Il torcinaso
Autres titres: Il torcinaso - quando il sangue diventa bollente
Réal: Giancarlo Romitelli
Année: 1975
Origine: Italie / France / Grèce
Genre: Noir / comédie
Durée: 90mn
Acteurs: George Ardisson, Dagmar Lassander, Alice Arno, Gilda Arancio, Lefteris Viftopoulos, Elio Bonadonna, Enzo Milioni, Lorenzo Piani, Alessandro Perrella, Kostas Baladimas, Michael Reed...
Résumé: Le commissaire Stavros est chargé de mettre fin à un trafic d'antiquités à Athènes. Il doit démanteler le réseau de "Madame", une criminelle qui envisage de commettre son prochain vol au Musée national. Elle se sert d'une agence de mannequins comme couverture...
De la courte carrière de réalisateur de Giancarlo Romitelli qui la plupart du temps a tourné sous pseudonyme anglais on ne gardera que bien de choses. On doit à cet ancien assistant-réalisateur deux eurospy, Mark Donen agente Zeta 7 / Karaté à Tanger pour agent Z7 et le bien nommé et fort sympathique Si muore solo una volta et deux westerns de série B Chapagua et On m'appelle King. Il signe son ultime film en 1975, une curieuse coproduction entre la France, la Grèce et l'Italie tournée entièrement à Athènes qui oscille entre polar, film d'action et d'espionnage, l'ensemble teinté d'érotisme à deux sous,
étrangement intitulée Il torcinaso, le nom d'un instrument animalier destiné à museler les chevaux, un ustensile servant ici à enserrer le pénis d'un espion afin qu'il parle.
A Athènes une organisation criminelle dirigée par "Madame" donne du fil à retordre au commissaire de police Stavros qui enquête sur un trafic d'antiquités. Le dernier vol en date a été commis au Musée national. Non seulement "Madame" fait chanter John le directeur mais elle n'est pas la seule. Une plantureuse blonde directrice d'une agence de mannequin le fait chanter aussi. Elle l'oblige à prendre des photos de la plus prestigieuse des salles du musée afin de pouvoir dérober les précieux objets qu'elle contient pour le compte de
"Madame". Les modèles servent en effet de couverture. Comme elles voyagent à travers le monde il leur est facile de transporter les objets volés sans se faire remarquer. Stavros doit empêcher le prochain vol, celui de la légendaire Vénus du Pirée, et éviter à tout prix que les antiquités sortent d'Athènes. Lisa, une espionne, s'est glissée parmi les mannequins pour l'aider mais elle est démasquée. Après quelques péripéties les plans de "Madame" seront finalement mis en échec et la directrice de l'agence tuée par Oscar, une de ses sbires, mais "Madame" n'a pas tout perdu...
Il torcinaso a entre autres été produit par Eurociné. Comme on le sait Eurociné est très
rarement synonyme de qualité mais bien plus de navet plus ou moins jouissif. Difficile déjà de vraiment classer le film de Romitelli. Polar, film noir, film d'action, d'espionnage, comédie parodique... . C'est un peu tout à la fois mais on est surtout dans le non sérieux, la comédie volontaire ou non. L'intrigue située à Athènes tourne autour d'un trafic d'antiquité que dirige "Madame". Elle n'a pas de nom, on ne sait pas qui elle est. C'est simplement "Madame" une criminelle que traque un commissaire qui fait chanter le directeur du musée national qui lui même doit obéir à une louve lesbienne directrice d'une agence de mannequins qui agit pour le compte de "Madame". Parmi les modèles il y a une espionne et parmi les sbires de notre
blonde certains jouent double jeu. Tout cela semble compliqué couché sur le papier mais sur la pellicule tout devient très simple car finalement cela n'a aucune importance. On fait complexe pour cacher le vide d'un scénario aussi improbable que rigolo. Cela commençait plutôt bien (l'assassinat de deux scaphandriers - en fait deux poupées dans un aquarium- en pleine mer suivi par le meurtre d'un des deux assassins) mais après cette séquence pré-générique plus rien ne va vraiment et on flirte le plus souvent avec la série Z, le pastiche bas de gamme.
