Furia a Marrakech
Autres titres: La mort paie en dollars / Fury in Marrakech / Furia en Marrakex / La muerte se paga en dolares / Joe Fleming rechnet ab
Réal: Luciano Martino / Mino Loy
Année: 1966
Origine: Italie
Genre: Spy movie
Durée: 91mn
Acteurs: Stephen Forsyth, Dominique Boschero, Jacques Ary, Mitsouko, Cristina Gaioni, Giovanni Di Benedetto, Antonella Murgia, Silvio Bagolini, Claudio Camaso, Gianluigi Crescenzi, Francesco Narducci, Terry, Anatole Fryd, Mary Perren, Conrad Nail, Kirk Zinnemann...
Résumé:
Le succès international de James Bond a généré en Italie un nouveau genre cinématographique, le spy movie, avec à sa tête toute une vague d'agents secrets et autres agents très spéciaux qui déferla sur les écrans dés le milieu des années 60. Beaucoup de réalisateurs se laissèrent tenter et s'essayèrent au genre avec plus ou moins de bonheur mais les émules de Bond nous réservaient la plupart du temps de petites aventures somme toute sympathiques. Luciano Martino flanqué de Mino Loy ne resta pas sur la touche et dés
1966 il nous offre une petite trilogie composée de A 077 sfida ai killers, Le spie uccidono a Beirut qui mettaient en scène l'agent 077 interprété par Richard Harrison et enfin Furia a Marrakech connu chez nous sous le titre La mort paie en dollars pour lequel Harrison laissait la place au canadien Stephen Forsyth dans la peau de l'agent Bob Dixon.
Une organisation militaire secrète composée des plus grands agents mondiaux est à la recherche d'une femme nommée Monique qui serait en possession d'une partie d'un impressionnant trésor de guerre amassé par Hitler. Ce trésor est composé d'un nombre impressionnant de faux dollars et livres sterling dont le total représenterait une fortune
considérable. Les faux billets sont cachés dans un bunker situé quelque part dans le monde dont seul le chef de l'organisation secrète connait l'emplacement. Monique y a eu accès et s'est emparée d'une partie du butin. La CIA a eu vent de cette vague de faux billets circulant dans le monde et envoie l'agent Bob Dixon retrouver Monique. Dixon se rend donc à Marrakech où elle a été repérée. Dés son arrivée Dixon est la proie de tueurs qui tentent de l'éliminer. Il retrouve Monique mais elle est capturée par les sbires du chef de l'organisation. Au cours de son enquête Dixon rejoint par son collaborateur Alexander King apprend l'existence de ce fameux trésor d'Hitler. Ses investigations le mènent dans les montagnes
suisses. C'est quelque part dans les neiges des Alpes que le bunker se trouverait. Dixon va devoir faire face à moult dangers et éviter bon nombre de pièges avant de localiser le bunker. Une fois à l'intérieur il découvre la véritable identité du chef de l'organisation qui a piégé le bunker, prêt à exploser.
On pouvait attendre de Ernesto Gastaldi, responsable du scénario, une intrigue bien plus complexe. L'histoire est en effet très simple cette fois. Pas de dangereux savants fous rêvant de dominer le monde, point de menace nucléaire, simplement un vaste trafic international de faux billets appartenant à Hitler que doit retrouver l'agent Dixon. Voilà qui change des
traditionnels spy movie. Si l'intrigue n'est pas extraordinaire Gastaldi se rattrape par contre sur l'action et l'humour. Furia a Marrakech se joue de James Bond avec une certaine délectation et pas mal d'ironie. Il parodie gentiment l'univers de Fleming avec de nombreux clins d'oeil souvent très drôles. On savourera par exemple la visite de l'antre du Q italien, le sergent Lester, un scientifique fantasque qui réserve à Dixon quelques trouvailles qui lui serviront lors de sa mission du moins lorsqu'elles fonctionnent: un pot d'échappement lance-flammes, un stylo rayon laser, des fausses dents radio-émetteur, des jumelles qui déshabillent et surtout ce petit ballon gonflable façon ballon d'anniversaire qui lui sert à se
déplacer dans les airs. Purement génial mais tellement idiot! On retiendra également quelques répliques référentielles pleine d'humour dont celle que Dixon sort à son chef qui vient juste d'évoquer ses capacités et celles de... Bond! "Oui mais Bond n'est pas un homme, c'est un agent" lui répond-t-il sarcastiquement. Simplement délectable. Furia a Marrakech porté par une agréable partition musicale assez "Bondienne" signée Carlo Savina ne se prend pas forcément au sérieux mais remplit pleinement son objectif: distraire et faire sourire. Et ce ne sont pas les savoureux dialogues qui diront le contraire.
On n'a pas le temps de s'ennuyer, l'action est omniprésente même si elle n'est pas forcément explosive. L'important est qu'il n'y ait aucun temps mort, le rythme est soutenu. La mise en scène plutôt convaincante et nous entraine de Marrakech, de quoi donner un petit coté exotique point déplaisant à l'ensemble, à New-York en passant par les Alpes suisses où se déroule toute la dernière partie du film. C'est donc dans la neige et sur des skis que notre agent secret va devoir affronter son ennemi. On passe donc des palmiers marocains aux neiges éternelles alpines pour une ultime partie riche en rebondissements. C'est d'ailleurs lors de cette dernière demi heure qu'action et gadgets se marient pleinement pour
nous livrer un spectacle digne de tout bon spy movie. Et si le plan final qui habituellement veut que le bel agent se laisse aller dans les bras d'une séduisante espionne est respecté Martino le transforme en un dernier petit clin d'oeil plein d'humour: point de baiser langoureux mais une chute à ski lorsque Dixon, dépité, découvre qui est réellement la belle agent secret chinoise qui vient de le sauver.
La gente féminine est bel et bien présente tout au long du film et joliment représentée ce qui ne gâche rien au plaisir pris à la vision du film. On retrouve en effet la brune et piquante française Dominique Boschero (Monique), la chinoise Mitsouko, une récurrente des spy
movies dont ce sera l'ultime film, Cristina Gaioni (et son petit strip-tease) et Antonella Murgia toutes deux dans le rôle des méchantes Greta et Ulla. Elles sont entourées d'une affiche masculine elle aussi intéressante, Claudio Camaso en tête et le séduisant Stephen Forsyth qui n'a peut être pas la carrure d'un agent secret mais dont la beauté et le regard électrique illumine l'écran. Assez lisse en tant qu'acteur Forsyth n'a pas eu une longue carrière cinématographique. Déçu par les rôles qu'on lui proposait en Italie (quelques westerns et le mondo psychédélique Acid - delirio dei sensi) il met un terme à sa profession de comédien en 1971 après Une hache pour une lune de miel de Mario Bava pour se reconvertir dans la musique, la chanson et la composition, une discipline dans laquelle il excella tant dans son pays natal qu'en France et en Italie.
Plein d'humour, d'ironie, La mort en paie en dollars (un titre français qui fait songer à un film noir) est une savoureuse distraction, un spy movie qui sort un peu de l'ordinaire en jouant de façon intelligente la carte de la parodie. Un vrai petit plaisir.