L'infermiera
Autres titres: Défense de toucher / I will if you will / The nurse / The sensuous nurse / The secrets of a sensuous nurse
Réal: Nello Rossati
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 100mn
Acteurs: Ursula Andress, Duilio Del Prete, Daniele Vargas, Lino Toffolo, Mario Pisu, Marina Confalone, Jack Palance, Luciana Paluzzi, Carla Romanelli, Attilio Duse, Stefano Sabelli...
Résumé: Lorsque le vieil oncle Leonide est victime d'un infarctus ses trois héritiers se précipitent à son chevet non pour le pleurer mais pour attendre sa mort afin de reprendre son entreprise vinicole. Le vieil homme ne se décide pas à mourir, il reprend même connaissance. Un de ses neveux décide alors de prendre une splendide infirmière à domicile afin qu'elle s'occupe de lui. Son plan machiavélique est qu'il succombe à ses charmes et soit victime d'un second infarctus qui cette fois lui serait fatal...
De Nello Rossati on retiendra surtout ses drames érotico-morbides dans lesquels il excella au début des années 70. Prostituée le jour, épouse la nuit, La gatta in calore en sont deux bel exemples. A retenir également dans sa filmographie un film érotique à sketches, Fille de nuit, un rape and revenge brutal, Fuga scabrosamente pericolosa et le moindre Le mani di una donna sola avec Marina Frajese. Ses tentatives d'incursions dans la sexy comédie sont malheureusement moins appétissantes. Malgré quelques bons moments Io zombo tu zombi lei zomba décevait. Après la surprise qu'avait été La nipote, une comédie aigre douce
gentiment érotique au charme très italien on pouvait s'attendre à beaucoup mieux de L'infermiera d'autant plus qu'Ursula Andress endossait la blouse ultra sexy de l'infirmière du titre. Malheureusement Défense de toucher, titre sous lequel fut distribué le film en France, est une bien monotone déception, peut être le moins bon film de son auteur.
Le vieil oncle Leonide Bottacin, un invétéré coureur de jupons qui a enterré son épouse deux ans plus tôt, est victime d'une attaque cardiaque. Ses proches sont d'autant plus inquiets qu'il ne réagit même plus à la vision d'une jolie poitrine ou d'un plantureux fessier. Son docteur ne lui donne que 36 heures à vivre. Ses héritiers, ses deux neveux, sa nièce et le
mari de cette dernière, se rendent à son chevet non pas pour le pleurer mais pour attendre qu'il rende enfin son ultime souffle afin de reprendre son entreprise vinicole et s'associer à un géant américain, Mr Kitch. Mais le vieil homme ne se décide pas à mourir, un inconvénient qui fait enrager Benito qui a fait venir des USA Mr Kitch dans le but de signer les contrats. La situation devient critique lorsque le docteur leur annonce que Leonide a finalement surmonté son attaque mais qu'il faudra désormais qu'ils soient tous très prévenants avec lui. Il ne résisterait pas à une seconde crise. Cela ne tombe pas dans l'oreille de sourds. Ils décident d'engager Anna, une fausse infirmière, en fait la maitresse de Benito, qui sera chargée de
s'occuper de lui, de le remettre sur pied et surtout de lui faire perdre la tête afin que l'insatiable vieux fripon succombe définitivement face aux atouts charnels très avantageux de la jeune femme. Si le plan semble fonctionner au début il ne va pas se dérouler comme prévu puisqu'ils n'avaient pas imaginé que Anna puisse tomber réellement amoureuse du vieil homme. Non seulement les héritiers n'auront rien mais l'oncle Léonide aura retrouvé une seconde jeunesse auprès de l'infirmière avec qui il décide de partir en voyage. Face à sa beauté Leonide finit par succomber à un second infarctus. C'est Anna qui hérite de ses propriétés, un plan que la fourbe avait prévu en secret.
