Journal d'une maison de correction
Autres titres:
Real: Georges Cachoux
Année: 1980
Origine: France
Genre: Drame / WIP
Durée: 88mn
Acteurs: Veronique Day, Martine Bougeon, Evelyne Dassas, Eva Ionesco, Patricia Lavidange, Richard Martin, Alexandre Fabre, Dominique Webb, Jacques Nivelle, Tania Sourceva...
Résumé: Un jeune prêtre est chargé de s'occuper des adolescentes d'une maison de correction marseillaise. Il va devoir se battre contre les idées rétrogrades de la directrice, l'inefficacité des policiers et le coté rebelle des jeunes filles. Lorsque Patricia, la meneuse, est arrêtée et jugée, ses amies vont tout mettre en oeuvre pour la faire libérer. Elle revient ainsi à la maison mais elle découvre qu'une nouvelle meneuse, une jeune prostituée nommée Laurence, est arrivée. Elles se déclarent la guerre mais un jour Patricia disparait, enlevée par un proxénète...
Le nom de George Cachoux n'est généralement pas une gageure de réussite. Réalisateur de films érotiques de troisième zone aux titres évocateurs (Femmes vicieuses, Le sexe à la barre...) et de l'inénarrable french mondo Saint-Tropez interdit, producteur de séries Z et autres navets franchouillards (Adam et Eve avec Michel Galabru et Alice Sapritch dans les rôles titres) il signe en 1980 ce qu'on peut considérer être un WIP à la française, Journal d'une maison de correction, dont il est un très mauvais exemple puisqu'on est ici bien plus devant une farce navrante que d'un drame carcéral situé dans le monde des maisons de redressement.
Dans une maison de correction située à Marseille les pensionnaires menées par Patricia, la plus dure d'entre elles, s'opposent systématiquement à toute forme d'autorité. Elles n'obéissent ni au jeune prêtre ni à la police ni à la direction de l'établissement. Lorsque Patricia est arrêtée et menée en prison ses amies font tout ce qu'elles peuvent pour réunir l'argent nécessaire pour lui payer un avocat. Libérée elle retourne à la maison de redressement mais elle a la mauvaise surprise de constater qu'une nouvelle adolescente, Laurence, une prostituée, a pris sa place. C'est alors que Patricia disparait. Toutes les filles épaulées par le prêtre et la police se mettent alors à sa recherche. Ils la retrouvent chez un
proxénète et la libèrent de ses griffes.
Narré par une insupportable voix off Journal d'une maison de correction se voudrait une chronique au quotidien de la vie dans une maison de redressement pour jeunes filles, une sorte de film-vérité pseudo documentaire bien hypocrite comme on aimait en faire dans les années 70 et 80. Malheureusement l'absence totale de mise en scène et l'amateurisme de l'interprétation ruinent en quelques minutes tout effort, brisent tout intérêt qu'on aurait pu trouver à cette histoire. C'est incrédule qu'on assiste à ce récit pathétique et très vite une question nous taraude l'esprit. Comment faut-il prendre cette pellicule puissance Z? Est-ce
un drame parodique, une mauvaise comédie de moeurs, une farce de quartier involontairement hilarante? Difficile d'y répondre si toutefois on a un tant soit peu envie d'y répondre. Dénué de véritable scénario Journal d'une maison de correction tente bien de soulever quelques points sociaux mais privé de toute ligne narrative et d'une réalisation digne de ce nom il est donc bien difficile voire impossible de donner un brin de crédibilité à ce film ridicule qui essaie en vain d'étaler avec une complaisance évidente misère et scandales sur fond d'érotisme de pacotille.
Et ce ne sont pas les protagonistes qui donneront un peu d'épaisseur à l'ensemble.
Dépourvus de toute psychologie les différents personnages aussi vilainement stéréotypés que les situations qu'ils vivent ne sont que des fantoches grotesques qui semblent se demander ce qu'ils sont venus faire dans cette maison de correction. Le prêtre est plus proche d'un clown de cirque que de l'homme d'église rebelle, anarchiste, qui n'a de cesse de se battre pour ces adolescentes paumées, les policiers semblent droit sortis d'un film des Charlots ou échappés des Gendarmes de De Funès. La directrice est quant à elle une caricature hilarante de l'autorité échappée d'une pièce de théâtre locale. Est-il besoin de parler des proxénètes, vagues loubards hirsutes issus d'une sitcom? Cachoux a de surcroit
cru bon d'ajouter une dose d'humour à cette histoire déjà bien miséreuse et involontairement comique. Inutile de dire que les gags noyés dans une musique tirée d'une Histoire sans parole sont plus pitoyables que drôles et surtout fort mal venus ici.
Que dire de l'interprétation si on peut parler d'interprétation? Le jeu des acteurs frise l'amateurisme. Les adolescentes sont interprétées par des non professionnelles qui jouent leur propre rôle. Voilà qui n'est guère fait pour relever le niveau déjà très bas de ce Journal. Une catastrophe! L'apparition en fin de bande de Dominique Webb, le célèbre magicien concurrent direct de Gérard Majax en ces années 80, ici dans son propre rôle fait sombrer
définitivement le film dans les profondeurs abyssales de l'absurde. Peut-être aurait il du faire disparaitre cette pellicule interdite aux moins de 13 ans lors de sa sortie! Malgré cette interdiction il ne faut cependant pas s'attendre à de croustillantes séquences qui auraient pu apporter un regain d'intérêt à cette triste maison. Tant la violence que le sexe sont édulcorés au maximum. A l'image des bandes Z érotico-soft de l'époque on aura simplement droit à quelques plans mal filmés de seins nus et d'adolescentes se promenant en petites culottes au pensionnat, histoire de bien nous rappeler qu'on est dans un film carcéral! Les très rares plans de sexe sont quant à eux systématiquement coupés au moment crucial. Frustrant!
Reste la curiosité du film, la raison pour laquelle il s'est taillé une petite réputation au fil du temps, la présence d'Eva Ionesco. Les admirateurs de la lolitrash âgée alors de 15 ans seront tout aussi déçus. Eva la mine toujours aussi boudeuse arbore désormais un véritable corps de femme mais n'apparait que dans la seconde partie du film dans le rôle de Laurence la prostituée particulièrement brutale... du moins tel le voudrait le scénario. On cherche en effet la brutalité une fois à l'écran! Boudiné, outrageusement maquillé son personnage tourne rapidement à la farce, transformé en simple poupée blonde qui passe son temps à aller et venir. Honte à Chacoux qui ne prend pas même le temps de la
déshabiller (si ce n'est un bref plan en soutien-gorge) mais la livre à un cat's fight navrant. Bien loin est le temps fantasmatique du superbe La maladolescenza.
Vulgairement puritain, hypocritement sobre, involontairement hilarant, dénué de mise en scène et d'interprétation, noyé dans une musique à l'eau de rose hideuse rien ne sauve Journal d'une maison de correction du désastre pas même la présence d'Eva. L'ennui se pointe dés les premières pages de ce pauvre journal. C'est ici le réalisateur qui aurait mérité une bonne correction pour avoir osé une telle catastrophe pelliculaire qui entre les mains d'un metteur en scène digne de ce nom aurait pu donner quelque chose de fort. Restent les images de la cité Phocéenne de ce début d'années 80 pour les amoureux de la ville... car oui il parait que ça existe!