La mano spietata della legge
Autres titres: La fureur d'un flic / Bloody hands of the law
Réal: Mario Gariazzo
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 96mn
Acteurs: Philippe Leroy, Tony Norton, Silvia Monti, Klaus Kinski, Fausto Tozzi, Pia Giancaro, Lincoln Tate, Denise O'Hara, Luciano Rossi, Guido Alberti, Cosino Cinieri, Cesare Di Vito, Lorenzo Fineschi, Stelio Candeli, Giuseppe Mattei, Tom Felleghi, Lino Murolo, Sergio Serafini...
Résumé: Un boss de la mafia est assassiné sur son lit d'hôpital afin d'éviter qu'il puisse faire d'importantes révélations sur un important réseau criminel. Son assassin est lui aussi abattu puis deux jeunes femmes qui risquaient d'identifier l'homme. La police reste impuissante face à cette vague de crimes. Le commissaire De Carmine, un policier aux méthodes peu orthodoxes, est déterminé à remonter jusqu'à l'assassin et démanteler le réseau quitte à mettre en cause de hauts placés...
Solide artisan de la série B italienne le brave Mario Gariazzo aura touché un peu à tous les styles cinématographiques durant sa longue carrière, du western spaghetti au film d'action en passant par l'horreur, la science-fiction, le giallo, la dramatique sans oublier le polar dont La fureur d'un flic est un fort sympathique exemple. Sympathique car comme la plupart de ses oeuvres à l'exception de ses ultimes pellicules le film est efficace du début à la fin et donne un aperçu du savoir-faire du réalisateur qui sans grands moyens mais toujours avec sérieux et professionnalisme a toujours tirer son épingle du jeu.
Un tueur à gages américain débarque Rome avec pour mission d'éliminer Frank Esposito, un important chef mafieux italien actuellement hospitalisé. Il doit être bientôt entendu par le juge d'instruction, une confrontation lors de laquelle il pourrait révéler d'importantes informations qui pourraient provoquer le démantèlement d'un puissant réseau criminel. Le tueur se rend à la clinique et abat le Boss puis il tue les deux hommes qui l'accompagnaient dans sa mission. Un criminel aussi impassible que sadique, Vito Quatroni, qui de loin surveille les opérations tue une hôtesse de l'air qui aurait pu identifier le tueur à gages puis son amie et un petit gigolo, Di Leo, qui avait piégé la jeune femme dans une boite de nuit.
Face à tous ces meurtres la police reste impuissante. Seul le commissaire Gianni De Carmine est déterminé à combattre la pègre. Ses méthodes peu orthodoxes où il marie violence, tortures et maltraitance sont loin de plaire à ses supérieurs. De Carmine est bel et décidé à remonter la filière et découvrir qui se cache réellement derrière tous ces crimes. Il va découvrir que derrière ces actes mafieux se dissimulent bien d'autres choses, bien plus délicates qui pourraient mettre en cause des gens haut placés au coeur même de la police et de la justice...
La fureur d'un flic n'a rien de très original quant à son scénario maintes fois vu et revu. On retrouve un commissaire déterminé aux méthodes peu orthodoxes prêt à tout pour faire régner la loi et la justice, punir la délinquance qui déjà gangrène une Italie à l'aube de ses années de plomb. Le film est plutôt linéaire et sans grande surprise puisqu'il se contente d'aligner un par un les morts d'où un coté un peu répétitif qui pourrait en chagriner certain. Malgré cela ce petit polizesco se laisse visionner sans mal, avec un plaisir certain même. D'une part pour les problèmes qu'il soulève (comme bon nombre d'autres polars de ce type) à savoir la corruption qui règne au coeur même de la police et des hauts placés, la légitimité
de la violence pour combatte le mal et les limites du pouvoir de la police. D'autre part pour son interprétation tout à fait convaincante avec en tête un Philippe Leroy excellent dans le rôle du commissaire de fer sanguin De Carmine. Toujours aussi excellent, Philippe Leroy possède en effet ce qu'un Maurizio Merli, un Luc Merenda ou un Franco Nero n'ont pas, ce regard féroce, implacable, qui fait froid dans le dos couplé à une brutalité qui le transforme régulièrement en véritable bête acharnée, le meilleur moyen pour faire parler ceux qu'il arrête. Inutile de dire que tout le film repose sur ses épaules. Et même si Mario Gariazzo, également scénariste ici, suggère plus qu'il ne montre l'imagination fait tout le reste.
Autre gros atout du film la présence inquiétante de Klaus Kinski dans la peau d'un tueur aussi froid qu'impitoyable qui se dissimule derrière ses lunettes noires, un Kinski totalement muet cette fois qui donne au personnage de Vito Quadroni une dimension d'absolue froideur presque fascinante. C'est d'ailleurs à lui qu'on doit une des scènes les plus mémorables du film, une scène aujourd'hui culte particulièrement réaliste durant laquelle il brule au chalumeau les parties intimes de Luciano Rossi. Sans jamais prononcer un seul mot Kinski réussit à terrifier en faisant tout passer par le regard et ne change jamais
d'expression, une vraie machine à tuer. Autour d'eux une jolie brochette d'acteurs donne le meilleur d'elle même dont Luciano Rossi, égal à lui même, à qui revient le viol de la superbe Pia Giancaro, la future princesse Ruspoli. Sergio Fantoni (Musante le chef de la police), Cyril Cusack (le juge), Fausto Di Bella, Marino Masé, Guido Alberti (et ses olives), Lincoln Tate sans oublier Silvia Monti (l'épouse de De Carmine) aussi bref que soit leur rôle sont tout aussi professionnels et convaincants.
Quelques mois avant les oeuvres phare de Sergio Martino, Enzo Castellari, Romolo
Guerrieri et les pièces maitresse de Fernando Di Leo et Umberto Lenzi Mario Gariazzo avec La fureur d'un flic signe un film mené de main de maitre au rythme soutenu, alerte et surtout réaliste, ce qui n'est pas toujours le cas dans le polizesco, rythmé par une partition musicale tout aussi efficace qu'on doit à Stelvio Cipriani. Malgré un final peut-être un brin décevant (frustrant?) sous forme de conclusion ouverte voilà un polizesco de première heure incisif, très agréable, qui se hisse sans mal dans le haut du panier du polar à l'italienne. L'amateur appréciera.