Gay sex in the 70s
Autres titres:
Réal: Joseph F. Lovett
Année: 2005
Origine: USA
Genre: Documentaire
Durée: 71mn
Acteurs: Larry Kramer, Tom Bianchi, Barton Lidice Benes, Rodger McFarlane, Robert Alvarez, Mel Cheren, Alvin Baltrop, Susan Tomkin, Lawrence Mass...
Résumé: Le réalisateur nous propose un voyage dans le temps afin de revivre l'explosion de la culture gay dés 1969 à New-York et le vent de folie et de liberté sexuelle incroyable qui souffla sur l'Amérique durant dix ans jusqu'à l'arrivée d'un virus nommé Sida et les années conservatrices Reagan...
Producteur, scénariste, réalisateur l'américain Joseph F. Lovett a depuis le milieu des années 90 écrit, produit et réalisé une petite dizaine de courts-métrages, téléfilms et documentaires dont le réputé Gay sex in the 70s tourné en 2005 fait partie.
Joseph. F. Lovett qui intervient également dans le film invite ici le spectateur à découvrir à travers d'images d'archives et de photos, d'extraits de films et des interviews d'acteurs, producteurs qui ont à cette époque travaillé dans l'industrie du film porno gay à découvrir la culture et l'univers homosexuel new-yorkais de 1969 à l'aube des années 80, soit l'incroyable décade qui correspond au mouvement de libération sexuelle gay. Cet étonnant
documentaire (du moins pour celui qui n'aurait aucune idée de ce que fut cette incroyable période) s'ouvre sur une série d'interviews d'artistes, écrivains et producteurs gay particulièrement actifs en cette fin d'années 60 / début d'années 70 (Larry Kramer, Barton Benes et Rodger McFarlane) qui mettent en place les divers éléments de ce que fut la culture gay et la vie des homosexuels et ce qui a conduit à une telle débauche. A Greenwich village et ses alentours bars, discothèques, dark rooms se mirent à fleurir, des lieux de rencontres privilégiés par les hommes où tout devenait possible, mais pas seulement. La rue devint elle aussi une gigantesque cour à drague où chacun abordait qui il voulait,
observait et partait en chasse à tout heure du jour et de la nuit, sans honte ni gêne, de façon ostentatoire et pouvait enchainer les plans comme mamie enchaine des perles. La rue devint une immense cour à drague, un gigantesque bordel où chacun pouvait rencontrer, aborder qui il voulait, sans honte ni gêne, s'embrasser, se toucher et se palper l'entrejambe publiquement, mettre ses attributs en valeur dans des jeans hyper moulants et des micro shorts. Tout était permis, sans limite aucune. Le sexe publique devint une règle chez les gays new-yorkais comme dans d'autres grandes villes notamment de la côte ouest telle San Francisco. La rue bien sûr mais également les quais et docks abandonnés, les falaises, les
toilettes publiques, le métro et l'arrière des camions notamment ceux des studios de cinéma sur West street se transformèrent en d'incroyables baisodromes fonctionnels 24h/24. Ils nous racontent comme cela était simple, facile, parfois surprenant de voir (ou tomber par hasard) sur ces orgies, d'y participer dans la plus grande allégresse et insouciance. D'immenses bacchanales viriles où pour voir son ou ses partenaires il vous fallait frotter une allumette, le sexe facile, anonyme, où les odeurs de transpiration, d'urine et de mâles en rut prenaient au nez mais cela faisait partie intégrante du jeu.
La seconde partie du documentaire explique les raisons de cette soudaine explosion des
moeurs, comment et pourquoi on en est arrivé à une telle liberté sexuelle, pourquoi l'homosexualité s'est si soudainement mise en avant, de manière aussi détonante surtout. Pour comprendre il faut voir, savoir ce que c'était d'être homosexuel avant 1969 en Amérique, surtout dans certains états. Les gays condamnés au silence devaient cacher leur sexualité, se taire. Impossible pour eux de vivre une vie normale au risque de représailles, de terribles insultes. Lorsqu'en 1969 les choses commencèrent à bouger suite au climat social et politique. Des évènements majeurs y aidèrent. Les manifestations contre la guerre du Vietnam, celles pour le droit des femmes et surtout les émeutes du 28 juin 1969 à Stonewall
inn (de violentes révoltes contre les raids de police et la répression des minorités) en furent les déclencheurs. La libération des moeurs, la liberté sexuelle, l'amour libre, notamment chez les hétérosexuels, ce raz de marée social entamé quelques temps plus tôt avec entre autre le mouvement hippie, ne fit que renforcer l'explosion de l'homosexualité au grand jour. Dés le début des années 70 le sexe était partout. Revues, magazines, sex-shop fleurissaient. Jamais la presse à caractère sexuel n'avait été aussi abondante suivie par le cinéma et la pornographie sans oublier les comédies musicales sur Broadway dont les plus sulfureuses et déterminantes furent "Hair", "Dyonisos" et Oh! Calcutta!".
