I ragazzi di Bandiera gialla
Autres titres:
Réal: Mariano Laurenti
Année: 1967
Origine: Italie
Genre: Comédie musicale
Durée: 77mn
Acteurs: Marisa Sannia, Gianni Pettenati, Riccardo Garrone, Toni Ucci, Fabrizio Moroni, Renata Pacini, Claudio Trionfi, Patty Pravo, Rocky Roberts, Lucio Dalla, Equipe 84, Mal, Gianni Boncompagni, Gian Pieretti, Renato Zero...
Résumé: Carlo et sa petite amie Marisa louent un local afin de le transformer en boite de nuit où pourraient se produire Marisa qui aspire à une carrière de chanteuse et les artistes du moment. Son ami Stefano avec qui il s'est fâché et sa petite amie Paola décident eux aussi de louer un garage pour en faire un club afin pour les concurrencer. Le jour où Marisa doit passer à un radio crocher Stefano lui vole sa chanson et se l'approprie...
Impossible de ne pas associer le nom de Mariano Laurenti à la sexy comédie, la comédie populaire à l'italienne. Avec à son crédit pas moins d'une bonne cinquantaine de titres, on doit quelques uns des plus beaux fleurons d'un genre particulièrement florissant dans les années 70. Mais avant d'en devenir un des principaux piliers Mariano Laurenti fit ses grands débuts derrière l'objectif à la fin des années 60 en réalisant quelques musicarelli, nom donné aux films musicaux italiens très en vogue à cette époque. I ragazzi di Bandiera gialla qu'il mit en scène fin 1967 juste après Una ragazza tutta d'oro est le second de cette mini liste.
Le jeune Carlo Rossi est très ami avec la belle Marisa Gelli dont il est aussi très amoureux. La jeune fille aspire à devenir chanteuse. Avant la fin de son service militaire Carlo aimerait réaliser un rêve: ouvrir un local qu'il transformerait en boite de nuit où Marisa et les artistes branchés du moment pourraient se produire. Il avait dans l'idée de mener à bien ce projet avec son meilleur ami Stefano mais une rivalité amoureuse les a fâché car Stefano a toujours eu des vues sur Marisa. Ils ne font que se chamailler, en viennent même souvent aux mains au grand regret de leurs amis. Stefano et sa petite amie Paola font même tout pour que Carlo échoue dans son projet et tentent de leur coté de monter eux aussi leur boite
de nuit qu'ils nomment "Le chat vert". Carlo loue un garage qu'il emménage ignorant que Stefano loue celui qui est adjacent au sien. Il essaie de se faire réformer dans la foulée mais il échoue. Il tente d'attirer les artistes à venir y chanter pendant que Marisa se présente à des auditions pour sortir sa chanson. Elle a la chance d'être sélectionnée pour le célèbre concours de chant radiophonique Bandiera gialla. Le jour où elle doit présentée sa chanson elle découvre que Stefano la lui a volé. C'est lui qui l'interprète à sa place. C'est la guerre entre Carlo et Stefano. Le jour où Stefano inaugure son local Carlo sabote sa soirée et abat la cloison qui sépare les deux locaux. Au final tout va s'arranger puisque les deux garçons
s'aperçoivent qu'une fois le mur abattu les deux locaux forment en fait une immense salle où tout le monde peut s'amuser. Ils se réconcilient. Le local nommé Bandiera gialla est un succès.
I ragazzi di Bandiera gialla souffre des mêmes défauts que la comédie musicale suivante du metteur en scène, Una ragazza tutta d'oro. Si le scénario de cette dernière était particulièrement mince celui de ce premier film l'est tout autant si ce n'est plus. En fait cette intrigue aussi fine qu'une feuille de parchemin n'a qu'un seul et unique but, enchainer les chansons et les prestations scéniques des artistes et groupes italiens parmi les plus
populaires d'alors, chacune d'elles étant la plupart du temps mis en scène comme un petit clip. A dire que le film de Mariano Laurenti serait l'ancêtre des clips, des scopitones plus exactement pour reprendre le terme de l'époque, il n'y a qu'un pas. C'est donc toute la nostalgie de la fin des années 60, sa musique, sa légèreté, son insouciance, sa jeunesse rock qui fait de la musique, l'amour et surtout pas la guerre (la tentative de réforme de Carlo qui annonce dans un certain sens les futures comédies militaires et autres "bidasseries"). Et cette nostalgie forme le ciment du film.
