Kaliman en el siniestro mundo de Humanon
Autres titres: Kaliman in the sinister world of Humanon
Réal: Alberto Mariscal
Année: 1976
Origine: Mexique
Genre: Aventures
Durée: 94mn
Acteurs: Jeff Cooper, Milton Rodríguez, Lenka Erdo, Manuel Bravo, Consuelo Quezada, Carlos León, Alonso Castaño, Mariana Lobo, Gerardo Zepeda, Regino Herrera, Angelines Fernández, Carlos Cardan, Nicolás Jasso, Gustavo César Carrión...
Résumé: Kaliman et son ami Solin se rendent à Rio De Janeiro pour assister à un congrès de parapsychologie. A leur arrivée ils apprennent que leur ami le professeur Rabadan a été enlevé. D'autres éminents scientifiques qui devaient eux aussi y participer ont disparu mystérieusement. Aidé du professeur Ferrao et de l'épouse de Rabadan Kaliman va tenter de les retrouver. Rabadan serait retenu prisonnier quelque part dans la forêt amazonienne par un fou, le terrible Humanon. Humanon a en effet crée des mutants en transplantant le cerveau des scientifiques sur de nouveaux corps. Aux cotés de ces créatures qui lui obéissent grâce à un procédé d'hypnose il souhaite devenir le maitre du monde...
Personnage iconique au Mexique Kaliman y est né en 1963. Il s'agissait au départ d'une sorte de super héros, un aventurier descendant des pharaons créé par Rafael Cutberto Navarro et Modesto Vázquez González pour un feuilleton radiophonique du même nom. Sa popularité fut si importante qu'il fut très rapidement adapté en bandes dessinées qui pendant plus de 26 ans connurent un succès jamais démenti. Il aurait donc été étonnant que les aventures de Kaliman ne soient pas adaptées au grand écran. Un premier film fut réalisé par le mexicain Alberto Mariscal en 1972, Kaliman el hombre increible. Le film fut
un tel succès dans son pays qu'un deuxième fut tourné quatre ans plus tard avec Mariscal une fois encore aux commandes, Kaliman en el siniestro mundo de Humanon.
Kaliman et son jeune ami, le petit Solin, sont invités à Rio de Janeiro par le professeur Vasco Ferrao et la séduisante Xiomara, l'épouse de l'éminent professeur Rabadan. Ils doivent assister à un congrès de parapsychologie qui réunit d'importants scientifiques. Dès son arrivée à Rio Kaliman apprend que plusieurs d'entre eux sont portés disparus. Parmi eux il y a Rabadan. Kaliman doit le retrouver mais de mystérieux hommes tentent de l'en empêcher mais kidnappent également Solin. Il parvient à retrouver l'enfant, enfermé dans un
caveau, et à mettre hors d'état de nuire ses ravisseurs. Il découvre qu'il s'agit en fait de créatures humaines mutantes, des zombitronics, à qui l'énigmatique Humanon a donné vie. Caché dans son repaire quelque part dans la forêt amazonienne il envisage de devenir le maître du monde grâce à son armée de mutants. Aidé de Vasco et Xiomara Kaliman part pour l'Amazonie afin de détruire Humanon. Ignorant que Vasco est à la solde de Humanon Kaliman tombe dans un piège. Il est fait prisonnier. Vasco s'excuse de sa trahison. Sa fille Juarina ayant été kidnappée par Humanon il ne pouvait qu'obéir à ses ordres. Kaliman parvient à s'échapper avec Solin. Grâce à ses pouvoirs télépathiques Kaliman entre en
contact avec la tête du professeur Rabadan que Humanon garde dans son laboratoire avant de la transplanter sur un nouveau corps. Kaliman pénètre ainsi dans l'antre du savant diabolique. Il délivre la fille de Vasco prête à être transformée en zombie, combat les zombitronics qu'il réussit à anéantir. Il doit alors faire face à Humanon dans le plus grand des chaos. Il le démasque, détruit son laboratoire. Alors que tout explose Humanon est attaqué par une de ses créatures qui le tue.
Inspiré là encore d'un des épisodes radiophoniques de notre héros au turban, Cerebros infernales, cette deuxième mouture des aventures cinématographiques de Kaliman ne
parvient pas à vraiment égaler le premier film du moins dans sa première partie. Kaliman el hombre increible était une pure pellicule d'aventures et de science-fiction délirante du début à la fin, un film à l'esprit très bande dessinée tout empreint de magie orientale qui n'avait rien à envier aux productions hollywoodiennes et italiennes d'alors, l'ensemble tourné dans de magnifiques décors naturels égyptiens. On abandonne malheureusement cet aspect mystique, magique au détriment d'une bande d'aventures science-fictionnesque qui frise la série Z. Mariscal parait un peu moins enthousiaste et nous offre au final une histoire pas toujours captivante surtout lors de sa première moitié. Adieu la beauté de l'Egypte nous voilà
à Rio De Janeiro, ses hôtels de luxe, ses villas, ses piscines, une ville moderne que le réalisateur transformé durant les vingt premières minutes en guide touristique nous fait visiter mollement au son d'une abominable partition disco. On s'ennuierait presque d'autant plus qu'il ne se passe pas grand chose. Lorsque l'action commence enfin (l'enlèvement de Solin et la tentative de réduire à néant les pouvoirs de Kaliman par d'étranges hommes) c'est cette fois l'hilarité qui est le plus souvent au rendez-vous et non plus ce coté épique qui caractérisait si bien le premier opus.
