Journal d'une maison de correction
Autres titres:
Real: Georges Cachoux
Année: 1980
Origine: France
Genre: Drame / WIP
Durée: 86mn
Acteurs: Veronique Day, Martine Bougeon, Evelyne Dassas, Eva Ionesco, Patricia Lavidange, Richard Martin, Alexandre Fabre, Dominique Webb, Jacques Nivelle, Tania Sourceva...
Résumé: Un jeune prêtre est chargé de s'occuper des adolescentes d'une maison de correction marseillaise. Il va devoir se battre contre les idées rétrogrades de la directrice, l'inéfficacité des policiers et le coté rebelle des jeunes filles. Lorsque Patricia, la meneuse, est arrêtée et jugée, ses amies vont tout mettre en oeuvre pour la faire libérer. Elle revient ainsi à la maison mais elle découvre qu'une nouvelle meneuse, une jeune prostituée nommée Laurence, est arrivée. Elles se déclarent la guerre mais un jour Patricia disparait, enlevée par un proxénète...
Si Journal d'une maison de correction peut se rattacher au genre WIP à la française, il n'en est pas moins un bien voire trés mauvais exemple. Le film de Georges Cachoux, petit réalisateur-producteur de films érotiques de troisième zone, se veut en fait une sorte de drame social réaliste qui tente de dépeindre la vie d'une maison de redressement pour adolescentes située à Marseille.
L'ensemble tourné comme une sorte de chronique au quotidien était alors dans l'air du temps puisqu'en ces années on aimait donner bien hypocritement aux films un faux air de réalité. L'hypocrisie ne paie malheureusement pas cette fois vu la totale absence de mise en scène et l'amateurisme de l'interprétation. Sommes nous face à un drame parodique, une mauvaise comédie de moeurs, une farce de quartier involontairement hilarante du moins souhaitons le, difficile de répondre à la question si on a un tant soit peu envie d'y répondre.
Le scénario est quasiment inexistant même s'il tente de soulever quelques points sociaux qu'il évince trés vite puisqu'il n'y a aucune ligne narrative. Il est donc bien difficile de donner un brin de crédibilité à ce film qui essaie en vain d'étaler misère, scandales et complaisance.
Pour cela il aurait fallu non seulement une réalisation beaucoup plus solide mais surtout un peu plus de psychologie ce dont le film est entierement dénué. Les personnages tous autant qu'ils sont ne sont que des fantoches grotesques qui semblent se demander ce qu'ils sont venus faire dans cette maison de correction. Le prêtre est plus proche du clown farfelu que de l'homme d'église rebelle qui n'a de cesse de se battre pour ces adolescentes paumées tandis que les policiers semblent tout droit sortir d'un film des Charlots. La directrice est quant à elle une caricature hilarante qu'on imagine échappée d'une pièce de théatre locale. Est il besoin de parler des proxénètes, guignols ébourriffés issus d'un vaudeville provincial.
Les gags dont Chacoux a cru bon de parsemer son film sont plus pitoyables que drôles et surtout fort mal venus ici, accentuant l'aspect comédie du pauvre de l'ensemble. Si le jeu des acteurs frise l'amateurisme, les adolescentes jouent en ce qui les concerne leur propre rôle. Voilà qui n'est guère fait pour relever le niveau déjà trés bas du film. L'apparition de Dominique Webb dans son propre rôle, alors magicien populaire, concurrent de Gérard Majax en ces années, fait irréversiblement sombrer le film dans les profondeurs abyssales du ridicule. Peut être aurait il du faire disparaitre la pellicule...
Celui ci n'ayant été interdit qu'aux moins de 13 ans lors de sa sortie, il ne faut pas s'attendre cette fois à de croustillantes séquences qui auraient pu donner un léger intérêt à cette triste maison. Tant la violence que le sexe sont édulcorés au maximum. C'est à peine si on entraperçoit un sein, les plans étant systématiquement coupés aux moments cruciaux.
Reste la curiosité du film, la raison pour laquelle il s'est taillé une petite réputation au fil du temps, la présence d'Eva Ionesco. Les admirateurs de la lolitrash agée alors de 15 ans seront tout aussi déçus. Eva qui arbore désormais un véritable corps de femme malgré son jeune âge, toujours aussi troublante et boudeuse, n'apparait que dans la seconde partie du film dans le rôle d'une prostituée particulièrement brutale... du moins est il écrit dans le scénario. On cherche la brutalité une fois à l'écran! Son personnage tourne trés vite à la farce, transformé en poupée blonde courant en tous sens. Chacoux ne prend pas même le temps de la déshabiller mais outrageusement maquillée il la livre à un cat's fight navrant avant un final digne d'un roman photo de gare.
Vulgairement puritain, hypocritement sobre, rien ne sauve Journal d'une maison de correction du désastre. L'ennui se pointe dés les premières pages de ce pauvre journal. C'est ici le réalisateur qui aurait mérité une correction pour avoir osé une telle catastrophe.