Disco delirio
Autres titres: Disco music fever
Réal: Oscar Righini
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Disco movie
Durée:
Acteurs: Dalida Baglioni, Ada Pometti, Maurizio Micheletti, Anbra Davy, Dario Bramante, Luana Barbieri, Erminia Cristoforo, Patrizia Levre, Tino Polenghi, Al Taylor, Raf Rabaioli...
Résumé: Un concours de danse est organisé par deux des boites de nuit de Milan les plus prisées par les jeunes, le Ganech et L'esplanada. Les deux clubs seront chacun représentés par cinq couples. Les dix couples vont s'entrainer pour être fin prêts le soir du grand concours...
Seule et unique réalisation du producteur Oscar Righini (La longue nuit de véronique, Les nuits rouges de la Gestapo, L'amour chez les poids lourds) Disco delirio comme l'indique très justement son titre est un des quelques ersatz italiens du film de John Badham, La fièvre du samedi soir. Nos amis transalpins n'ayant jamais raté l'occasion de s'emparer d'un phénomène international pour le refaire à leur sauce les acrobaties de John Travolta ne pouvaient les laisser indifférents. Ainsi déboulèrent sur les écrans une petite dizaine de "disco movies" tous plus insipides les uns que les autres dont parmi les plus consistants
John Travolto... da un insolito destino, Baila guapa... . Parmi les plus faibles il y a Disco delirio qui malgré son titre enflammé ne risque guère de mettre le feu aux dance floors.
D'histoire il n'y en a quasiment pas. Nous sommes à Milan. La fièvre du samedi soir fait des ravages dans les clubs de la ville notamment au Ganesh club et à L'esplanada où la jeunesse milanaise passe la majorité de ses week-end. Un concours est justement organisé par ces deux boites. Elles seront chacune représentées par cinq couples. Le concours se fera au Ganesh. Le meilleur couple remportera le trophée. Sur la piste le temps est aux répétitions. La rivalité est dans l'air tant sur le dance floor qu'à l'extérieur. Le Ganesh
gagne le concours grâce à la performance de Patrizia et Maurizio. Ils vont fêter leur victoire à l'Esplanada. Sur la route Maurizio est victime d'un accident de moto.
Le résumé de l'intrigue tient en trois lignes et avec ces trois lignes Righini doit tenir 90 minutes. La solution miracle est tout bêtement d'enchainer les séquences de danse. Car oui on danse beaucoup dans ce disco movie du pauvre. On ne fait quasiment que ça. En boite ou chez soi à l'exemple de la plantureuse Cocca qui se met à se trémousser dés qu'une musique parvient à ses oreilles comme lorsqu'elle se lève de bon matin, met un disque et se met à exécuter une chorégraphie en robe de chambre négligemment ouverte
au milieu du salon. Le reste n'est que remplissage et remplir signifie ici filmer des virées en moto dans la brume milanaise pour se rendre en boite, une manière de montrer la rivalité des couples, le coté rebelle de la jeunesse des années 80. Mais on est à des milliers d'années lumière des équipées sauvages des années 60 et 70. Tout cela ressemble à des balades espagnoles d'autant plus que nos motards semblent rouler au ralenti. Il n'y a pas à dire mais on baille aux corneilles, tout ce remplissage n'ayant aucun intérêt à l'image même des dialogues aussi insipides qu'involontairement drôles parfois. Que valent alors les numéros de danse?
Résultat mitigé. On ne peut pas dire que ce soit la folie. Certes on danse les trois quart du métrage, certes les chorégraphies sont sympathiques sans être non plus démentielles, certes les protagonistes savent danser mais le gros problème vient de la mise en scène elle même. Righini sait-il utiliser une caméra? On se le demande. La majorité des scènes de danse (comme les virées en moto d'ailleurs) sont filmées de loin, la caméra fixée au sol, figée. Elle ne capte jamais les mouvements des danseurs, ne les met jamais en valeur lorsqu'ils ne sortent tout simplement pas par moment du champ! Irritant! En outre Righini enchaine 90 minutes durant d'interminables plans séquences, vite fatigants d'autant plus
que l'ensemble est d'une telle mollesse. Ce devrait être la fête. Tout le monde semble éteint! Les boites sont quasiment vides, les quelques clients sont amorphes, assis dans les canapés. Seul le barman s'agite derrière son mini bar à préparer des cocktails qu'il ne sert à personne! Cultissime! Reste la musique. Righini fait tourner en boucle trois classiques du disco: l'incontournable Le freak de Chic, Love is in the air de John Paul Young et Superstar de Bob McGilpin. Si on ne les aime pas, attention on risque l'overdose. Si on aime on sera tenté de taper du pied et vouloir bouger son boule!
