Secta siniestra
Autres titres: Bloody sect
Réal: Ignacio F. Iquino
Année: 1982
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 86mn
Acteurs: Carlos Martos, Emma Quer, Concha Valero, Diana Conca, Henry Pargoud, Juan Zanni, Oscar Daniel, Sylvia Alain, Asuncion Vitoria, Miguel Giner, Teresa Mansera, Santi Pons, Montserrat Miralles, Elisa Ripoll...
Résumé: Frederick après avoir été mutilé par son ex-femme apprend qu'il est impuissant. Helen, sa nouvelle compagne, accepte de se faire inséminer. Très rapidement elle est prise de terribles douleurs dans le ventre. On lui apprend qu'elle attend enceinte de l'Antéchrist. Son mystérieux donneur n'est autre que le Diable. Soeur Margaret va veiller sur elle jusqu'à l'accouchement...
Incontournable du cinéma espagnol dés les années 30 Ignacio F. Iquino, très peu connu malheureusement en France, s'est surtout illustré dès les années 70 dans toute une série de films d'exploitation (Aborto criminal...), dans le film quinqui (Los violadores del amanecer) et surtout l'érotisme, avec ces fameuses pellicules classées S qui sont devenues pour certaines des oeuvres culte pour l'amateur. Avant cette longue période exploitative Iquino a touché à bien des genres, du western au drame en passant par l'aventure et la comédie. En toute fin de carrière comme bien des metteurs en scène dans
les années 80 il fait un détour plus ou moins forcé par la case horreur et signe un des plus mauvais film espagnol du genre, un des plus hilarants également Secta siniestra / La secte sanglante.
Helen et son amant Frederick, un ex-mercenaire, passent quelques jours au manoir familial. La nuit alors que le couple dort Frederick est attaqué par Elizabeth, son ex-femme devenue folle suite à un accident survenu autrefois à son mari alors qu'il était en mission. Elle était depuis tenue enfermée dans une chambre du manoir. Elizabeth lui crève les yeux avant de s'enfuir puis d'être internée en hôpital psychiatrique. Frederick est désormais non
seulement aveugle mais il est devenu également impuissant. Le docteur qui suit le couple lui conseille l'insémination artificielle. Helen accepte. Elle reçoit le sperme d'un donneur allemand mais très vite sa grossesse vire au cauchemar. Helen est très vite prise de terribles et incompréhensibles maux de ventre. Suite à quelques recherches les médecins découvrent que le donneur avait déjà fait don de son sperme à deux autres femmes qui ont toutes les deux disparues par la suite. Helen est en fait la proie d'une secte satanique. Son donneur n'est autre que Satan. Elle porte en elle son fils. La cruelle Soeur Margaret va s'occuper d'elle jusqu'à son accouchement et se débarrasser par la même occasion de son entourage.
Quel est le comble pour un réalisateur de film dit satanique? Que le pauvre spectateur s'écrie de dépit "Mon dieu!"! lors du visionnage. Qu'est-il donc arrivé à Iquino aidé ici au scénario par Juan Bosch? Comment ont-il pu accoucher d'une telle diablerie, d'une telle idiotie? C'est bouche-bée qu'on suit la grossesse de la pauvre Helen tant l'intrigue n'a queue ni tête. On a donc un ex-mercenaire (qui n'a rien d'un mercenaire) qui fut marié à une femme devenue folle suite à un accident survenu à son mari durant une mission. Etrange mais pas autant que le fait qu'au lieu de la faire interner il la garde enfermée chez lui. D'autant plus bizarre que la pauvre est une psychopathe en force, totalement folle à lier. Et
c'est chez lui que l'homme emmène sa nouvelle épouse (car il s'est remarié entre temps du moins suppose t-on). Cela ne dérange personne apparemment ni Helen ni la bonne. Arrive ce qui devait arriver. L'ex-épouse, un croisement improbable entre la folle de Chaillot rajeunie et Cindi Lauper version années 80 qui passe son temps à rouler des yeux de chouette, est parvenue à sortir de sa chambre (on ne saura jamais comment) et crève les yeux de notre ancien mercenaire. Ne vous demandez pas ce qu'il advient de la Folle de Chaillot, on la retrouve enfermée dans une prison immonde (!!) qu'elle parvient cependant à quitter en assommant de son talon aiguille une matrone hirsute et bossue. Entre temps le
mari apprend qu'il est impuissant mais dans sa tragédie il y a toutefois une bonne nouvelle: on lui pose deux yeux de verre, en fait les propre yeux de l'acteur qu'il garde fixe (un effet spécial ou même une paire de lunette pour masquer sa cécité aurait couté trop cher, Le budget étant visiblement plus que réduit).
