Madhouse
Autres titres: There was a little girl / And then she was bad / Flesh and the Beast / Scared to Death
Réal: Ovidio G. Assonitis
Année: 1981
Origine: USA / Italie
Genre: Horreur
Durée: 93mn
Acteurs: Patricia Mickey, Michael MacRae, Dennis Robertson, Morgan Hart, Allison Biggers, Edith Ivey, Richard Baker, Don Devendorf, Jerry Fujikawa, Doug Dillingham, Joe Camp, Janie Baker, Huxsie Scott...
Résumé: Julia, jolie trentenaire, apprend un jour que sa soeur jumelle Mary est à l'hôpital dans un état grave. Son oncle et son petit ami la poussent à aller la voir malgré ses réticences. Leur rencontre se passe très mal. Elle fait ressurgir chez Julia de mauvais souvenirs d'enfance lorsque sa jumelle la torturait et l'effrayait. Mary sur son lit de souffrance lui promet de la tuer. Dans cinq jours Julia fêtera son anniversaire. Lorsque Mary s'échappe de l'hôpital un compte à rebours meurtrier commence...
Grec d'origine égyptienne installé en Italie Ovidio G. Assonitis est à l'origine d'une série de films d'horreur souvent réalisés sur le sol américain. On se souvient notamment du Démon aux tripes (Chi sei?), de Tentacules, de Stridulum. Madhouse fait également partie de ses pellicules ricaines tournées avec une équipe 100% italienne mais avec une distribution entièrement originaire des USA. Autrefois classé en Angleterre parmi les fameuses video nasties Madhouse a longtemps fait vagabonder l'imagination des amateurs d'horreur d'autant plus que le film était difficilement visible. Des décennies plus tard il a perdu un peu
de son aura méphitique mais méritait-il cette sulfureuse réputation?
Julia travaille dans une école pour mal entendants. Elle reçoit un jour des nouvelles de sa soeur jumelle Mary. Elle est à l'hôpital, gravement malade. Elle hésite à aller la voir mais elle finit par lui rendre visite. Cette rencontre se finit très mal. Elle fait ressurgir de terrifiants souvenirs d'enfance chez elle. Enfants, Mary terrifiait sa soeur, la dominait. Elle la haïssait. A chaque anniversaire Mary avait un rituel effrayant. Accompagné de son chien, un animal vicieux, elle venait terrifier Julia dans son lit en lui promettant les pires horreurs. Julia ne s'est jamais vraiment remise de ces années de peur. Julia va justement fêter dans cinq
jours ses 30 ans. C'est alors qu'elle apprend que sa jumelle s'est échappée de l'hôpital. La jeune femme constate rapidement que d'étranges évènements semblent se produire autour d'elle. Elle est persuadée que Mary en est la cause, qu'elle est revenue pour la terrifier et la tuer comme elle lui avait toujours promis. Petit à petit l'entourage de Julia est tué par un chien noir qui obéit en effet à Mary. Le jour de son anniversaire, son oncle, un prêtre, vient la chercher afin de la conduire à sa fête. Elle doit se dérouler dans la cave de son appartement où tous les invités l'attendent. La fête d'anniversaire se transforme en une longue nuit d'horreur. Le véritable monstre n'est en effet pas forcément celui auquel on pensait...
Assonitis avait toujours voulu faire un film sur le thème de la gémellité. C'est la raison pour laquelle il finit par écrire ce scénario inspiré d'Halloween qui met en scène deux jumelles dont une maléfique puisque c'est ce point précis qui l'intéressait avant tout. L'histoire écrite il la propose à la Warner qui accepte de produire le film mais au départ Assonitis ne devait pas en être le metteur en scène. C'est David Worth (Le chevalier du monde perdu) qui devait réaliser Madhouse. Face à l'incapacité de Worth à mettre en scène un film Assonitis avec l'accord de la Warner renvoie le réalisateur alors débutant et reprend les rênes du tournage. Vu le désastre de Worth tout est à recommencer. C'est ainsi que Assonitis se
retrouve derrière l'objectif pour réaliser ce projet qui lui tenait à coeur. Le résultat est assez surprenant mais surtout assez inégal.
Le thème de la jumelle maléfique est intéressant et plutôt bien traité durant toute la première partie du film qui se rapproche bien plus du film d'atmosphère que du film d'horreur à proprement parlé. Il faut avouer que Assonitis parvient à instaurer un gentil petit climat de terreur sourde ne serait-ce qu'à travers cette inquiétante maison aux longs escaliers, aux pièces sombres avec leurs bruits inquiétants et leurs présences spectrales, aidé en cela par une musique inquiétante signée Riz Ortolani et une magnifique photographie nocturne.
