Il peccato di Lola
Autres titres: Lola's secret
Réal: Bruno Gaburro
Année: 1985
Origine: Italie
Genre: Thriller érotique
Durée: 90mn
Acteurs: Peter Bomm, Scott Coffey, Donatella Damiani, Sandra Mantegna, Maurice Poli, Jacques Stany, Gabriele Tinti
Résumé: La mère d'Albert, un jeune noble encore puceau, doit s'absenter quelques temps. Son départ coïncide avec l'arrivée au manoir de la nouvelle gouvernante, la très séduisante Lola dont Albert tombe de suite amoureux. Après moult provocations Lola invite Albert dans son lit et le déniaise juste avant de décéder dans ses bras d'une crise cardiaque. Angus l'intendant qui a toujours détesté Lola refuse d'avertir la police et décide d'enterrer le corps dans le jardin. Le lendemain le corps de Lola a inexplicablement disparu. Albert et Angus sont alors victimes d'un terrible chantage...
Lorsqu'on évoque le nom de Bruno Gaburro on pense évidemment sexy comédies puisque celui qui fût l'époux d'Erica Blanc est à l'origine de Il letto in piazza et Peccati in famiglia mais ce sont ses errances érotiques qu'on gardera essentiellement en tête, notamment le triptyque en costumes mettant en scène une Paola Senatore alors en pleine déchéance, Malombra, Maladonna et Penombra, un collage des deux précédents agrémenté de nouvelles scènes, et l'intrigant et médiocre La locanda della maladolescenza. A la fin des années 80 et lors de la décennie suivante Gaburro va tourner plusieurs autres petits films érotiques dont en 1985 Il peccato di Lola qui étonnamment mélange l'érotisme décadent classique et le thriller.
Albert Steppelton, un jeune noble encore puceau, passe la fin de ses vacances seul à la villa familiale avec Angus, le chauffeur-intendant, après que sa mère soit partie pour Londres afin de régler des affaires. Arrive alors Lola, la nouvelle gouvernante, dont Albert tombe de suite amoureux. La séduisante créature bouleverse le quotidien de l'adolescent qui ne pense plus qu'à elle. Il rêve même de pouvoir partir un jour avec elle. Après bien des provocations Lola se laisse séduire par le jeune garçon au grand dam de Angus qui ne la supporte pas. Il met d'ailleurs en garde Albert mais, ébloui par cette femme charnelle, il reste sourd à ses mises en garde. Lola finit par dépuceler Albert mais elle meurt d'un infarctus juste après
qu'ils aient fait l'amour. Afin d'éviter tout ennui Angus refuse d'avertir la police et décide d'enterrer le corps dans le jardin. Le cadavre disparait mystérieusement le lendemain. Angus et Albert sont alors victimes d'un maître-chanteur qui leur réclame une importante somme d'argent. Albert vend un collier appartenant à sa mère pour récolter l'argent nécessaire qu'il dépose dans le jardin. Une fois la somme récupérée le maitre-chanteur leur en réclame une deuxième puis tue le chien d'Albert. En panique Angus décide d'abandonner Albert à son triste sort. C'est alors que Lola réapparait, bien vivante. Elle explique au jeune garçon qu'elle est la complice d'Angus. Par cet habile stratagème ils
voulaient extirper un maximum d'argent aux Steppelton. Prise de remord, amoureuse d'Albert, Lola a préféré mettre un terme à cette odieuse mise en scène. Tout deux vont subir la vengeance d'Angus, bien décidé à les tuer et s'enfuir avec l'argent.
La première partie du film laisse supposer un énième film érotique en costumes au scénario déjà mille fois vu, celui d'un adolescent de bonne famille toujours puceau qui cherche à se faire déniaiser par une femme bien plus vieille que lui, en l'occurrence ici, la nouvelle gouvernante. Durant les trente premières minutes tout est centré sur le personnage de Lola, une superbe femme bien peu farouche et particulièrement troublante qui enflamme
les sens d'un adolescent timide en plein éveil sexuel. Provocante en lingerie fine, nue ou au bain, l'œil qui frise, Lola n'a de cesse d'aguicher le garçon qui une belle nuit finit dans son lit et devient un homme. La trame est classique et finirait même par être ennuyante si soudainement à la quarantième minute le film ne prenait pas une tournure complètement inattendue, justifiant ainsi l'image sinistre qui ouvre le film: celle du manoir familial isolé qui se dresse dans la nuit au milieu d'un vaste jardin. Lola meurt d'un infarctus dans les bras d'Albert.
