Troppo per vivere... poco per morire
Autres titres: Qui êtes vous inspecteur Chandler?
Réal: Michele Lupo
Année: 1967
Origine: Italie
Genre: Polar
Durée: 109mn
Acteurs: Claudio Brook, Daniela Bianchi, Sydney Chaplin, Jess Hahn, Nazzareno Zamperla, Yves Vincent, Tina Aumont, Paolo Gozlino, Raymond Bussières, Jacques Herlin, Anthony Dawson, George Wang, Andrea Bosic, Pietro Ceccarelli, Pietro Torrisi, Guido Lollobrigida, Goffredo Unger, Claudio Ruffini, Stefania Careddu, Harriet Medin, Claudio Biava, Gino Turini, Aldo Cecconi, Valentino Macchi, Roberto Simmi, Bruno Bertocci, John Karlsen, John Bartha, Bill Vanders, Walter Williams...
Résumé: Une bande de gangsters dérobe une importante collection de diamants lors d'un défilé de mode à Londres. Le journaliste Foster tient là le scoop de sa vie. Un des gangsters s'empare d'une partie des bijoux après avoir tué l'homme chargé de répartir le butin. Une femme, témoin du meurtre, prévient le reste de la bande qui finit par le traitre. Aidé de son photographe et d'une mannequin Foster se met en tête de retrouver les bijoux ce qui ne semble pas vraiment plaire à l'inspecteur Chandler chargé de l'enquête...
Avant de se reconvertir définitivement dans la comédie en s'associant dés la fin des années 70 au nom de Bud Spencer Michele Lupo s'est essayé avec succès à plusieurs genres. Après avoir commencé sa carrière dés le début des années 60 comme pas mal de ses confrères dans le péplum puis s'être orienté vers le western-spaghetti (Arizona colt) Lupo se diversifie à l'aube des années 70. Il passe ainsi du spy movie (7 volte 7, Coup de maitre) au giallo (le très anglais Week end des assassins), l'aventure (Safari express) sans
oublier la comédie (Un polyvalent pas comme les autres) et bien sûr le polar, un style auquel il avait déjà touché en 1967 avec cet Inspecteur Chandler de fort bon aloi.
Une bande de gangsters se prépare à dérober une très importante collection de bijoux appartenant aux plus grands de ce monde lors d'un défilé de mode à l'hôtel Ritz de Londres. Particulièrement bien informés les malfrats réussissent leur coup au nez et à la barbe des policiers et des hommes de l'inspecteur Chandler, chargés de leur protection. Présent au défilé le journaliste Robert Foster voit là le scoop de sa vie. Il se met de suite sur le coup. A
peine les bijoux ont-ils été volés qu'un des gangsters, Gordon, tue l'homme chargé de les cacher afin de s'emparer d'un quart du butin. Il téléphone ensuite à sa complice Katia qui devra les récupérer. Il ignore qu'une femme a été témoin du meurtre. Elle prévient immédiatement la bande qui retrouve Gordon et le blesse grièvement. Il parvient tout de même à se cacher dans une voiture et pas n'importe laquelle, celle de Foster. Avec les quelques mots que lui a glissé à l'oreille Gordon avant de mourir le journaliste, aidé de Flash son photographe et d'Arabella une jolie mannequin qui a participé au défilé, va se
donner pour mission de retrouver les bijoux, une mission que ne voit pas d'un très bon oeil l'inspecteur Chandler chargé de l'enquête. Après moult péripéties et trahisons en tout genre Foster parvient à démasquer le chef de la bande alors que les gangsters et la police s'affrontent dans une usine désaffectée.
Troppo per vivere... poco per vivere distribué en France sous le titre Qui êtes vous inspecteur Chandler? n'est pas un simple polar. Il s'agit surtout d'un copieux mélange de genres avec lesquels Lupo joue avec un plaisir non dissimulé. Du polar on passe ainsi au
spy-movie, au noir, au thriller et au film de pure action dans une atmosphère très anglaise puisque le film se situe à Londres sans oublier un petit clin d'oeil à Six femmes pour l'assassin pour l'incursion dans le milieu de la mode et l'agression des jolies modèles. Voilà de quoi faire saliver d'autant plus que le mélange prend plutôt bien. L'intrigue écrite en partie par Ernesto Gastaldi et Fabio Carpi est simple, elle n'a rien d'exceptionnelle, elle a été vue et revue maintes fois mais elle est suffisamment efficace pour tenir en haleine le spectateur de l'ouverture (le vol parfait des diamants digne des grands spy movie et autres
gangsters movies) aux ultimes minutes (l'affrontement entre la police et les gangsters et la bien improbable révélation de l'identité du chef de bande) grâce à un rythme soutenu qui jamais ne se relâche. En fait l'histoire est basée sur une succession de rebondissements qui à chaque fois la relance et tant pis s'ils ne sont pas forcément crédibles, l'important est d'être tenu en haleine. Michele Lupo enchaine à la vitesse grand V et surtout avec savoir-faire fusillades, embuscades, trahisons, chasse à l'homme-poursuites, meurtres dans une atmosphère à anglaise, une partie du film ayant été tourné à Londres même si la plupart
des prises furent réalisées à Rome (notamment l'intégralité du final tournée au Mulini Biondi). L'illusion est parfaite. Le film pourrait paraitre un peu long, il fait presque deux heures, mais grâce à l'action, omniprésente, le temps passe finalement assez vite. Lupo en bon artisan qu'il est aidé à la technique par un certain Aristide Massacessi (futur Joe D'Amato) maitrise sa caméra, sait éblouir son spectateur qui s'il est un tant soit peu fan des sixties se sentira comme un poisson dans l'eau dans ce Swinging London parfaitement reconstitué.
La distribution ravira tous les amateurs de série B. On retrouve ainsi en tête d'affiche le bunuelien Claudio Brook dans le rôle du journaliste, Sidney Chaplin dans celui de l'inspecteur Chandler et le solide Jess Hahn est un des gangsters. A leurs cotés gravitent tout un essaim de visages familiers du cinéma Bis italien (certains dissimulés pour l'occasion sous des pseudonymes anglo saxons) tels que Goffredo Hunger, Nazzareno Zamperla, Paolo Gozlino, John Bartha, George Wang, Anthony Dawson ou encore Andrea Bosic ainsi que les français, coproduction oblige, Raymond Bussières et Jacques Herlin.
Quant aux charmes féminins, un des autres atouts du film, ils sont représentés par la blonde Daniela Bianchi, une habituée du spy movie, un genre qu'elle n'a presque jamais quitté, et les brunes Tina Aumont, ici à ses débuts, qui nous gratifie déjà de quelques gentils mais trop brefs nus, et Stefania Careddu (Katia).
Rythmé par une jolie partition musicale qui swingue signée Alessandro Alessandoni et Francesco De Masi Troppo per vivere... poco per morire est une pure série B d'action typiquement 60s, un divertissant mélange des genres qui séduira forcément l'amateur pris dans cette intrigue à tiroirs invraisemblable mais joyeusement captivante. A (re)découvrir.