Le clou du film reste évidemment la compétition finale soit environ vingt minutes de danse
non stop. Plutôt sympathique. Le film aurait pu s'arrêter là, sur ce happy end mais Righini en a décidé autrement. Après une danse performée par Patrizia sur la table d'un restaurant, une séquence là encore culte tant elle est bête et improvisée, tous les couples se rendent en moto à L'esplanada fêter la victoire de Patrizia et Maurizio ce dernier se fracasse contre une barrière et finit à l'hôpital en bien mauvais état. Une fin plutôt trash mais ce qui aurait pu être triste devient involontairement comique. D'une, la virée en moto est bizarrement tournée en accéléré pour donner enfin une impression de vitesse. L'effet est juste hilarant et totalement raté. De deux, l'accident est si mal filmé qu'on ne peut s'empêcher d'éclater de rire. De
nouveau cultissime! Quant aux ultimes images Righini a improvisé une chambre d'hôpital (sans aucun appareillage) où se sont réunis tous les amis soit une bonne quinzaine de personnes en pleurs. Hallucinant! Un peu comme la phrase du médecin qui clôt le film: "Rassurez vous. On le sauvera!" Vu son état (et la chambre) on en doute. Mais c'est encore et toujours culte.
Que dire des interprètes? La quasi totalité du casting est composée d'acteurs non professionnels tous milanais choisis ni pour leur beauté physique ni pour leurs talents de comédien bien faibles mais pour leur capacité à savoir danser. Parmi eux on remarquera
surtout la blonde Dalida Baglioni (Patrizia). Etait-ce son véritable nom? Mystère! Personne sur le plateau ne l'a jamais su. Au beau milieu de ces inconnus d'un jour on remarquera tout de même deux figures génériques qui firent les beaux jours du cinéma de genre, la romaine Ada Pometti (Cocca) qui ne loupe aucune occasion de défiler en tenue légère et d'exhiber un sein et le pataud Tino Pollenghi en DJ improbable (DJ Bomba), 1m60 au garrot, chemise à jabots rose, lunettes à double foyer et cheveux gominés!
Longtemps une rumeur voulut que Disco delirio existe en trois versions toutes plus érotiques les unes que les autres dont une particulièrement hard interdite aux moins de 18
ans! Lors d'une interview donnée il y a quelques années Tino Polenghi fut clair à ce sujet. Il n'y a jamais eu d'autres versions que celle ci. S'il en avait existé ou si des scènes érotiques avaient été retournées il en aurait été le premier informé en grand spécialiste du remontage de films qu'il fut. Hormis les petites tenues de Ada Pometti et la scène cultissime où Erminia Cristaforo (Mimma) exécute un strip-tease sur la piste et finit en string pour mieux se faire peindre le corps par un peintre pendant qu'elle se trémousse il n'y a aucune autre scène "hot" dans ce délire disco.
Tourné fin 1978 Disco delirio est d'une flagrante pauvreté à la limite par moment de
l'amateurisme. Privé de toute intrigue il ne reste que les scènes de danse pour canaliser notre attention. C'est bien peu mais ça peut fonctionner si on aime ce type de produit. On pourra taper du pied en rythme et en plus s'étourdir à ne plus en finir sur les titres de Chic, de Paul Young et de McGilpin. Si on ajoute le coté trash de certaines scènes et l'aspect comique involontaire de l'ensemble on a un produit que l'amateur prendra plaisir à visionner. La rareté du film fera le reste, n'ayant jamais eu les honneurs d'une sortie vidéo encore moins numérique, l'unique façon de découvrir ce Z musical étant un antique passage télévisé de qualité très moyenne. Un joyau "disco" donc pour le collectionneur.