Produit par Carlo Ponti, convaincu du talent de Rossati suite au succès de La nipote, Défense de toucher est évidemment une satire acide des moeurs bourgeoises vue à travers cette famille d'industriels vénitiens qui se veut moderne et n'a pas peur de jouer avec la vie du vieil oncle pour s'emparer de ce qu'il a crée. On accepte même qu'il sorte de son coma pour mieux le voir mourir par la suite en commettant un crime déguisé. Que son coeur finisse par lâcher en voyant les attributs particulièrement avantageux de la si séduisante infirmière qu'ils ont spécialement engagé. Une mort douce et si naturelle pour un vieux coquin mais cela reste un meurtre. Le thème n'est pas en lui même nouveau puisqu'il a déjà été sollicité
dans d'autres comédies mais il était intéressant. Rossati qui s'inspire ici des comédies érotico-morbides popularisées par Salvatore Samperi aurait pu en tirer un film drôle, à l'humour noir, bourré de situations cocasses. Il n'a malheureusement pas utilisé la moitié des possibilités qui lui étaient offertes donnant l'impression d'assister par moment à une pellicule inachevée. Il semble oublier parfois son scénario pour s'attarder sur de longues séquences qui consistent dirait-on à l'étirer au maximum afin d'atteindre les 90 minutes réglementaires. Pour preuve l'interminable scène du strip-tease / dégustation dans la cave ou les délires militaires de Gustavo entre autres.
Le plus décevant reste cependant le fait que Défense de toucher n'est jamais vraiment drôle. Les gags sentent souvent le déjà-vu, certains s'étirent eux aussi de manière lassante, d'autres ne font pas vraiment rire ou si peu à moins d'avoir le rire facile. Pire: la plupart des personnages sont idiots si ce n'est franchement irritants, Lino Toffolo en tête en homme à tout faire qui en fait des tonnes, multipliant les pitreries jusqu'à devenir exaspérant. Il est suivi par Daniele Vargas tout aussi énervant en militaire convaincu qui s'amuse à jouer les bidasses au beau milieu du jardin ou sous le toit de la villa familiale. Et l'érotisme alors? C'est peut être bien la seule chose qui fera tenir le spectateur jusqu'au bout de cette bande
puisque Rossati ne cesse de déshabiller Carla Romanelli (la domestique idiote mais débauchée) qui nous offre même un strip-tease intégral et profite bien sûr de la présence d'Ursula Andress, le gros (le seul?) atout du film. Ursula se dévêt, Ursula est nue, Ursula se montre autant coté pile que coté face, Ursula nous gratifie même d'une scène de piscine où elle nage nue, offrant toute son intimité à la caméra, Ursula demeure Ursula! Impossible donc d'être déçu sur ce point. Dommage que son jeu ne suive pas. Rarement aura t-elle aussi mal récité. Ursula parait s'ennuyer, peu convaincue par ce scénario qui ne l'emballe guère mais ne fait que la déballer. Elle n'a pas le peps qu'on aimerait lui voir. Elle rayonne de
par sa beauté mais elle est désespérément froide. Quel dommage. Ursula avouait ne regretter aucun film qu'elle a fait aussi mauvais étaient-ils car elle s'est à chaque fois amusée. Espérons donc qu'elle se soit bien plus amusée que le spectateur devant son écran. Défense de toucher peut néanmoins se vanter d'être un des seuls films voire le seul film où Luciana Paluzzi se déshabille. Elle nous offre ici un simple topless mais voilà qui est suffisamment rare pour être noté. C'est sur les épaules de Duilio Del Prete, Benito le mari de Luciana Paluzzi, que repose une bonne part du film, secondé par Toffolo. Duilio se démène durant quasiment tout le film qui se transforme par instant en un one man show de l'acteur.
On appréciera ou non son numéro mais on retiendra surtout la longue séquence, franchement sympathique où il montre à Ursula comment s'occuper et surtout aguicher le vieil oncle. Quant à Jack Palance, cigare à la bouche, son nom au générique est purement anecdotique puisqu'il n'a que quatre ou cinq minutes de présence à l'écran en tout et pour tout dans le rôle de Mr Kitch.
Comédie à l'ambiance typiquement vénitienne récitée en vénitien (le film fut tourné à Conegliano à Trévise) Défense de toucher aurait pu être une sexy comédie acide sur la noirceur de la haute bourgeoisie alliant avec bonheur humour et cynisme. Le résultat est plus que mitigé. Certes le film est aussi noir que cette famille est odieuse mais il échoue sur le plan de l'humour, préférant la facilité à l'originalité. Cette petite bande vénitienne vaut essentiellement (uniquement) pour les innombrables nus de Ursula Andress et la nudité des actrices de manière plus générale qu'on n'aimerait pas se voir interdire de... toucher!