Scusi, lei conosce il sesso?
Autres titres: Sex italian style
Réal: Vittorio De Sisti
Année: 1968
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 72mn
Acteurs: Gianrico Tedeschi, Mirella Pamphili, Gianni Pulone, Teodoro Corrà, Lina Franchi, Paolo Giusti, Renato Cestiè
Résumé: En cette fin d'années 60 le réalisateur nous propose un long cours d'éducation sexuelle où il nous explique les choses de la vie de la naissance à l'âge adulte via des interviews vérité, des schémas et des illustrations filmées en direct...
Lancé en 1962 par le désormais célébrissime Mondo cane de Gualtiero Jacopetti le mondo a très vite enflammé les salles obscures tant européennes qu'américaines. Genre particulièrement controversé par ses détracteurs il se présente sous la forme d'un faux documentaire choc, un pseudo reportage fait d'images d'archive soigneusement choisies pour leur contenu racoleur et de fausses scènes montées en studio qui a pour but de montrer tous les travers de notre société dite moderne sans jamais se mettre de véritables limites afin de satisfaire au mieux les basses pulsions d'un spectateur voyeur. Parmi les
divers mondo le sex-mondo s'est taillé une bonne place au soleil en offrant entre autres des cours d'éducation sexuelle au public. C'est surtout une manière détournée de parler de sexe, de montrer des scènes de nus et érotiques à la limite souvent de la pornographie soft sans avoir peur de la censure dont les infâmes ciseaux restaient ainsi dans les tiroirs puisque le résultat final avait un but éducatif. Une hypocrisie tout au profit du spectateur qui pouvait ainsi se régaler. Réalisé en 1968 le premier film de Vittorio De Sisti, Scusi, lei conosce il sesso?, en est un parfait exemple.
Scusi, lei conosce il sesso?, littéralement Pardon, connaissez vous le sexe?, n'est jamais
qu'un long cours d'éducation sexuelle de minutes qui nous explique ce qu'est le sexe (pour ceux qui ne le sauraient pas encore), une leçon approfondie qui débute de la naissance de l'enfant puis va de la puberté à l'âge adulte. Autrement dit vous saurez tout, tout, sur le zizi... et la zézette! Rien de plus normal donc que de commencer par comment on fait les bébés d'où cet accouchement très détaillé qui ouvre le film, un bébé joliment expulsé du vagin de sa mère, un classique du sex-mondo. Après cette vision visqueuse et toute une série de plans de mères donnant le sein à leur rejeton afin de rappeler l'importance du contact, de l'odeur et du lait maternel, une belle façon surtout de montrer des poitrines opulentes et une
ribambelle de bébés piailleurs, il est grand temps d'expliquer les différents stade de la sexualité chez le nouveau-né puis chez l'enfant dont évidemment la fameuse phase orale, celle où l'enfant met tout à la bouche, celle nous dit le narrateur qui établira nos futures habitudes car c'est de la bouche qu'elles viennent. On pense tous à la même chose mais les exemples sont plus terre à terre. On en veut pour preuve les illustrations que nous donne De Sisti, la plupart prises au bord de la plage: manger un cornet de frites, sucer... un eskimo (!), manger une glace, une pâtisserie, des bonbons, dévorer un sandwich ou encore... fumer!
Impossible de ne pas parler de la phase pipi-caca puisque bébé nous dit le narrateur avec
humour constate très vite que tout ce qui rentre par sa bouche en ressort... ailleurs! Et pour mieux qu'on comprenne ce phénomène rien ne vaut non pas une démonstration (dommage) mais un dessin d'un enfant sur le pot avec trajectoire des aliments de la bouche au cucul! Quoi de plus naturel pour un gamin que la nudité? La gêne, la honte n'existe pas encore, un frère et une soeur peuvent donc prendre leur bain ensemble dans la joie et la bonne humeur sous l'oeil de maman. Quoi de plus naturel également si l'enfant se touche, découvre son corps et joue avec cette étrange petite chose située entre ses jambes, une étape joliment illustrée par bambin au bain, l'occasion pour notre commentateur de nous
confirmer que l'enfant a dés son plus jeune âge une sexualité qu'il vit à sa façon. La leçon se termine par cette question: l'enfant peut il être troublé par la nudité de ses parents? La réponse en image: nos chers bambins regardent leur mère prendre sa douche dans un éclat de rire général. Tout est question de tact et d'amour, un fait approuvé par le psychanalyste de notre mère très libérée. Voilà une famille heureuse où la nudité n'est pas tabou. L'heure est arrivée de demander à ses parents comment on fait les bébés. Pour cela De Sisti nous invite dans une famille visiblement très ouverte où madame, confortablement assise au salon, explique à ses deux moutards comment papa met la petite graine dans le
ventre de maman puis comment bébé grandit à l'intérieur en comparant la chose à un pot de fleur!