On fait la connaissance de "Madame" interprétée par une Dagmar Lassander dissimulée
sous une perruque courte frisée qui se veut cynique mais cabotine à l'excès tout en grignotant des chips et multiplie les pitreries jusqu'à devenir farfelue. Elle est affublée d'un délirant expert archéologue (joué par Kostas Baladimas), un hybride entre Professeur Dingo et Bozo le clown, dont la débilité explose lors de l'inénarrable scène où il brise la tête de la fameuse Vénus! Et il y a des tortures au programme qui tendent à faire virer le film vers le trash, la plupart revenant au pauvre Oscar, un hilarant acteur grec bedonnant. Il y a celle où on lui pose des électrodes sur les pieds pour le faire parler pendant que notre blonde lesbienne bronze seins nus sur le pont du bateau en écoutant un abominable chant grec qui
fait justement "Aïe, aïe, aïe". Il y a également celle où on lui coince les mains dans une porte avant de lui enfoncer un tuyau d'échappement dans la bouche pendant qu'une des sbires lit le journal tout en se curant le nez et surtout celle qui donne au film son titre, le fameux "torcinaso" qui lui enserre le pénis après qu'il se soit fait déculotté, l'occasion de découvrir son petit slip... en dentelles! Sans oublier celle dite de la "sodomie parisienne" (!!!) qui attend cette fois Lisa l'espionne (la hardeuse Gilda Arancio), une sodomie exécutée par celui qu'on surnomme "Dieu de la sodomie". Interprété par l'acteur-cascadeur italien moustachu taillé dans un tronc Elio Bonadonna il lui découvre les fesses... et rien! A nous d'imaginer!
Qui dit Eurociné dit forcément érotisme. C'est à l'actrice fétiche de Jesus Franco et Jean-Michel Pallardy, la pornocrate Alice Arno, que revient la mission de donner au film son quota de nudité et de plans sexe lesbiens. Alice Arno est une bien piètre actrice et ce ne sont pas ses dialogues qui rehausseront le niveau. Pas très crédible dans le rôle d'une impitoyable directrice d'agence de mannequins elle se contente donc de faire ce qu'elle sait le mieux faire, se déshabiller, bronzer seins nus et coucher avec ses modèles préférées avant d'être abattue, la gorge transpercée par un harpon! Mais avouons tout de même que son coté impassible fait son petit effet.
Le reste de la pellicule est composée d'une belle visite du centre d'Athènes et ses alentours, de petites courses-poursuites automobiles si mollement filmées que les scooters vont plus vite que les voitures et d'interventions du commissaire Stavros, un George Ardisson amorphe et monolithique mais à l'air très sérieux jusqu'au final qui malgré un petit rebondissement inattendu n'a vraiment rien d'exceptionnel hormis qu'une bonne partie de l'action s'y concentre essentiellement.
Tourné visiblement sans aucun budget Il torcinaso que rythme une insupportable bande originale composée de musiques grecques cliché et répétitives est un Eurociné saveur
hellène qu'on peut classer dans l'eurotrash peu sérieux, une comédie d'espionnage, un pastiche hybride de plein de choses qui le transforme en une petite curiosité déjà ultra datée à sa sortie que seuls les collectionneurs sauront apprécier d'autant plus que le film est une véritable rareté, une de ces pellicules définitivement perdues (jusqu'à ce jour du moins) qu'on découvrira uniquement par le biais d'une copie médiocrissime à l'image rosâtre. C'est idiot mais si on le voit comme une parodie niveau zéro on peut s'amuser et même prendre gout à ce Torcinaso. En somme un Eurociné dans la règle de l'art.