Débute ainsi la seconde partie beaucoup plus intéressante puisque Il peccato di Lola se
transforme en thriller dont l'intrigue tourne autour de la disparition énigmatique du corps de la gouvernante que l'intendant avait enterré dans le jardin et du chantage dont lui et l'adolescent sont désormais victime. Lola est-elle vraiment morte? Qui pourrait bien faire chanter les deux hommes et pourquoi? Lola cachait-elle un secret? Angus est-il aussi transparent qu'il veut bien le laisser croire? Pourquoi détestait-il autant Lola et disait-il à Albert de se méfier d'elle? Autant de questions que Gaburro se fait se poser au spectateur qui songe aux Diaboliques de Clouzot dont l'insatiable Piero Regnoli, le scénariste, s'est inspiré... très maladroitement. Difficile en effet de croire un seul instant à cette histoire par
moment farfelue. Tout est cousu de fil blanc et il ne faut pas avoir un QI très élevé pour comprendre les tenants et aboutissants de ce chantage dont on aura compris très vite qui en est à l'origine. La révélation finale et la réapparition de Lola n'est donc en rien une surprise tant cela était évident. La frustration, la déception est d'autant plus grande que toute la partie consacrée au chantage, celle qui en théorie devait générer un certain suspens, distiller une pointe d'angoisse, ne dure guère plus d'une vingtaine de minutes, ceci pour mieux révéler le stratagème et laisser la place à une longue scène érotique entre Albert et Lola. Voilà qui donne l'impression que Gaburro n'avait plus aucune idée pour mieux étayer
ce scénario passe partout et ce n'est pas le retournement de situation finale bien improbable et peu convaincant qui changera grand chose. La mise en scène est d'une incroyable platitude et ne se hisse guère plus haut que celle d'un banal téléfilm. On s'ennuierait presque s'il n'y avait pas la présence de Donatella Damiani, starlette aperçue auparavant dans La lycéenne séduit ses professeurs, Fleurs du vice et Mon cul c'est du poulet? dont ce sera le seul film où elle tient le rôle principal. Donatella est belle, très attirante, particulièrement sexy et désinhibée. Elle passe plus de la moitié du film nue, de quoi tenir éveillé le spectateur. Dommage que ses talents d'actrice soient inversement
proportionnels à la générosité de sa poitrine! Son personnage ne fonctionne pas encore moins lors de sa réapparition où il s'effondre carrément, faute à un jeu insipide et par manque d'investissement. Et ce n'est pas Gaburro qui dira le contraire, lui même avouait que le choix de Donatella était une erreur, une des raisons pour laquelle il déteste ce film qu'il juge raté.
A ses cotés on retrouve avec plaisir Gabriele Tinti dans la peau d'Angus mais il n'est pas très convaincant et encore moins convaincu par son rôle. Le jeune Albert est incarné par l'américain Scott Coffey qui physiquement rappelle quelque peu Christian Borromeo. Le
choix de Scott, ici à ses tout débuts à l'écran, est assez étonnant. Sans être particulièrement beau il dégage cependant un certain charme. Par moment maladroit, pas toujours très convaincant notamment lorsqu'il joue les benêts timides, il nous offre tout de même quelques scènes de nu par instant osés notamment lors d'une masturbation plus que suggestive puisqu'il est clairement en érection. Il faut cependant reconnaitre qu'il est le seul à être un tant soit peu crédible et surtout à offrir une prestation au delà de la moyenne. Le nom de Coffey devrait surtout parler aux fans de David Lynch puisque par la suite Scott
deviendra un habitué des productions lynchiennes. Maurice Poli (le receleur) et Jacques Stany (le jardinier) ne font quant à eux qu'une très brève apparition chacun.
Noyé dans d'interminables nappes de saxophone en total décalage avec le film Il peccato di Lola est un piètre thriller érotique softcore lent, ennuyeux et surtout prévisible digne d'un épisode d'une quelconque série policière. Reste les courbes de Donatella Damiani, l'érotisme par instant osé et la villa elle même pour se raccrocher à quelque chose et éviter de sombrer dans une douce léthargie.