I ragazzi di Bandiera gialla est tout comme Una ragazza tutta d'oro et bien d'autres musicarelli rock sortis en cette fin de décennie une
sucrerie, un bubble gum multicolore pétillant sous la langue, plein de joie de vivre qui n'a d'autre but que de faire chanter et taper du pied, voire danser le spectateur devant son écran à l'écoute de quelques grands succès transalpins d'alors. Objectif réussi. C'est également un petit régal visuel pour tout amoureux de l'époque beatnick. Les garçons ont la coupe à la Beatles ou à la Brian Jones, les filles arborent des coupes garçonnes ou de jolies choucroutes, portent la mini-jupe et des lunettes mouche. On danse le jerk, on swingue dans des décors pré-psychédéliques. Mariano Laurenti se permet même un énorme clin d'oeil à Kriminal qui fera beaucoup rire lorsque Paola s'introduit en douce chez le producteur
habillée comme le célèbre héros du tout aussi fameux fumetti.
Parmi les artistes en tête d'affiche on a le grand plaisir de retrouver des célébrités telles que Patti Bravo, Rocky Roberts, Equipe 84, The Sparrows (très certainement le meilleur morceau rock du film), Lucio Dalla e gli idoli et deux des plus grandes idoles d'alors qui firent défaillir toutes les midinettes et petit rockers en herbe dont les petites culottes et slips étaient détrempés à chacune de ses apparitions, le ténébreux Ricky Shane (et son pantalon rose, le temps d'interpréter le long de la plage le slow langoureux "Stanotte") et son rival le prince du roman-photo et de la scène Mal et ses Primitives pour un rock endiablé face à un
public hystérique. Marisa Gelli est interprétée par Marisa Sannia qui connut la popularité en tant que chanteuse de variété à partir de 1968 après son passage au festival de Sanremo. Il en va de même pour la météorite Renata Pacini (Paola) qui sortit quelques 45t jusqu'à l'aube des années 70. Piètre acteur le rouquin Gianni Pettenati (Stefano) a traversé les hit parades italiens dans les années 60 et 70 en se spécialisant dans les reprises de standards du rock américain en langue italienne. Gianni Boncompagni alors au sommet de sa carrière joue ici son propre rôle, le présentateur du radio crochet Bandiera gialla pour lequel il n'hésite pas à faire de la pub. Quant à Fabrizio Moroni (Carlo), star du musicarelli et
du roman-photo on le verra par la suite dans quelques sexy comédies en tant qu'élève (Polissonnes excitées, Laissez nous succomber à la tentation) puis plus sur le tard en professeur (La lycéenne séduit ses professeurs). On le vit aussi dans deux gialli, Quatre mouches de velours gris et I caldi amori di una minorenne de Julio Buchs.
Tout comme Una ragazza tutta d'oro I ragazzi di bandiera gialla est une petite douceur beatnick franchement appréciable, un petit documentaire musical sur une époque magique aujourd'hui bien révolue qui séduira tous les nostalgiques... et très surement bien d'autres. A consommer sans limite, les deux à la suite c'est double plaisir.
Il est simplement regrettable que la seule édition DVD du film soit assez médiocre. Non seulement l'image est griffée et les couleurs délavées (on peut l'accepter puisque cela donne un petit air d'époque) mais surtout elle saute régulièrement ce qui est cette fois impardonnable. Cela enlève quelques minutes au métrage final qui de surcroît se voit amputé de son générique de fin.