Du suif dans l'Orient-Express
Autres titres: Un pater au Padrer pour notre agent à Vienne / Schüsse im 3/4 Takt / Schüsse im Dreiviertelakt / Shots in 3/4 time / Spy hunt in Vienna / Operazione terzo uomo / Der Professionelle / Objetivo missil B501 / Spionjagt I Wien
Réal: Alfred Weidenmann
Année: 1965
Origine: Allemagne / Italie / Autriche / France
Genre: Spy movie
Durée: 93mn
Acteurs: Pierre Brice, Charles Régnier, Dalilah Levi, Daniel Sola, Senta Berger, Heinz Drach, Anton Driffin, Mario Girotti, Jana Brechjova, Gustav Knuth, Walter Giller, Erica Vaal, Paola Pitagora, Herr Tu, Hans Unterkircher, Karl Zarda, Walter Regelsberger...
Résumé: Un tout nouveau dispositif de mise à feu de missiles vient d'être dérobé o celui qui le transportait dans une petite valise juste avant qu'il ne soit tué. L'agent secret Philippe Tissot est chargé de le retrouver mais il ne dispose que de 24 heures. Ses premières investigations le mènent à Vienne dans un cirque où les artistes semblent en savoir beaucoup sur ce vol. Dés son arrivée on tente à vie et à celle de ceux qui pourraient parler...
Le succès international des premiers James Bond allait vite engendrer en Italie un nouveau filon dans le déjà vaste univers du cinéma d'exploitation, le spy movie ou euro spy. Ainsi vit le jour toute une génération de nouveaux agents secrets répondant entre autres aux doux de Agent 077, 777, OS77, 008, 3S3 ou encore Upperseven. L'Italie ne fut pas la seule à s'infiltrer dans cette juteuse brèche. L'Espagne bien entendu, la France (souvent en coproduction) et l'Allemagne eurent elles aussi leurs agents secrets. Et c'est justement d'Allemagne (en fait une coproduction Franco-germano-italo-autrichienne, rien que ça!) que nous vient Schüsse im 3/4 takt retitré pour sa sortie française en 1965 Du suif dans l'Orient-Express.
A Paris un certain Jacques Bérard est poursuivi par des hommes qui veulent lui dérober sa petite valise métallique. Il prend un télésiège puis jette la valise dans le vide après en avoir reçu l'ordre par talkie-walkie. Il est abattu. La valise contenait en fait B501, un appareil anti fusée présenté sous la forme d'un tout nouveau et très efficace dispositif de mise à feu de missiles surveillé par l'OTAN que Bérard avait volé pour le compte d'un mystérieux homme surnommé César. Les autorités craignent désormais que B501 tombent entre les mains d'hommes mal intentionnés. Les services secrets dirigés par Le colonel exigent donc que B501 soit au plus vite retrouvé. Il demande à son meilleur agent, l'aristocrate Philippe
Tissot, d'enquêter. Tissot a une semaine pour mener à bien sa mission nommée Mission César. Il obtient rapidement des informations notamment de Claudette, une acrobate qui connaissait bien Bérard, qui le mènent à Vienne. La jeune femme est rapidement éliminée. Après un voyage en train mouvementé durant lequel on cherche à le tuer Tissot, accompagné de Gilbert le mari de Claudette, arrive à Vienne. Il se rend de suite au Palladium, un cirque fort mal réputé puisqu'il est considéré comme une plaque tournante pour les marchandises volées. L'arrivée de Tissot dans la capitale ne passe pas inaperçue. Il a été suivi par des hommes qui en veulent à sa vie et à celle des personnes qui pourraient
lui fournir des renseignements notamment Henri le clown qui finit par se suicider. De fil en aiguille Tissot réussit à remonter jusqu'au B501. Ses ultimes investigations le mènent finalement à un musée de cire où se terre l'homme responsable de la disparition du dispositif. Après une course-poursuite dans Vienne Tissot parvient enfin à récupérer B501 et à tuer celui qui l'avait en sa possession en faisant exploser son hélicoptère alors qu'il tentait de fuir. Il s'agissait en fait de Gilbert. Tissot peut maintenant prendre des vacances bien méritées à Casablanca peut-être accompagné de la belle Irina.