La machine était en route et rien n'allait l'arrêter comme le montre la troisième partie. Le cinéma pornographique gay envahit les salles. Les productions de plus en plus nombreuses reflètent parfaitement ce qu'était alors l'homosexualité, une sexualité longtemps réprimée qui désormais ne connaissait plus aucune limite, se permettait tous les débordements. Rodger McFarlane résume ces années là par une simple phrase qui parle d'elle même: "La vie au quotidien durant une décennie fut un film porno". Un autre intervenant la résume par une autre tout aussi juste: "En une journée on pouvait se faire autant d'hommes qu'en une année toute entière". Commença alors une longue exode. Tous
les hommes, jeunes et moins jeunes, de tout bord social, quittaient leurs villes, leurs villages pour venir s'installer à New-York pour gouter aux mille plaisirs du sexe chez eux, dans la rue, les lieux gays, vivre leur vie sexuelle à 1000 à l'heure, profiter de cette incroyable liberté ouverte à tous les excès qui leur faisait échapper à un avenir bien sombre, se faire passer pour hétéro et se marier. Des gays qui vécurent cette période racontent leurs souvenirs, leurs expériences, donnent leur ressenti.
Un nombre incalculable de bars gay, discothèques gays allèrent voir le jour mais aussi les fameux bains publiques et saunas dont le plus populaire fut le Continental baths qui se
transformaient en véritables lupanars sur plusieurs étages. Sombres, inquiétantes, à chaque coin et recoin, chaque couloir, derrière chaque porte de véritables fourmilières baisaient non stop. Ce fut aussi l'époque des premières "Gay parade" et l'avènement de l'ère disco avec l'ouverture de la plus célèbre des boites le Paradise garage, le paradis des hommes et des femmes de toutes couleurs et tout bord et des homosexuels. Suivirent "Le Studio 54", "Le Loft", "Le 10th floor" et "Le Saint" où on dansait toute la nuit dans une atmosphère de haute tension sexuelle aussi malsaine qu'envoutante. Sadomasochisme, domination, soumission, cuir et chaines côtoyaient toutes les déviances sexuelles
auxquelles s'abandonnait la clientèle jusqu'à l'aube au rythme obsédant de la disco sans jamais cependant perdre le coté fraternel de ces lieux. Pour ceux qui préféraient les soirées en extérieur il y avait Fire island, une ile près de Long island où on venait des quatre coins du monde pour s'amuser, danser et baiser comme des fous sur la plage et la pinède. Nous sommes déjà à la fin des années 70. Commence alors le lent déclin de cette décennie d'excès sexuels en tout genre entamé avec l'arrivée des drogues et autres stupéfiants comme la cocaïne notamment dans les boites de nuit et les fêtes.
La quatrième et ultime partie du film lui est consacrée. En 1979 une rumeur concernant un
virus particulièrement résistant commence à courir dans le milieu gay, semant la panique chez certains qui se demandent si ces dix années d'exceptionnelle liberté n'ont pas engendré quelque chose d'aussi insidieux que dévastateur. L'arrivée de Reagan et des conservateurs au pouvoir, la montée en force des ligues chrétiennes et la fameuse Disco demolition night le 12 juillet 1979 (une émeute où furent brulés des milliers de vinyls disco qui précipita la mort de cette musique dite de pédés) mirent un terme définitif à cette révolution sexuelle, cet incroyable souffle de liberté qui balaya l'Amérique durant dix ans. On parle pour la première fois du Sida en 1981 causant rapidement un vent de panique dans la
communauté gay qui dés 1985 va compter ses morts. Très vite tous les lieux homosexuels, les bars, les discothèques, les bains publiques... vont fermer un à un. Les années noires ont commencé.
Le film se clôt sur les témoignages de survivants de cette ère, ceux qui disent avoir eu de la chance d'être toujours en vie aujourd'hui. Ils font un bilan de ces années, de leur vie, leurs expériences mais ne regrettent rien. C'était une époque magique, unique, purement inimaginable aujourd'hui.
Plusieurs fois récompensé Gay sex in the 70s, rythmé par quelques standards du disco
(dont Sylvester, la plus grande star noire gay devenue une icône et Tanaa Gardner), est un documentaire explosif, bouillant et surtout très complet sur la culture gay des années 70 à New-York. Illustré par bon nombre d'extraits de films X, de gros classiques du genre financés par les plus grosses maisons de productions gay d'alors (Bijou et Hand in hand films), d'images d'archives et de photos rares, de coupures de presse et d'interviews d'artistes et d'activistes d'alors le film de Lovett donne une idée bien précise de ce que fut ce mouvement sans précédent. Il en laissera pantois certains pour le peu qu'ils n'aient jamais entendu parler ou ne se doutaient pas forcément de ce que fut cette inimaginable révolution
sexuelle. Cette explosion des sens en fera rêver d'autres, nostalgiques (pour les plus anciens) ou pas, pour cette fascinante liberté aujourd'hui définitivement révolue où tout homme quelque qu'il soit pouvait vivre sa vie à sa guise, profiter de sa sexualité, jouir des plaisirs de la vie et surtout du sexe sans se soucier de sa santé déjà mais surtout des ligues religieuses, moralistes et autres prudes institutions décrépies. A une époque de totale régression où se promener sur un front de mer en slip de bain, montrer un sein sur une plage et tant de choses si naturelles... deviennent une grave infraction, où faire de l'oeil, oser un regard sur un décolleté, pire mettre une main au panier est presque un viol, où les minorités de tout bord sont hypocritement acceptées ce voyage dans le temps fait le plus grand bien. Vive le sexe! Vive les années 70, leurs cheveux longs, leurs rouflaquettes, leur insouciance! Purement magnifique comme le dit l'accroche de l'affiche.