Satiricosissimo
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Réal: Mariano Laurenti
Année: 1970
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 85mn
Acteurs: Franco Franchi, Ciccio Ingrassia, Edwige Fenech, Giancarlo Badessi, Arturo Dominici, Karin Schubert, Linda Sini, Pino Ferrara, Samson Burke, Ignazio Leone, Gina Mascetti, Gigi Reder, Leonardo Severini, Ugo Carboni, Ivana Novak, Renato Montalbano, Lorenzo Terzon, Brizio Montinaro, Antonio Piovanelli, Loris Bazzocchi, Mimmo Poli, Luca Sportelli, Veriano Ginesi, Ignazio Balsamo, Luciano Bonanni, Sisto Brunetti, Nestore Cavaricci, Pietro Ceccarelli, Stefano Ceccarelli, Mario Del Vago, Alberigo Donadeo, Fulvio Mingozzi...
Résumé: Ciccio et Franco se rendent à une fête déguisée dont le thème est la Rome antique, une période pour laquelle se passionne Ciccio. Après avoir brisé une jarre de vin ils se retrouvent propulsés dans le temps et se réveillent dans la Rome de Néron. Arrêtés par la garde impériale ils sont amenés devant Néron pour qui ils deviennent agents secrets après qu'ils l'aient sauvé d'une tentative de meurtre. Moult péripéties les attendent...
Avant de devenir dés le milieu des années 70 un des piliers de la sexy comédie Mariano Laurenti fit ses débuts en tant que réalisateur dans le musicarelli, nom générique donné aux comédies musicales italiennes très en vogue dans les années 60. On lui doit ainsi deux fleurons du genre Una ragazza tutta d'oro et I ragazzi di Bandiera gialla. Il amorce ensuite un tournant radical en se spécialisant dans la comédie. Après une première tentative en 1969, Zingara, il met en scène l'année suivante ce qui est son cinquième film, Satiricosissimo, une parodie du Satyricon de Fellini dont les deux protagonistes principaux
sont les siciliens Franco Franchi et Ciccio Ingrassia, un des plus célèbres tandems comiques si ce n'est le plus fameux que connut l'Italie.
Ciccio adore Le Satyricon de Petronius dont il a fait son livre de chevet et rêve de vivre à l'époque des romains. Franco ne le comprend pas. Bien plus terre à terre il déteste cet univers. Tout deux se rendent à une fête costumée organisée par leur patron. Voilà qui tombe bien, le thème de la fête est la Rome ancienne. Ils se sont donc déguisés en esclaves romains. Peut-être pour avoir cassé une jarre qui contenait un vin vieux de 2000
ans ils se retrouvent (ou se réveillent?) quelques millions d'années plus tôt dans la Rome antique. Ils sont arrêtés par la garde prétorienne puis amenés au palais de Néron. Ils s'apprêtent à vivre une série d'aventures échevelées.
Avec un tel sujet Mariano Laurenti avait tous les éléments en main pour mettre en scène un bonne petite comédie débridée en costumes. Malheureusement le scénario est ici réduit à son minimum et du Satyricon comme de l'histoire de Rome il ne garde que très peu de choses. Il se contente simplement d'en prendre quelques brefs passages qu'il illustre de manière tout aussi brève. Nos deux lurons rencontrent donc Petronius puis Néron pour
lequel ils deviennent agents secrets après qu'ils aient déjoué la tentative d'assassinat de l'empereur par Caius et son serveur Gaio, ils rencontrent la fourbe Poppée et sa servante Acte qui complotent contre Néron, sont responsables de l'incendie qui va ravager Rome et sont donc condamnés aux jeux de l'arène où ils vont devoir affronter un super gladiateur nommé Taurus. Et c'est à peu près tout, cela survolé en quelques 90 minutes, avant qu'ils ne soient de nouveau catapultés dans notre monde contemporain. Tout n'était qu'un rêve de Ciccio.
En fait tout repose sur le duo que forment Ciccio et Franchi et les anachronismes que multiplie Laurenti, censés donner le ton comique du film. Disons le de suite si on est guère fan du tandem mieux vaut éviter cette pellicule qu'ils occupent du début à la fin d'autant plus qu'on les a connu plus pétulants. Ils enchainent prises de bec et jeux de mots certes ludiques mais pas forcément très recherchés. Les gags qu'on doit en partie à Franchi sont des plus élémentaires. Quant aux anachronismes ils sont sympathiques mais n'ont rien de bien originaux. Laurenti reste basique, on a vu et on reverra bien mieux par la suite et plus
rigolo aussi. Des charrettes avec plaques d'immatriculation, des panneaux de signalisation sur le bord des chemins, la transformation de l'italien en latin dans laquelle se perd souvent Franco et des calembours et autres jeux de mots anachroniques à foison. On esquisse un sourire, on sourit mais difficile d'éclater de rire. Le duo cite par exemple Fellini lorsqu'il rencontre Petronius en lui demandant s'il connait le cinéaste et pense que Franco Nero va jouer Néron lorsqu'il entendent prononcer le nom de Nerone!
Malgré sa banalité Satiricosissimo se laisse néanmoins gentiment visionner. Quelques trouvailles et gags fonctionnent heureusement assez bien (la baignoire remplie de lait
d'ânesse dont vont se servir Ciccio et Franchi pour leur petit déjeuner), le final comme la chute demeurent plutôt sympathiques. On peut également compter sur le savoir-faire de Laurenti. Il a le sens de la mise en scène, du décor et donne à l'ensemble un rythme assez soutenu. C'est un des gros atouts du film. En parodie on aura donc vu bien pire.
La distribution n'est pas des plus laides! Chacun s'en donne visiblement à coeur joie et donne au film une certaine consistance. Outre les pitreries du duo sicilien on a le plaisir de retrouver une toute jeune Edwige Fenech dans la peau de Poppée et Karin Schubert solaire dans celle de sa servante deux ans avant que les deux Vénus ne soient réunies dans ce
petit chef d'oeuvre de la décamérotique qu'est Quel gran pezzo della Ubalda tutta nuda e tutta calda. Malheureusement elles n'arrivent qu'en moitié de film et n'ont que peu de temps de présence à l'écran. Edwige a cependant le temps de nous enthousiasmer en s'offrant un bain de lait. Giancarlo Badessi est Néron qui s'exprime à la Jerry Lewis. Arturo Domenici est un très vilain Tigellino. Tous deux sont vraiment excellents dans leur rôle réciproque. Citons également la présence de Linda Sini (Agrippine), Ivana Novak, Luca Sportelli, Mimmo Poli, Fulvio Mingozzi et le colosse Samson Burke vu dans de nombreux péplums dans le rôle de Taurus.
Malgré son coté élémentaire et un manque d'originalité au niveau des gags et de l'humour un peu trop axé anachronisme ce petit saut temporel inédit en France qu'est Satiricosissimo reste une comédie en costumes plutôt sympathique, un péplum comique suffisamment divertissant pour passer un moment plaisant, la présence des deux comiques n'étant pas cette fois trop dérangeante sauf si on y est vraiment allergique.