L'enfant devient un pré-adolescent puis un adolescent, son corps mue, sa sexualité devient de plus en plus un sujet qui le préoccupe d'autant plus que ses hormones travaillent un peu plus chaque jour. Il est temps de lui expliquer ce que sont les pulsions sexuelles, ce trouble incontrôlable qui s'empare régulièrement de son corps et de son esprit. Pour se faire De Sisti nous invite de nouveau à la plage. On y fait la connaissance de Valentino (!) un séduisant adolescent au regard revolver qui observe discrètement une pulpeuse jeune fille
entrain de s'enduire d'huile solaire. La coquine l'a remarqué, en fait des tonnes lorsqu'une rivale s'installe non loin d'eux. Notre adolescent ne sait plus dans quel décolleté plonger. Il se met alors fantasmer. Il s'imagine au bord d'une piscine de luxe, une cigarette à la bouche, roucoulant tel un pacha avec la seconde jeune fille tandis que la première est devenue sa servante. Tout ado rêve d'un harem! Voilà une belle image de l'homme et de la femme qu'on pouvait encore imaginer en ces temps bénis. Aujourd'hui tous les Hashtags de l'univers nous tomberaient dessus. Mâles infâmes! Le rêve terminé il se retrouve seul sur la plage abandonné mais on ne nous dit pas quel était l'état de son beau caleçon de bain rouge rayé
de noir. Impossible de ne pas évoquer la masturbation, un acte réprouvable comme le rappelle ce docteur austère qui sermonne un pré-ado devant sa mère pour se donner régulièrement du plaisir! Quelques images de grands adolescents s'aimant face au soleil couchant, de nymphettes admirant le corps parfait d'un maitre-nageur à l'oeil étincelant et voilà qu'on passe à une donzelle en larmes, amoureuse de Jean-Paul Belmondo, son idole car oui l'adolescence est l'âge des idoles. Aveuglée par Bebel, elle ne voit même pas qu'un garçon (qui transpire beaucoup des aisselles) en pince pour elle et le rend triste. Il se console en caressant le poster de son idole, Joan Baez, avant d'être pris par une pulsion
suicidaire. L'adolescence peut être dangereuse.
Arrive l'âge des putes (avec cette question qu'est ce le sexe et l'amour pour une catin) et des magazines pour adultes qu'on feuillette en cachette (toujours à la plage). Une bonne gifle de la mère outrée et l'excitation retombe très vite! Et nous voilà à l'âge adulte. Une généralité: le sexe est primordial pour être heureux. C'est ce qu'il retourne des interviews même chez les sportifs réputés ascètes. faux! Les sportifs aiment le sexe! Notre aventure ne pouvait se terminer qu'avec un couple qui fait l'amour sensuellement puis un accouchement très clinique. Le sexe, l'amour, la vie!
Toutes ces magnifiques séquences sont évidemment entrecoupées d'une multitude d'interviews-vérité (plutôt crédibles cette fois), certaines bien réelles où notre journaliste micro en main, magnétophone à l'épaule, demande à des jeunes comment ils vivent leur sexualité aussi bien entre eux qu'avec leur famille, d'autres totalement fausses comme celle de la putain et celle de l'athlète des rues.
On l'aura compris, Scusi, lei conosce il sesso? est un mondo coquin rythmé par une joyeuse partition musicale qui ressemble à une comptine psychédélique signée Piero Umiliani (ah la chanson "Popocaca!" avec ses envolées lyriques sous acides). Sous couvert
d'authenticité il utilise le coté faussement éducatif de la sexualité pour étaler à l'écran un maximum de scènes déshabillées et de nus très pudiques car nous ne sommes qu'en 1968. Rien de très osé cette fois donc, juste pas mal de poitrines discrètement dénudées et de jambes décroisées, quelques fessiers et beaucoup, énormément de scènes de plage (comme si la plage était un vaste lupanar) sans oublier les indispensables croquis anatomiques pour mieux nous expliquer les choses de la vie. De quoi gentiment satisfaire le voyeur de base. L'humour est cette fois présent tout au long de la pellicule et le narrateur, sagace et ironique, a quelque peu oublié le ton solennel qui caractérise la plupart des
mondo mais on sourira, on rira même beaucoup face aux propos tenus, parfois si datés, parfois surréalistes mais tellement typiques de cette époque lointaine, ce type de film étant surtout et avant tout le reflet des idées, des coutumes et de la permissivité de son temps. En ce sens le cours sur le métissage et la reproduction interraciale à l'aide de comparaisons florales et animales est quelque chose qu'on ne pourrait plus du tout se permettre aujourd'hui. Mais quel bonheur! Mentionnons aussi la référence à Hitler (toujours et encore lui, on l'adore en Italie ce cher Adolf) pour expliquer qu'un enfant qui a un rapport malsain avec sa mère, qui entretient une relation érotico-morbide avec elle (ou inversement un père
avec sa fille), peut devenir un psychopathe! Néron en est un bel exemple ajoute le narrateur!
L'amateur qui a l'oeil reconnaitra perdus au milieu de ces inconnus quelques noms génériques du cinéma Bis comme Gianni Pulone (l'athlète de rue qui fait sa gym non loin du Tibre) également responsable du scénario, Lina Franchi joue la putain des bois avec l'accent bolognais, Teodoro Corra est le gardien de parking qui ouvre le film sans oublier le futur prince du lacrima movie Renato Cestié, non crédité, qui joue le petit garçon à qui la maman explique comment on fait les bébés.
L'année suivante Vittorio De Sisti réalisera un second mondo tout aussi drôle mais bien plus osé, L'Angleterre nue. Suivra un troisième tourné en 1975, le bien plus rare et surtout hérétique Sesso in confessionale, où cette fois De Sisti mêle sexualité et religion.