Fermi tutti! E una rapina
Autres titres: Nobody moves... This is a robbery.
Réal: Enzo Battaglia
Année: 1975
Origine: Italie / Allemagne
Genre: Polizesco
Durée: 93mn
Acteurs: Fred Williams, Robert Woods, Francesca Muzio, Rosario Borelli, Karin Field, Karl Fisher, Gota Gobert, Pietro Plinio Quinzi, Andrés Resino, Attilio Severini, Maurizio Streccioni, Ferruccio Fregonese, Nando Marineo, Leonora Fani, Gota Gobert...
Résumé: Des bijoux d'une valeur de 8 millions de dollars ont été dérobés lors d'une exposition. Les gangsters ont eu le temps de s'enfuir mais cinq d'entre eux ont été tués lors de leur fuite, éliminés par leur chef. L'inspecteur Scarfoglio mène l'enquête et remonte à Joe Benetti, un ancien bandit devenu alcoolique. Il jure qu'il n'y est pour rien. Scarfoglio lui propose de travailler pour lui pour découvrir qui est à la tête du vol et récupérer les bijoux...
Ex-assistant réalisateur de Francesco Rosi et Pietro Germi, scénariste des Plaisirs dangereux de Duccio Tessari, une coproduction franco-italienne qui lui valut d'être condamné pour obscénité en 1965, le sicilien Enzo Battaglia met en scène son premier film en 1963, Gli arcangeli, le début d'une carrière restée méconnue qui s'étalera sur seulement sept petite années, soit en tout sept long métrages dont un documentaire. Parmi ces films ce petit polar oublié qui sans être une pièce maitresse du genre mériterait cependant une seconde chance.
Une exposition de bijoux d'une valeur totale de 8 millions de dollars doit avoir lieu dans un hôtel de luxe de Rome. Le jour de l'exposition toutes les mesures de sécurité sont prises. L'inspecteur Robert Scarfoglio et ses hommes sont sur la qui-vive. Alors que tout semble bien se passer les membres de l'orchestre censé mettre l'ambiance dévoile leur véritable face. Ce sont des voleurs qui ont pris la place des vrais musiciens. Grâce à un gaz anesthésiant ils endorment la foule et dérobent les bijoux avant de fuir quelques minutes plus tard. Après avoir très vite repris leurs esprits Scarfoglio et ses hommes se mettent en chasser des gangsters. Ils en abattent deux et engagent une course-poursuite avec les trois
autres lorsque soudainement la voiture des voleurs explose. Simple de déduire que tout avait été prévu pour que les bandits meurent. Scarfoglio doit maintenant découvrir qui est à l'origine de ce vol, l'unique survivant qui possède désormais les bijoux. Sur les lieux de l'explosion un policier trouve un précieux indice: la tour d'un jeu d'échec. Voilà qui le mène à Joe Benetti, un ex-gangster devenu alcoolique amateur d'échecs qui réside chez Mirandolina, une pension pour artistes où il se fait soigner. Benetti jure avoir raccroché et n'être pour rien dans cette affaire. Scarfoglio lui propose alors un marché: travailler pour lui et mener ses propres investigations. Benetti accepte à condition d'enquêter à sa manière.
Un cliché pris lors de l'exposition par une jeune photographe, la jolie Iole Oriani, lui met la puce à l'oreille. On y voit Marion Breiton, son ex-femme. Son retour inattendu à Rome ne serait pas une coïncidence. Il est persuadé qu'elle a voulu le piéger et lui mettre le vol sur le dos. Avec l'aide de Iole dont il tombe amoureux Joe va tenter de la coincer et récupérer les bijoux qu'elle possède bel et bien.
Ultime film du metteur en scène Fermi tutti! E una rapina fut tourné en 1974 avant de connaitre une furtive sortie en 1975 puis de disparaitre durant trois ans. Le film eut droit à une deuxième sortie en 1978, une aubaine vouée à l'échec puisqu'il n'eut pas de chance
cette fois encore. Après un passage à la télévision ce petit polar tomba aux oubliettes dans lesquelles aujourd'hui il dort encore espérant un jour en sortir. Car oui cette ultime pellicule de Battaglia mériterait d'être redécouverte. L'ouverture du film laisse songer à une parodie du genre. Ce vol faramineux de bijoux par des gangsters qui ont pris la place des musiciens de l'orchestre ne semble guère sérieux et surtout très invraisemblable. Après ce vol débute une jolie course-poursuite entre bandits et policiers, rondement menée par un Battaglia visiblement en forme, on mitraille, on tue, les corps tombent et les voitures explosent. On est bel et bien dans un bon polar de série B, un complot dont un ex-gangster devenu alcoolique
est victime afin de le faire accuser. Reste à savoir qui se cache derrière cette machination, qui possède les bijoux. L'enquête peut commencer même s'il n'y a guère de suspens. L'intrigue tourne autour de Marion, l'ex-épouse. Reste à savoir comment Benetti et la photographe dont il s'est épris vont s'y prendre pour déjouer les plans de la fourbe et de ses complices, une enquête ralentie par les soucis d'alcool de Benetti qui retombe trop souvent dans ses travers pour finir ivre.
Rien de très original donc mais suffisamment bien amené et mis en scène pour retenir l'attention du spectateur. Battaglia sait doser comédie et polar afin de créer un juste
équilibre sans que l'un ne prenne jamais le dessus sur l'autre, l'ensemble assaisonné d'un bon zeste d'action. Au final on se divertit sans jamais vraiment s'ennuyer malgré quelques petits passages à blanc. Au cahier des charges il était inscrit qu'il fallait programmer ça et là quelques plans érotiques. Battaglia nous offre donc quelques sympathiques nus lors d'une séance photo franchement inutile et n'hésite pas à déshabiller la jeune photographe de façon tout aussi gratuite pour la mettre soit au bain soit au lit. Résultat: tout est là pour que le public passe un bon moment. Mission réussie pour Battaglia qui nous fait voyager de Rome à Gènes.
L'interprétation quant à elle est des plus correcte. Face à Fred Williams (l'inspecteur), acteur germanique vu moult fois en Italie mais aussi dans des productions érotiques françaises et espagnoles (Jesus Franco), Robert Woods qui n'a jamais autant ressemblé à George Hilton est parfait dans le rôle de Joe Benetti. Une toute jeune Francesca Muzio découverte l'année précédente dans la sexy comédie La nipote / Une nièce malicieuse dans le rôle titre est plus à l'aise dans la peau de la photographe intrépide que dans celle de cette nièce de piètre souvenir. Tout trois sont entourés de la teutonne Karin Field (Marion) dont ce sera l'ultime prestation à l'écran et des yeux révolver de la tchèque Kai Fisher (la tenancière). On remarquera la présence trop furtive de Leonora Fani et Gota Gobert.
Pour son tout dernier film Enzo Battaglia signe un petit polar modeste, classique, sans surprise mais suffisamment efficace pour mener à bien son objectif: simplement divertir. De quoi satisfaire l'amateur et réhabiliter Fermi tutti! E una rapina.