L'adultera
Autres titres: To agistri / Mettimi nella posizione giusta / The hook
Réal: Erricos Andreou
Année: 1976
Origine: Grèce / Italie
Genre: Giallo
Durée: 90mn
Acteurs: Barbara Bouchet, Günther Stoll, Robert Behling, Sofia Roubou, Giorgos Kyritsis, Dinos Karidis, Giorgos Vakouletos, Jessica Dublin, Kyriakos Danikas, Litsa Gallou, Dionysis Prionas, Giannis Tsiknis, Spyros Voutsinas...
Résumé: Iro, une séduisante femme, est mariée à un riche armateur, Kostas qu'elle trompe avec le beau Nikos. Elle et son amant ont prévu d'assassiner l'époux lors d'une course de yachts qu'il organise. La nuit du crime rien ne se déroule comme prévu. C'est Nick qui disparait en mer...
Genre spécifiquement italien le giallo a connu son apogée au milieu des années 70. L'Espagne toujours prête à suivre les juteux filons ouverts par leurs amis transalpins allait à son tour délivrer toute une série de thrillers, parfois en coproduction. Mais ce n'est pas le seul pays avec lequel l'Italie allait s'unir puisqu'on trouve des giallis également coproduits avec la France, l'Allemagne et la Turquie. Plus rares par contre furent les thrillers coproduits avec la Grèce, un pays où l'Italie est surtout connue pour avoir tourné toute une poignée de hardcore dés le début des années 80 lorsque l'âge d'or de la pornographie doucement
cédait sa place à la deuxième génération. To agistri plus connu sous son titre italien L'adultera fait partie des très rares gialli italo-grecs ce qui en fait une véritable curiosité pour l'amateur même si le film ne brille guère par son originalité.
La superbe Iro, un ex-modèle, est mariée à Kostas un riche armateur. Elle le trompe avec un jeune bellâtre, Nikos. Elle a prévu de tuer son mari avec la complicité de son amant lors d'une course de yachts qu'organise Kostas. Sur le yacht se trouve la petite amie de Nikos, Nelly, qui soupçonne qu'il y a bien plus que de l'amitié entre son copain et Iro. Lorsque la nuit tombera Nikos devra passer Kostas par dessus bord et faire croire à un malheureux
accident. Lorsqu'une tempête éclate en pleine nuit c'est pour Iro et Nikos le moment idéal pour exécuter leur plan. Nikos rejoint Kostas sur le pont mais c'est Nikos qui soudainement disparait. Iro est anéantie. Kostas lui avoue alors qu'il était au courant de tout. Il faisait suivre sa femme et avait caché un magnétophone dans l'appartement du bellâtre. Iro est donc assez vite suspectée de meurtre mais elle va retourner la situation contre son mari lorsqu'elle découvre que Nikos n'est pas mort. Kostas le garde prisonnier sur une ile déserte. Il s'apprête à lui offrir une coquette somme d'argent pour qu'il disparaisse à jamais de leur vie. Iro le rejoint, lui ordonne de tuer son mari lorsqu'il reviendra lui apporter l'argent.
Personne ne pourra les soupçonner puisque Nikos est déclaré mort. Malheureusement c'est Kostas qui tue Nikos. Lorsque Iro débarque sur l'ile elle découvre le drame. Kostas lui annonce qu'elle va l'abandonner seule sur l'ile. Elle mourra à petit feu et personne ne découvrira jamais son corps. Kostas est le grand gagnant du jeu mais il y a toujours un petit grain de sable dans le plus parfait des plans.