Il faut attendre l'amorce de la seconde partie du film, l'expédition amazonienne menée par
notre héros enturbanné et la première apparition d'Humanon pour que le ton change et que le film prenne enfin son véritable envol et toute sa force jouissive. Super héros et savant fou font ici bon ménage et nous offrent un scénario totalement délirant où se côtoient le meilleur comme le pire. Le pire c'est peut-être l'insupportable Perfecto, le bras droit de Humanon, un vieux fou hystérique, une sorte de troll malingre et débile qui en fait des tonnes. N'est pas non plus de très bon gout d'avoir affublé Humanon d'une paire de lunettes de soleil reposant sur sa cagoule! Si les auteurs ont respecté le look d'origine du méchant à savoir une bure rouge sang et une cagoule façon KKK y avoir rajouté cet artifice est franchement drôle.
Ajoutons à cela quelques gags potaches, des dialogues parfois stupides, des maquillages au rabais notamment quant aux zombitronics (des indigènes peinturlurés ou de simples silhouettes velues filmées de dos pour les créatures mi-humaines mi animales) et quelques gadgets ridicules (le totem en carton qui fait office de caméra-radar) de quoi avoir le sentiment par moment d'assister à une bonne vieille série Z d'antan.
Mais avouons que ces désagréments sont vite oubliés (pardonnés?) au vu des idées et des nombreux points positifs que compte le film dés sa deuxième partie et dont les fameux zombitronics font partie. En bon émule du Dr Moreau qu'est Humanon il décapite des
scientifiques de haut renom pour greffer leur tête sur de nouveaux corps mais il transplante également des têtes d'animaux sur des corps humains ou vice-versa dans le but de créer une armée de transplantés pour régner sur le monde. Le visuel est tout aussi intéressant que l'idée puisque cela donne des créatures sauvages retenues prisonnières dans des cages au milieu de la jungle, des mutants qui émettent des grognements de porcs domptés, maltraités par Perfecto et son fouet. Le laboratoire multicolore de Humanon est assez clinquant, plutôt sinistre avec ces coffres de survie dans lesquels sont enfermés les scientifiques et surtout la tête de Rabadan posée derrière une vitre et maintenue en vie
grâce à des électrodes. On nage en pleine science-fiction mais la science-fiction version années 50/60 avec toute son imagerie aussi folle que désuète. On retrouve enfin toute la folie et l'aspect délirant des aventures de Kaliman premières du nom transposées cette fois dans les forêts brésiliennes ce qui donne au film un coté tropical, exotique non négligeable agrémenté de stock-shots animaliers. On ne s'ennuie pas une minute, l'action est omniprésente jusqu'au final explosif durant lequel on découvrira l'identité de Humanon.
Kaliman est toujours interprété par le canadien Jeff Cooper, plus insipide (monolithique?) que jamais. Il semble même par moment s'ennuyer, en phase de léthargie. L'aurait-on
zombifié? Heureusement qu'il se réveille lors du final volcanique. Le petit Nino Del Arco cède sa place à Manuel Bravo (et son petit ouististi) pour le rôle de Solin, une erreur puisque Bravo n'a pas le coté espiègle de son prédécesseur mais il remplit cependant sa fonction de manière honorable. L'atout séduction est assuré par la rousse Lenka Erdos qui passe l'intégralité du film uniquement vêtue d'un maillot de bain ou d'un très léger déshabillé mais le bas du visage voilé. Ainsi le veut sa religion! C'est le vétéran Milton Rodriguez (Cyclone, Violence à Manaos, Massacre dans la vallée des dinosaures) qui se glisse dans la robe rouge de Humanon.
Malgré une première partie plutôt faible, peu énergique, le deuxième épisode des aventures de Kaliman n'a guère de mal à se hisser au niveau du premier puisqu'assez rapidement il en retrouve toute la folie et la démesure dans ce contexte très bande dessinée qui caractérise ces films. Ni les amoureux du super héros mexicain ni les amateurs de science-fiction d'antan ne seront déçus même si Kaliman en el siniestro mundo de Humanon a un coté plus Z que son prédécesseur.