La llamada del vampiro
Autres titres: Curse of the vampire
Real: José Maria Elorrieta
Année: 1972
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 86mn
Acteurs: Diana Sorel, Nicholas Rey, Ines Morales, Loreta Tovar, Antonio Jimenez Escribano, Rosario Royo, Maria Luisa Tovar, Beatriz Elorrieta...
Résumé: Une doctoresse est envoyée dans un petit village d'Espagne perdu au coeur des montagnes afin d'élucider le mystère qui entoure plusieurs décès. Les vieilles superstitions ressurgissent et tendraient à monter que le défunt Dr Mersch avait vu juste lorsqu'il parlait de vampirisme. Dés son arrivée, elle doit se rendre en compagnie de sa jeune assistante au chevet du vieux baron Von Rysselberg. Son fils, Karl, supplie la doctoresse de rester au château. Il s'éprend de l'assistante qu'il souhaite épouser au plus vite. Il lui apprend cependant qu'il fut il y a quelques années fou amoureux de sa cousine Margaret depuis décédée. En fait elle fut tuée par le baron car mordue par un vampire elle était devenue une créature de la nuit. La belle assistante ignore que Karl a été contaminé. Il est aussi un vampire qui chaque pleine lune doit se nourrir de sang humain......
Vétéran du cinéma ibérique José Maria Elorietta signait avec La llamada del vampiro son avant dernier film en tentant de revisiter à sa façon le mythe du vampire. S'il s'était déjà essayé quelques années auparavant à l'horreur avec mérite (l'hybride Las joyas del Diablo, le mitigé I diabolici convegni, El espectro del terror) cette ultime tentative n'est peut être pas une grande réussite même si La llamada del vampiro se laisse regarder sans trop de peine, le film étant en soi une étrange petite curiosité qui une fois de plus témoigne de l'importance du cinéma espagnol des années 70.
Une étrange épidémie semble atteindre les habitants d'une petite région d'Espagne. Les vieilles superstitions ancestrales resurgissent, la peur s'installe. Une jeune doctoresse, Greta, et son assistante Erica se rendent au village afin de déterminer les causes de cette étrange maladie qui frappe la population et étudier les notes prises par le défunt Dr Mersch qui n'hésitait pas à parler de vampirisme. Greta est alors appelée au chevet du vieux baron Von Rysselberg atteint d'une mystérieuse maladie du coeur. Le fils du baron, Karl, implore la jeune femme de s'installer au château tant il a peur pour la santé de son père. Greta accepte et découvre rapidement que Karl, un jeune homme romantique mais tourmenté au
comportement suspect, est en fait un vampire. Fou amoureux de sa cousine Margaret, cette dernière le contamina après avoir été elle même mordue par un vampire. Le baron dut une nuit tuer la jeune fille dont il conserve le cadavre dans un cercueil caché au fond d'une crypte. Karl, fou de douleur, ne s'est jamais remis de cette mort mais il a également beaucoup de mal à accepter sa condition de vampire qu'il refoule au plus profond de lui. Ainsi il n'est pas conscient qu'il doit tuer et se nourrir de sang humain pour survivre. Si Karl a jeté son dévolu sur Erica qu'il veut rapidement épouser il ignore que la doctoresse est en réalité une chasseuse de vampires qui va tenter de le détruire et détruire aussi Margaret.
Ce qui frappe avant tout à la vision de La llamada del vampiro c'est la façon dont Elorietta bouscule les codes du vampirisme ce qui pourra d'une certaine manière déranger les fervents adeptes du mythe. Le plus étonnant est le fait que Karl se transforme en vampire uniquement les nuits de pleine lune ce qui le rapproche donc beaucoup plus du lycanthrope que d'un digne héritier du comte Dracula. Plus curieux Margaret ne tue pas avec ses canines mais armée d'un couteau, Karl de son coté respecte la tradition et sait montrer ses dents acérés qu'il plante violemment dans le cou de ses belles victimes. Plus rare mais l'idée est intéressante et plutôt inédite est de faire du chasseur de vampires une femme en
l'occurrence la doctoresse qui s'avère être en fait une Van Helsing en jupons qui aura maille à partir avec la monstrueuse famille du vieux baron. Dernière inventivité du film, peut être la plus inexplicable,Erica, devenue vampire, se suicidera en se noyant dans le lac. Depuis quand les vampires meurent ils en se jetant à l'eau?