Il n'y a ni suif ni Orient-Express mais ce petit euro-spy plutôt daté signé du vétéran allemand
Alfred Weidenmann n'en est pas moins un petit film d'espionnage sympathique dont il ne faut cependant pas attendre moult rebondissements ni une foison de gadgets rigolos encore moins de savants fous et autres gros vilains cherchant à détruire notre monde. L'agent Tissot (rebaptisé Taylor dans la version anglaise) ressemble plus à un détective privé dont il a le look qu'à un agent secret à la Bond même s'il obéit au Colonel, un vieil homme avec lorgnon en chaise roulante reclus dans ses bureaux secrets parisiens. Quant aux trouvailles on se contentera d'écrans de télévision très années 60 dissimulés derrière un miroir. Pour le reste, après une ouverture parisienne assez "Bondesque" (la fuite en
télésiège de Bérard et son assassinat), on suit simplement les investigations un peu paresseuses de Tissot qui a une semaine pour retrouver le dispositif ultra secret. Paresseuses car il ne se passe pas grand chose, simplement le minimum pour retenir l'attention du spectateur comme l'attaque dans le train, le meurtre de Claudette en plein numéro d'acrobatie, les quelques tentatives d'assassinat dont Tissot est victime et un final en grande pompe dans un musée de cire et cela fonctionne plutôt bien. Malgré ce manque d'énergie l'ensemble se laisse cependant regarder avec plaisir.
Une bonne partie du film a été tournée à Vienne en début de l'hiver 1964 notamment au
célèbre cirque Le Palladium, une des raisons pour laquelle Du suif dans l'Orient-express connut un certain succès en Autriche d'autant plus que Weidenmann profite de cette occasion pour filmer de nombreux numéros de cirque (la fusée, les éléphants, les clowns, des acrobaties...). De quoi occuper une bonne partie de la pellicule sans pour autant ennuyer car ils sont plutôt agréables à regarder et s'intègrent assez bien au récit. Flanqué de Gilbert qu'il doit protéger Tissot toujours très élégant traine son imperméable en coulisses au milieu des artistes qui pour beaucoup en savent plus qu'ils ne veulent en dire, échappe à quelques tirs, côtoie l'ambigu agent Burger et son assistante la belle Irina et fait la
connaissance de l'énigmatique et impassible Docteur Tchang jusqu'au dénouement peu surprenant puisqu'on devine assez facilement qui pouvait être le traitre de l'histoire. B501 sera récupéré c'est l'essentiel!
L'affiche est pour le moins qu'on puisse dire intéressante. Pierre Brice, l'inoubliable Winnetou mais également le protagoniste du Moulin des supplices, campe un Tissot certes sobre mais convaincant toujours tiré à quatre épingles, parfait dans son rôle. On retrouve à ses cotés quelques grands noms du cinéma de genre dont Mario Girotti (futur Terence Hill) dans le costume d'Enrico l'acrobate, Anton Driffring et l'allemand Heinze Drache, Paola
Pitagora, Daliah Lavi (Le corps et le fouet, Le démon dans la chair, Casino Royal), Senta Berger et la tchèque Jana Brejchova sans oublier la beauté "à la Delon" du français Danïel Sola, Joshua le jeune garde du corps, qu'on retrouvera par la suite dans Le sexycon et Vergogna schifosi!.
Du suif dans l'Orient-Express n'est certes pas un grand eurospy. Weidenmann signe simplement une petite production d'espionnage teintée de noir discrète, modeste, peu vraisemblable mais plaisante à suivre, jamais vraiment ennuyeuse rythmée par une partition musicale vieillotte et décalée mais hautement sympathique. Les lieux de tournage (outre
Vienne il est toujours agréable de revoir le Paris d'alors, l'Opéra, la Concorde, l'Arc de triomphe, les quais de Seine, la Tour Eiffel) et une distribution investie font le reste. Voilà une petite curiosité pour collectionneurs qui a longtemps été difficile à visionner dans de bonnes conditions jusqu'à la sortie d'un DVD italien remasterisé et un Blu ray teuton venus remplacer la vieille édition vidéo française et la version vidéo anglaise sous titrée néerlandais. L'amateur appréciera.