Après un tel départ tout est permis, on est plus à une absurdité près. Et les âneries Iquino va les accumuler. Secta siniestra se transforme en un gigantesque n'importe quoi, un "truc" fait de tout et de rien. Plus rien n'a de sens mais cela en deviendrait presque jouissif. Helen accepte de se faire inséminer, chose faite en quelques minutes et c'est tout aussi vite que
sa douloureuse grossesse commence. Et lorsqu'on lui annonce qu'elle porte l'enfant du Diable le couple accepte la nouvelle comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. A partir de cet instant tout part encore plus en vrille. Helen devient cannibale mais ça ne choque personne puis elle se couvre de pustules mais là encore ça n'inquiète personne. Une nurse satanique, cuissardes et look androgyne, vient habiter chez Helen obligeant le mari à dormir au grenier (il n'a décidément aucune chance) où des chauve-souris en mousse très statiques suspendues à un fil viennent l'attaquer (même dans les années 50 on faisait beaucoup mieux, le top du top étant la scène où l'une d'entre elles se fait coincer
dans une porte, Iquino se payant le luxe d'un gros plan sur son museau en plastique qu'accompagne un très amusant "couic"). Plus ça va, plus l'intrigue est abracadabrante. La Folle de Chaillot réapparait pour coucher avec son ex, la femme du gynécologue d'Helen perd ses clés de voiture puis c'est au tour d'une factrice en micro short d'entrer en scène puis de la soeur de Frederick et de son petit garçon, un vrai garnement impoli mais qui après avoir été abandonné en plein désert réapparait soudainement dans la maison pour défier la nurse et assister à l'accouchement. Tout le monde meurt. Le bébé finit par naitre lors des cinq dernières minutes au milieu des éléments déchainés et des inserts d'orages
et de forêts en flammes, c'est peut être le meilleur moment du film, le plus fou dans le bon sens du terme cette fois. On découvrira à quoi ressemble le bébé au moment où le prêtre satanique en fuite avec le nouveau-né dans une clairière tombe sur un arbre... en forme de croix!!! Il fallait oser une fin aussi bêtifiante! Epouvanté par cet arbre (on le comprend) il jette le bébé par terre et on découvre à quoi il ressemble, très certainement le plan le plus débile de toute l'histoire du film satanique: un ridicule poupon en plastique avec deux petites cornes en carton collées sur le front et une dent de lapin! Sur cette image incroyable se clôt ce Z puissance 1000 au son d'une musique d'église.
Avec un tel scénario est-il vraiment utile de parler de l'interprétation? Si on dessert des Césars, des Oscars, la distribution de Secta siniestra en mériterait absolument, ceux des plus mauvais acteurs qu'on ait pu voir dans un film d'horreur. On pourrait même parler d'amateurisme dans leur cas tant ils semblent en roue libre et surjouent à l'excès jusqu'à perdre toute crédibilité... si on peut utiliser ce terme pour un tel film. Carlos Martos, un habitué des pellicules S, en fait des tonnes en mimant un homme aveugle (inoubliable est son combat contre les chauves-souris en mousse), Concha Valero, starlette spécialisée dans l'érotisme ibérique osé, décédée en 2006, pourrait recevoir le titre de la plus mauvaise
actrice pour le rôle de Margaret, si mauvaise qu'elle en devient drôle. Diana Conca en Folle de Chaillot psychopathe semble sortir d'un cirque. Est-elle en totale roue libre, Est-elle consciente d'être particulièrement ridicule? Son personnage est simplement lunaire, on dirait une marionnette désarticulée! Quant à l'éphémère Emma Quer (Helen) hormis crier elle ne fait pas grand chose hormis garder ses chaussures aux pieds en toutes circonstances même chez le gynéco où lorsqu'elle fait l'amour! Bizarre!
On n'évitera de parler des dialogues d'une rare stupidité. Eclats de rire garantis à presque chaque réplique. A se demander qui a pu écrire de telles inepties parfois digne d'un sketch.
Quant à la mise en scène elle est purement et simplement inexistante. Iquino était-il sur le plateau? A t-il laissé seuls ses comédiens qui ont du improviser? Sans oublier cette accélération soudaine de la caméra lors de certaines scènes notamment celles où les éléments sous l'effet des forces démoniaques se déchainent (la mort de la femme écrasée contre le mur par un lit). Ce serait plutôt ici l'effet Benny Hill qu'on retrouve lorsque le garnement s'échappe dans le désert. Il se met à courir comme ce cher Benny.
Grand moment d'absolue crétinerie, Casa siniestra est à voir une fois dans sa vie. Aussi nul
et débile soit-il c'est une expérience à faire, un monument d'hilarité à voir entre copains un soir de fête. Combien de fois a t'on eu envie d'arrêter le massacre mais tout est si bête, si consternant qu'on se demande ce que Iquino va bien pouvoir encore inventer, jusqu'où il peut aller dans le n'importe quoi et l'amateurisme. Et finalement on se surprend à rester jusqu'à la fin, incrédule face à ce chef d'oeuvre astronomique du Z. Iquino tournera encore un film après celui ci puis mettra un terme à sa carrière. Cela valait mieux.