Elioretta nous livre donc un film original mais malheureusement un peu trop inoffensif pour réellement séduire malgré d'évidentes qualités dont un très beau décor, celui de Predaza, plus exactement de la petite province de Segovia perdue au milieu des montagnes qui offre au film ses ruines ancestrales qui ne sont pas sans rappeler celles de la saga des
Templiers aveugles de De Ossorio et son château. S'il reste discret, censure espagnole de fer obligent, l'érotisme est bel et bien présent ne serait ce que par les nuisettes de Greta mais surtout et avant tout un nu frontal de Margaret allongé au milieu des ruines, une jolie scène de lesbianisme assez osée du moins pour l'époque entre Margaret et Veronica (De Ossorio avait l'année précédente tenté une approche lesbienne, la toute première dans l'histoire du cinéma ibérique, dans La révolte des morts vivants) et quelques séquences plus ou moins oniriques notamment lors du final grandiloquent qui flirtent avec une imagerie sadomasochiste bon enfant (Greta enchainée nue à un mur se faisant fouetter par une
Margaret vêtue uniquement d'un slip de cuir noir puis caresser les seins avec une plume). Autre intérêt du film ses effets sanglants, réussis, parfois impressionnants comme lors de la séquence d'ouverture, parfaite, maitrisée, qui laisse augurer le meilleur pour la suite. La llamada del vampiro grâce à une jolie photographie, quelques ralentis et grands angles (une des spécialités du cinéma de Elioretta par le passé que certains pourront lui reprocher) parvient à instaurer une petite atmosphère, quelques doux frissons qu'on pourraient qualifier de familiaux.
Il est simplement regrettable que la mise en scène, sans grande originalité, ne suive pas et
dessert par conséquent une histoire sans grande surprise puisque Eliorreta abat ses cartes dés les premières minutes, éliminant ainsi tout suspens. Le film ronronne gentiment, le rythme souvent inégal laisse place par instant à quelques passages mollassons, notamment lors de sa partie centrale, peu aidés par des personnages sans grande épaisseur auxquels il est difficile de vraiment s'attacher. L'interprétation n'est certes pas mauvaise, elle est simplement anodine à l'instar même des acteurs pour la plupart inconnus. La blonde et charnelle Diane Soler (Greta) malgré ses formes n'est pas très charismatique et ne parvient jamais à crever l'écran, Beatriz Elorrieta, la propre fille du
réalisateur, est aussi jolie que bien piètre actrice, gauche et hésitante, la rousse Ines Morales créditée sous le pseudonyme de Ines Skorpio est elle aussi jolie mais ne possède pas un charme inoubliable. Quant au jeune et fort séduisant Nicholas Ney qu'on imagine sans mal nous vampiriser avec bonheur, il est un Karl maladroit un peu trop théâtral qui par instant surjoue à l'excès, incapable de réellement faire ressentir au spectateur le terrible mal qui le ronge. Figure récurrente de la saga des Templiers maudits, Loreta Tovar est quasiment la seule comédienne professionnelle, un plaisir coupable pour tous les admirateurs de la jeune actrice.
La llamada del vampiro malgré ses défauts et son manque de rythme est loin d'être un mauvais film de vampires. Divertissant, ludique, visuellement agréable, il reste aujourd'hui encore un sympathique spectacle dans la pure tradition du célèbre mythe certes un peu bouleversé par un Elioretta enclin au changement. Doté d'un charme certain, cette petite bande oubliée comme tant d'autres oeuvres aussi anodines soient elles témoigne aujourd'hui de la richesse d'un cinéma ibérique trop méconnu qui dans les années 70 sut outrepasser les interdits et déroger aux règles d'une censure de fer en abordant avec plus ou moins de bonheur les grands thèmes du cinéma fantastique et d'horreur.