Le titre italien résume à lui seul le film. Toute l'intrigue est axée sur cet adultère, sur le désormais habituel triangle amoureux formé par une jolie épouse, son mari et son amant. On lorgne ici férocement du coté des gialli à la Umberto Lenzi et des sexy gialli maritimes
très en vogue au tout début des années 70. On pense bien sur aux très bons Top sensation et Interrabang, aux moins percutants Istantanea per un delitto et Mia moglie un corpo per un delitto entre autres. La mer Egée offre un décor parfait mais malheureusement le film de Andreou ne sort jamais des sentiers battus. Le cinéaste qui travailla beaucoup pour la télévision grecque use et abuse des grosses ficelles du genre. Tout a déjà été vu et revu, en bien mieux surtout. Cette fois dés le départ tout est déjà dit. Au bout de cinq minutes tapantes le meurtre et la façon dont il sera commis sont programmés, les divers protagonistes ont abattu leurs cartes brisant ainsi tout suspens. Il ne reste donc plus qu'à
attendre et lorsque le délit est enfin commis le retournement de situation n'a rien de surprenant puisque c'est le désormais coup classique. Là encore point de suspens, Andreou dévoile de nouveau tout en quelques minutes. La réapparition de l'amant n'a donc rien d'étonnant. Reste à savoir qui de l'épouse ou du mari gagnera ce jeu pervers. Leur affrontement aurait pu apporter un peu de piquant au film mais les incohérences répétées, les multiples invraisemblances, quelques grossières fausses pistes et le comportement ou les réactions des personnages souvent illogiques rendent le tout peu crédible, parfois même légèrement risible. A se demander comment ce triangle peut fonctionner alors que le
spectateur de son coté ne cesse de relever toutes les erreurs qu'il commet. Reste le final et ses deux dernières minutes, certes convenues, mais si cruelles et ironiques. Ou comment le Destin se chargera de punir ce couple machiavélique.
L'interprétation a son charme. C'est d'autant plus dommage car chacun dans son rôle respectif était plutôt convaincant. Barbara Bouchet (Laura dans la version italienne) est superbe et nous offre quelques généreux nus lors de scènes d'amour torrides entre elle et son amant. Elle reste l'atout majeur de ce thriller maritime hellénique même si on ne félicitera guère sa costumière pour sa garde robe peu élégante hormis ce superbe pantalon
pattes d'éph' jaune canari et les lunettes mouche qu'elle porte lors de l'ouverture. Acteur non professionnel et ex-modèle d'origine américaine Bob Behling a le physique parfait pour endosser le rôle de l'amant bellâtre (Nick dans la version italienne). Vu auparavant dans Island of death et le piètre La secte des morts-vivants L'adultera sera son ultime film puisqu'il se suicide en 1977 en s'attachant au tuyau d'échappement de sa voiture. Quant à l'allemand Günther Stoll il incarne à la perfection le mari odieux (rebaptisé Carlo dans la version italienne). Il meurt lui aussi en 1977 à la suite d'une crise cardiaque. A leurs cotés on remarquera la plantureuse américaine Jessica Dublin, une habituée du cinéma de genre
italien, et la grecque Sofia Roubou, la petite amie de Nikos qui disparait bizarrement en plein milieu du film sans raison apparente.
Tourné à Athènes et sur une minuscule ile située entre Kithnos et Ermopoli, L'adultera n'est pas un grand giallo. Convenu, téléphoné, tout est prévisible. L'ensemble manque cruellement de suspens pour vraiment captiver et les invraisemblances le rendent souvent peu crédible. La mise en scène n'est guère éblouissante, on regrettera certaines longueurs (l'interminable sirtaki) et l'abus de zooms hideux mais malgré ses nombreux défauts et son
scénario cousu de fil blanc ce sexy thriller italo-grec se laisse cependant regarder comme un simple divertissement. Il ne marquera pas les esprits mais fera gentiment passer le temps pour le peu qu'on ne soit pas trop exigeant bien sûr.
A noter que les photos publicitaires et promotionnelles jadis utilisées pour lancer le film sont bien plus érotiques que le film lui même, au demeurant très sage. Point De Bob nu donc ni de Barbara lascive en tenue d'Eve, tout deux alanguis sur le sable et les récifs. Ce sera dans les rêves de chacun.