Champagne e fagioli
Autres titres:
Réal: Oscar Brazzi
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 95mn
Acteurs: Howard Ross, Leonora Fani, Giampiero Becherelli, Ghigo Masino, Tina Vinci, Leopoldo Gualtieri, Marileno Querci, Riccardo Cioni, Jolanda Perrotta, Monica Boschi, Enrico Ruggini, Ivano Ghezzani, Enrico Mattioli, Francesco Cocchi, Giuseppe Ghiglione, Otello Papini...
Résumé: Un comte déchu et son majordome vivent de petits subterfuges et parviennent ainsi à garder contact avec la belle société florentine. Ils font un jour la connaissance d'une jeune fille sans abri, Ara, qui prennent sous leur aile. Une très forte relation nait entre eux jusqu'au jour où Ara tombe amoureuse d'un jeune noble qu'elle va épouser. Son départ est très mal vécu par le comte et son majordome qui ne parviennent pas à se remettre de son départ..;
Oscar Brazzi a toujours un peu été le réalisateur maudit du cinéma italien, ses films ayant pour la plupart été dans le viseur de la censure de l'époque puis ils ont lentement disparu jusqu'à devenir pratiquement invisibles pour une majorité d'entre eux, oubliés des éditeurs. Après avoir tourné dans les années 60 et le début des années 70 une série de petits drames érotiques qui se voulaient osés en leur temps (la trilogie Diario segreto di una minorenne, Vita segreta di una diciottenne, Intimita proibita di una giovane sposa) à la fin de la décennie Brazzi se tourne vers la comédie et la sexy comédie afin de relancer une
carrière en berne. Il décide d'innover et se met en tête de créer un nouveau type de comédie, la comédie toscane qui jusque là n'avait pas encore véritablement eu les honneurs d'être portée à l'écran si ce n'est à travers quelques personnages ça et là. Il tourne donc le sympathiquement vulgaire mais très joyeux Atti impuri all'italiana puis Il vangelo secondo San Frediano et aborde les années 80 avec Champagne e fagioli, son ultime film, un chant du cygne oubliable.
Descendant déchu d'une riche et illustre famille le comte Cellini vit avec son majordome et complice Aristide dans une misérable petite chambre du Palazzo vecchio. Ils vivent de petits
subterfuges notamment l'achat et la revente de faux tableaux qui leur permettent de toujours côtoyer le grand monde. Ils sont d'ailleurs en affaires avec Vincent qui doit leur acheter trois peintures. Le comte entend bien lui vendre des copies et conserver les vrais. C'est alors que le noble déchu et Aristide font la connaissance d'une jeune fille sans abri, Ara, qu'ils vont prendre sous leur aile. Très vite Ara ressent de l'amour pour eux mais lorsqu'un groom, Lappo, tombe amoureux d'elle Ara est perdue. Le comte lui explique alors que l'amour qu'elle ressent pour Aristide est comme un amour maternelle et celui qu'elle ressent pour lui est tel un amour paternel! Pour eux elle est comme leur petite fille. Il ne peut donc que la
pousser dans les bras de Lappo. Le jour où Ara se marie elle quitte le comte et son majordome, désespérés de la voir partir. Après que l'affaire des faux tableaux se soient retournés contre eux Cellini et Aristide se retrouvent sans rien. Ils vivent dans la rue comme deux mendiants. Ils apprennent un jour que Ara est de passage à Florence pour un gala de bienfaisance. Ils l'observent de loin perdus dans la foule. Ils voient qu'elle est heureuse. Ils s'en vont. Son seul bonheur leur suffit pour être heureux.
Ce n'est pas un secret. La comédie italienne a dés la fin des années 70 bien perdu de sa splendeur, l'aube des années 80 ne va pas l'aider à retrouver un peu d'éclat. Champagne et
fagioli (littéralement Champagne et fayots), une belle image pour illustrer la bourgeoisie et les couches plus populaires) ne fait pas exception à la règle. Voici une comédie justement populaire entièrement située à Florence qui jadis connut un petit succès en Toscane, ce qui n'est guère étonnant donc, mais un succès tout relatif vu qu'il fut loin de rembourser les 150 millions de lires qu'il couta à Brazzi. Difficile en effet d'encenser une pellicule dite comique qui a bien du mal à faire esquisser quelques sourires au public. Tout a déjà été vu et revu mais en beaucoup mieux, les gags, usés jusqu'à la corde, tous plus plats les uns que les autres, ne fonctionnent plus vraiment. Quant à l'intrigue d'une lenteur excessive durant la
première partie elle ne décolle jamais vraiment mais elle a l'avantage d'accumuler les anachronismes et les erreurs de montage (Ah! ce plan où on voit une voiture rouler le long de la mer et en contre champ on aperçoit les palais de la vieille Florence). C'est donc d'un oeil fort distrait qu'on suit les aventures du comte Cellini et de son majordome pris dans une série d'aventures improbables et souvent absurdes (dont le vol des tableaux au musée) jusqu'à leur rencontre avec la jeune Ara qui soudainement apporte à cette comédie vulgaire une note d'amertume inattendue.
C'est peut être là tout l'intérêt du film, ce virage plutôt déconcertant du coté du mélodrame.
C'est peut être aussi la partie du film la plus réussie du moins la plus accrocheuse. Brazzi tente de jouer sur la corde sensible du spectateur en forçant sur la relation entre Ara, le comte et son majordome puis le départ de la jeune fille dont les deux hommes ne se remettront pas. On sort les violons jusqu'au final doux-amer encore plus inattendu. La surprise l'emporte. Etrange le choix de cette vague de tristesse et de mélancolie sur laquelle se termine le film qui au départ n'était qu'une pochade de plus.
Au crédit du film on pourra signaler la prestation de Ghigo Masino (Aristide), acteur toscan qui connut à cette époque sa petite heure de gloire dans sa région, et de Giampiero Becherelli (le comte), tous deux récitant en toscan. Howard Ross apparait en riche acheteur
de tableaux. Le gros atout du film est bien entendu la présence de l'ex-lolita Leonora Fani dans le rôle de Ara, un choix plutôt incongru puisque Leonora qui n'a plus vraiment le visage d'une éternelle adolescente, n'est pas forcément à sa place dans le registre de la comédie populaire. Qu'importe. Leonora est belle et en plus nous gratifie de nombreux nus frontaux.
Pour son ultime film dont la voix off n'est autre que celle de son frère, Oscar Brazzi n'arrive pas à convaincre faute d'avoir su trouver le juste milieu entre la comédie traditionnelle à l'italienne et le mélodrame. Souffrant également d'un scénario trop plat et bien peu original Champagne e fagioli est une demi réussite (ou un semi échec). Tout n'est pas à jeter, il y a
de bonnes choses (et de belles choses: la Fani) mais ce n'est pas suffisant pour faire de cette petite comédie florentine une oeuvre de premier choix. Le film fit durant un temps les beaux jours des chaines italiennes avant de disparaitre et devenir difficilement visible. Avis aux collectionneurs télévores.
En mars 1981, Brazzi aurait du réaliser Anche i ladri hanno un santo avec son frère Rossano et Ghigo Masino mais au moment où les premiers tours de manivelle devaient être donnés c'est Giampiero Tartagni qui prit les commandes du film suite à des problèmes restés secrets.