La esclava del paraiso
Autres titres: 1001 nights / Sharaz
Réal: José Maria Elorrieta
Année: 1968
Origine: Espagne / Italie
Genre: Fantastique
Durée: 90mn
Acteurs: Jeff Cooper, Luciana Paluzzi, Raf Vallone, Perla Cristal, Ricardo Palacios, Ana Casares, Tomas Bianco, Ruben Rojo, Gianni Pulone, Pilar Donoghue, Eva Russo, Barta Barri, Guillermo Mendez, Eugenio Galadini, Charly Bravo, Antonio Jimenez Escribano, Kary Estenson...
Résumé: De retour au royaume des Maures Omar, le fils du grand-vizir, apprend qu'un usurpateur a assassiné son père et pris le pouvoir. Avec l'aide de son fidèle ami Ali et d'une ravissante magicienne il décide de venger la mort de son père et de reprendre le trône qu'il lui a été dérobé...
Venu du court-métrage, il en réalise une dizaine entre 1945 et 1948, José Maria Elorrieta met en scène son premier film en 1949. En vingt-quatre ans de carrière et une quarantaine de pellicules à son actif Elorrieta aura touché à de nombreux genres dont la comédie musicale et les jolies romances. En France on le connait surtout pour ses quelques westerns-paëlla, un curieux giallo bien peu sérieux mais délectable (Le diable aime les bijoux) et ses quelques essais fantastiques (La malédiction du vampire, El espectro del terror, Las amantes del diablo). On lui doit également une incursion dans le monde du merveilleux, cette vision ludique des 1001 nuits, ce fameux La esclava del paraiso réalisée
en 1968 et restée inédite chez nous.
De retour d'un long voyage au Moyen-Orient Omar, le fils du Grand-Vizir, et son ami Ali sont de retour chez eux, au royaume des Maures, à Grenade. A peine arrivé Omar découvre que des bien des choses ont changé. Son pays est au main d'un tyrannique usurpateur, Hixxum, et de sa favorite. Il apprend également que son père a été tué par Hixxum après avoir été faussement accusé de haute trahison. Omar est bien décidé à venger la mort de son père et à renverser Hixxum afin que la paix revienne. Aidé de son fidèle Ali, du vieux Kassim un proche de son père, et d'une jolie Djinn de troisième classe sortie d'une bouteille, la fort
séduisante sorcière Mizziana, Omar s'infiltre au palais d'Hixxum sous une fausse identité. Il séduit dans un premier temps la favorite de Hixxum mais ce dernier découvre la supercherie. Après avoir fait prisonnière Mizziana qui a pris l'apparence d'un oiseau Hixxum lance ses hommes à la poursuite d'Omar et ses amis qui finissent par être capturés. Mizziana convainc la favorite d'Hixxum de l'aider à délivrer Omar et renverser l'usurpateur. Elle accepte. Elles délivrent Omar et Ali qui ont été torturés par les hommes d'Hixxum. Enfin libres Omar, Ali et la population prennent d'assaut le palais du tyran. Omar parvient à tuer Hixxum lors d'un duel à l'épée. Il récupère le trône qui lui revient et commence une jolie romance avec Mizziana.
Comme l'indique son titre international 1001 nights est une nouvelle version des célèbres contes des Mille et une nuits mais cette fois pour le moins étriquée puisque des fables ne reste qu'un cadre oriental, une magicienne sortie d'une bouteille, le fils d'un grand-vizir en guise de vaillant héros et un vilain usurpateur. Avec ces éléments José Maria Elorrieta met en place une histoire des plus classiques, sans grande surprise, celle dudit fils, Omar, qui se donne pour mission de venger l'assassinat de son père et renverser le tyran qui a pris sa place à la tête du pays. Sur cette base on aurait pu avoir une sympathique aventure au pays des mille et une merveilles. On a malheureusement à la place un film plutôt poussif cousu
de fil blanc. Tout est prévisible, mené sans grande conviction. L'action est certes bel et bien présente mais rien d'affolant. Les moteurs semblent régulièrement tourner au ralenti. On aurait aimé plus de nerf, plus d'énergie et surtout plus de magie. C'est peut-être là le plus gros défaut du film, l'absence de féerie. Hormis notre magicienne et ses quelques tours de passe-passe qui se résument à des disparitions/apparitions sommaires (autrement dit un bel écran de fumée de couleur pour faire illusion) et une transformation basique en canari c'est à dire hors champ il n'y a rien d'autre. Voilà qui est bien peu pour un conte au pays des rêves orientaux et qui risque de frustrer bien des amateurs de merveilleux habitués à bien
plus de magie, de sorcellerie. En fait La esclava del paraiso est plus une comédie fantastique orientale qu'un véritable film des Mille et une nuits. Elorietta préfère plus enchainer les gags, les situations comiques, les quiproquos que d'apporter une véritable part de rêve au public. Passer un certain âge difficile de rire des facéties d'Ali (notamment la longue séquence où il se travestit en fatma) ou de Mamet, le chef des gardes de Hixxum, des situations qui se veulent drôles mais sont plus puériles que vraiment comiques. L'ensemble reste trop souvent assez enfantin.
Ne comptons pas sur le canadien Jeff Cooper pour donner un peu de muscles à ces
péripéties. Il a certes des yeux d'un bleu azur enivrant, un joli torse qu'il sait mettre en avant mais la transparence de son jeu, la mollesse de son interprétation, son manque de charisme n'aident guère à faire décoller les tapis volants. S'il a le corps de l'emploi il n'en a pas vraiment les épaules. Spécialisé dans les rôles à la télévision, Cooper incarna cependant par deux fois le héros de BD Kaliman, Kaliman el hombre increible en 1972 et Kaliman en el siniestro mundo de Humanon en 1976, mais c'est surtout son rôle dans Dallas qui le fera connaitre mondialement dans la peau du psychiatre de notre chère Sue Ellen.
Malgré tout La esclava del paraiso n'est pas un mauvais film. On se laissera séduire par les superbes décors naturels andalous qui font office de Moyen-Orient (le film fut tourné entre autres à Almeria et aux alentours de Séville), les décors studio chatoyants et les jolis costumes. On appréciera cet hommage aux films des années 40 et 50, notamment Sinbad et Le voleur de Bagdad auquel Omar s'apparente (de loin), l'humour omniprésent même s'il est souvent gamin (la tentative est louable), le zeste d'érotisme ultra pudique et les incontournables danses du ventre sans oublier la présence de séduisantes actrices, Luciana Paluzzi (la magicienne), Perla Cristal (la favorite de Hixxum) et Ana Casares (la
traitresse Miriam). Raf Vallone en vilain usurpateur tire son épingle du jeu et prend visiblement son personnage de méchant au sérieux.
Coproduction italo-hispanique La esclava del paraiso est une série B familiale qui sans être géniale n'en est pas moins sympathique. Sans vraiment emballer elle reste purement divertissante et vise avant tout un public assez jeune. Nous adultes, on aurait surtout aimé bien plus de magie, de féérie et un peu plus de dynamisme également. A servir en guise d'hors d'oeuvres avant Les 1001 nuits version Mario Bava et d'enchainer avec des oeuvres plus conséquentes.