fellation et sodomie. Cette première histoire est accompagnée par les compositions très flower power de Jerry Garcia, fondateur du fameux Grateful dead, à l'instar du second segment. De quoi réjouir les fans de ce monument musical du rock woodstockien. Un régal auditif.
La seconde narration toujours bercée par les notes de Garcia est intitulée "Rip off". Deux jeunes dévalisent tranquillement les cabanons le long des docks. Ils font une pause, fument un joint puis se dirigent vers une nouvelle petite maison dans laquelle ils entrent. Ils
fouillent, farfouillent, déballent ce qu'il y a dans des cartons. L'un deux tombe sur un numéro du magazine masculin Hustler. Ils regardent les photos d'hommes nus. Cela les excitent. Détendus, un des deux garçons se met à masturber son copain puis ils font l'amour. Masturbation, fellation et sodomie sont au menu là encore. Une fois satisfaits ils repartent.
La troisième histoire, "Underground", nous entraine cette fois dans l'univers de la prostitution masculine. Un jeune garçon repère une petite gouape sur les avenues new-yorkaises à qui il fait signe de monter dans sa voiture. Le prostitué accepte de venir chez son client. Une fois arrivés, ils baisent. Parallèlement deux petits prostitués décident de passer
un moment ensemble dans l'appartement de l'un d'eux. Ils baisent également. Les deux
L'ultime segment tout simplement titré "White trash" est très certainement le plus étrange. Un jeune garçon, seul dans une salle de cinéma minable, assiste à la projection d'un concert de Led Zeppelin, l'occasion pour Ross d'accompagner le sketch par une version live de l'indémodable "Stairway to heaven" suivi de "Dazed and confused". Un beau blondinet chevelu le rejoint, s'assoit à ses cotés et tente d'exciter son voisin en se touchant. Timide le garçon ne sait quoi faire mais il finit par se laisser amadouer et se met à masturber son compagnon de cinéma sous l'oeil de Robert Plant (le chanteur de Led Zep pour les incultes)
qui semble, tel un hologramme, sortir de l'écran en se dédoublant. Les deux garçons quittent la salle pour aller aux toilettes, chacun se masturbe de son coté, l'un dans l'urinoir, l'autre assis sur les lavabos face au miroir qui renvoie leur image. Désir fantasmé? Réalité? On passe de la salle de cinéma pour se retrouver soudain aux toilettes puis de nouveau dans la salle avec un Robert Plant ectoplasmique. L'ambiance est une fois encore surréaliste, comme une illusion, une hallucination homo-érotique née d'abus de substances illicites. Plus que jamais Dazed and confused. Sans aucune unité de temps on retrouve les deux garçons dans une chambre où ils font l'amour. Le film se clôture par l'apparition du hippie junkie qui l'ouvrait.
Toujours aussi défoncé il erre le long des docks habillé d'une sorte de longue chemise-robe et de cuissardes. Fin!
Autant dire que les amateurs de hardcore qui mêlent étrangeté et sexe viril sur fond de rock 70s et de sons distordus seront ravis. La séquence d'ouverture et celle qui clôt le film donnent le ton. Sexe drogue et rock'n'roll au coeur même de la jeunesse américaine gay des années 70. Peu importe qui est ce junkie crasseux à la coupe afro totalement stone (génialement interprété par l'anonyme Speedfrank Frank dont ce fut l'unique apparition à l'écran, quel dommage!), peu importe le rôle qu'il joue dans le film (aucun visiblement) il
marquera les esprits de par ses quelques minutes de présence seulement. Comme pour ses autres productions White trash est une peinture des moeurs de la jeunesse homosexuelle de cette Amérique pré-condom, libre, insouciante. De petits prostitués, des petits voyous au visage d'ange, de simples jeunes tout juste majeurs qui ne pensent qu'au sexe, qu'à s'amuser, à profiter. Il n'y a pas de véritable histoire, ni fil conducteur qui relierait les quatre segments. Ce sont juste quatre scènes de vie, de sexe entre beaux éphèbes dont le seul point commun est le plaisir qu'ils prennent à s'ébattre, à s'aimer. Point de comédiens professionnels, Ross comme très souvent a recours à des acteurs amateurs qui apportent
à l'ensemble un coté documentaire, réalité particulièrement appréciable, un coté amplifié par une caméra qui souvent semble s'inviter, prendre sur le vif la sexualité de ces adolescents parfois un peu maladroits. On sourira face à un des jeunes voleurs du second sketch qui semble n'avoir encore jamais vu de pénis, à la fois surpris et heureux de découvrir et pouvoir jouer avec celui de son copain qu'il manipule avec une gaucherie attendrissante. On pénètre dans les toilettes de l'adolescent, on le regarde pisser puis se masturber comme le regarde son copain de la baignoire où il prend un bain avant que tout deux ne baisent sur le lit. Exactement comme les deux jeunes qui se rencontrent au cinéma.
Ross joue les voyeurs et transforme son spectateur en voyeur lui même, témoigne de la vie qu'abritent les avenues new-yorkaises que foulent une multitude de petits tapins. Voilà encore un bel éventail de l'homosexualité à New-York.
Les scènes de sexe, très nombreuses, sont toujours belles, viriles, parfois solaires, filmées et photographiées avec soin et sensualité. Les phallus qui jaillissent des petits slips (lorsqu'ils en portent, nous sommes en 1977 encore et les hommes aimaient être nu sous leur jean extra moulants) sont aussi magnifiques que gourmands. Ils en feront rêver plus d'un à l'image même des courbes parfaites de ces corps graciles tout juste sortis de
l'adolescence d'une tout aussi superbe distribution de jeunes mecs aux cheveux longs à la beauté estampillée années 70. Gerald Vincent et un comédien non crédité pour le premier sketch, Karl Crespon et Sam Filoni pour le deuxième, St Duke, St Anthony et deux inconnus non crédités pour le troisième et enfin Wren Carmichael et Kevin Lediz (et non Kevin McDonald comme indiqué sur l'imdb!) pour l'ultime histoire.
Dernier film du réalisateur du moins sur pellicule puisque dés 1982 (après une compilation de plusieurs segments pris ça et là dans quelques uns de ses films intitulée Duplicated) il
poursuivra sa carrière en vidéo White trash, à l'instar des autres films de Ross, est un petit joyau du porno gay vintage, un témoignage de plus des moeurs sexuelles d'une époque révolue, un voyage dans le temps tout en pattes d'éph' et cheveux longs sur fond de rock hippie et de sons inquiétants, un mix parfait! Excitant (difficile de résister face à ces jeunes corps fougueux qui se donnent les uns aux autres), fantasmatique, curieux, viscéralement homo-érotique, il ravira une fois encore les amateurs de porno gay 70s senteur Marie-Jeanne et rassurera ceux qui pensaient qu'il était impossible de baiser sur du Grateful dead et du Led Zeppelin, s'imaginant perdu au creux de la chevelure de Robert Plant. En ces temps là Mylène Farmer et Bilal Hassani n'existaient pas encore. Dieu merci!