La description de la relation des soeurs jumelles est quant à elle plutôt subtile, intelligente et réussit là encore à créer un doux frisson chez le spectateur piqué au vif par la haine que voue à sa jumelle cette femme désormais défigurée par la maladie et la peur qu'elle suscite chez l'autre. Cette haine virale est d'ailleurs fort bien dépeinte lors de l'excellente séquence d'ouverture qui voit Mary exploser à coups de pierre la tête de sa soeur assise dans une chaise à bascule.
Toit au long de cette première moitié de film Assonitis parviendrait presque à créer un sentiment de malaise si quelques maladresses ne faisaient par moment légèrement
retomber le suspens. Que nenni! L'histoire fonctionne, le compte-à-rebours a commencé pour la fragile héroïne, cinq jours ponctués par d'excellents moments de terreur et de scènes sanglantes particulièrement gore orchestrées par le vilain chien de Mary, un horrible cabot noir aux crocs acérés qui déchire les gorges (meurtres inspirés avoue Assonitis par la fameuse scène du chien dans Suspiria) et n'hésite pas à dévorer les enfants également (même si pour la mort du petit sourd la caméra se fera malheureusement suggestive). Assonitis atteint même des sommets lors de la scène de la mort de la vieille propriétaire, une longue séquence menée de main de maitre, un summum de suspens et de terreur.
Malheureusement à partir de cet instant tout bascule. Le film change totalement d'orientation de manière absolument inattendue. Qu'est il arrivé à Assonitis? Mystère. Madhouse se transforme en une sorte de comédie horrifique franchement irritante qui perd beaucoup de sa signification. De la gémellité maléfique on passe à un condensé de folie débridée, celle du véritable assassin qui surjoue, cabotine, donne dans l'excès brisant ainsi toute la force et l'originalité du film. L'histoire explose, perd tout son sens et devient franchement énervante tant on sombre dans le ridicule. D'autant plus absurde que rien ne laissait présager ce retournement scénaristique qui ne trouve aucun fondement logique. La fête d'anniversaire
est copiée sur celle de Happy birthday!, réalisé la même année. Quant au dernier quart d'heure c'est purement et simplement du grand guignolesque qui transforme le film en une farce gore consternante brisant ainsi toutes les attentes d'une très bonne et prometteuse première partie. C'est franchement déçu qu'on voit le mot Fin arriver hormis ceux qui auront trouvé un certain plaisir jouissif à vivre la folie et les débordements hystériques du tueur dignes d'un Joker de théâtre.
On saluera l'interprétation de Patricia Mickey (Trish Everly), l'ex-épouse de Phil Everly (du duo Everly brothers), tout en nuances et douceur. Sa fragilité apporte beaucoup au film
même si Assonitis avoue que la faire tourner juste fut très compliqué. Défi relevé. Patricia alors en plein divorce souhaitait devenir actrice pour pouvoir passer à autre chose. Elle ne fera que quelques apparitions dans une dizaine de séries télévisées. Dennis Robertson, une figure incontournable des séries et feuilletons américains, passe avec aisance de la réserve à l'excitation la plus survoltée avec aisance malgré le ridicule de son personnage. On appréciera ou pas. Si parfois le reste de l'interprétation peut avoir un coté plutôt théâtral c'est que la quasi totalité des autres acteurs venait tout simplement du théâtre, une volonté du réalisateur.
Tourné sous le titre Madhouse mais rebaptisé par la suite There was a little girl par la Warner après qu'elle ait constaté que trop de films portaient déjà ce titre cette nouvelle réalisation de Assonitis n'est pas une réussite à 100%. Si la première heure séduit de par son ambiance terrifiante, si de manière globale on appréciera la jolie photographie et les musiques de Ortolani, une interprétation fort décente, un scénario prometteur et un sadisme très plaisant notamment envers les animaux et les enfants (les enfants, on adore), le brusque changement de ton et le virage amorcé lors de la dernière demi heure déboussolera. Libre au spectateur d'accrocher ou non. Soit il adorera et Madhouse sera à ses yeux un petit bijou horrifique, soit il détestera et le film sera tout en demi teinte, mi figue mi raisin. Ne subsistera donc pour lui que la première heure.