Acid delirio dei sensi
Autres titres: Acid, delirium of the senses / LSD Il paradiso a 5 dollari / Acid, to delirio ton aisthiseon / LSD Paradies für 5 Dollar
Real: Giuseppe Maria Scotese
Année: 1967
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 82mn
Acteurs: Bud Thompson, Bruna Caruso, Annabella Andreoli, Norman Davis, Federica Sachs, Stephen Forsyth, Janet Tiller, John Bartha, Giuseppe Valdembrini, Valentino Macchi, Gei Mura, Bill Vanders, Humphrey Osmond, Donald Louria...
Résumé: Quatre jeunes filles, Paula, Shelley, Ursula et Patrizia consomment pour des raisons différentes du LSD. Afin de lui fêter son anniversaire les amis de Shelley, une jolie mannequin, lui offrent un gâteau dans lequel ils ont dissimilé du LSD. Shelley en mange une part. Les effets ne se font pas attendre. Elle erre dans les rues de New York, se déshabille et se jette en sous-vêtements dans une fontaine publique. Arrivent deux policiers qui l'embarquent.
Patrizia, une jeune écrivain avant-gardiste, est folle amoureuse d'un danseur noir, Nicky, qui de son coté entretient une relation avec la meilleure amie de la jeune fille, Ursula est prête à tout pour se débarrasser de Patrizia. Après lui avoir fait absorber du LSD, ils se rendent tout trois sur le pont de l'East river. Ursula ordonne à Patrizia sous l'emprise du LSD, de se jeter du haut du pont en la persuadant qu'elle peut voler.
Paula quant à elle accepte d'entamer une relation avec un garçon, Sal, après avoir assisté à une drug-party donnée par son petit ami Eddie. Ce dernier prend du LSD pour atténuer ses inhibitions sexuelles. Il fait aussi partie d'un gang de dealers. Il sera assassiné par ses complices tandis que Paula mourra écrasée sous les roues d'une voiture....
Lancé au début des années 60 essentiellement par Monde cane de Gualtiero Jacopetti, le mondo, sous genre du cinéma d'exploitation particulièrement controversé, s'est vite décliné en plusieurs branches dont le teen mondo et l'acid mondo qui toujours sous la forme de pseudo documentaires tentaient de mieux nous présenter pour l'un la jeunesse de cette fin d'années 60, de nous introduire dans le monde du LSD et autres acides, l'univers hippie, sa marginalité, son mode de vie pour l'autre. Acid delirio dei sensi ne pouvait pas mieux porter son nom tant il est explicite et c'est cette fois le vétéran Giuseppe Maria Scotese, qui s'illustra dés les années 40 dans une petite série de films d'aventures, qui se prête au jeu. Celui ci en vaut la chandelle? Telle est la question!
Acid delirio dei sensi se veut au départ un documentaire sur les méfaits des drogues hallucinogènes, plus précisément le LSD, sur ses consommateurs. Les quinze premières minutes laissent augurer du meilleur notamment pour tous les amoureux invétérés de ces fabuleuses années 70, ses excès, son ère contestataire, ses cheveux longs et ses chemises à fleurs, son psychédélisme ambiant. Nous sommes à New York, Scotese et ses caméra parcourent le Village, haut lieu de rendez-vous de toute la jeunesse hippie et autres marginaux. On chante dans la rue, on joue de la guitare, on se rassemble à Central Park, on
fume ouvertement de la marijuana tandis que des bonzes entonnent Hare-Krishna. Il n'y a pas de doute, nous sommes bel et bien en 1968. Puis arrivent les indispensables scientifiques, l'éminent Docteur Osmond de l'hôpital psychiatrique de Princeton, personnalité fort connue du monde médical renforçant ainsi la crédibilité du film, et le Docteur Louria, président de la commission anti-narcotique de New York, qui tour à tour expliquent à la caméra avec le plus grand sérieux du monde pourquoi les jeunes ont tant besoin de produits hallucinogènes et comment on peut les classer en différentes catégories.
Les explications sont sommaires et d'une telle banalité qu'on en vient rapidement à sourire. Le LSD et autres drogues similaires aident nous dit-on les jeunes à s'évader, trouver une cette liberté qu'ils ne trouvent pas dans une société qui tentent de les transformer en machines mécaniques. Ils se créent une personnalité, expriment ainsi leur refus d'être des robots dans une société qui les privent de liberté. Ils y trouvent lors le rêve, l'évasion, et atteignent ce paradis qu'ils recherchent tant. On les classe alors par catégories: ceux qui simplement essaient pour tenter l'expérience rejetant l'idée qu'ils deviendront forcément dépendants, Ceux qui on des problèmes intérieurs qu'ils pensent ainsi régler et ceux qui n'ont aucun intérêt à la vie.
Là où le phénomène devient préoccupant nous dit-on est que les consommateurs qui bien souvent commencent par la marijuana deviennent des missionnaires qui contaminent les autres donc notre société et ce pour quelques dollars. Voilà qui reste particulièrement basique. Rien de très révolutionnaire ne se dégage de ces affirmations scientifiques.
Ne reste plus qu'à Scotese d'imager ses propos. On aurait pu s'attendre à toute une série de séquences plus ou moins sordides haute en couleurs, empreintes de psychédélisme qui nous immergent dans les univers flous de cette jeunesse chevelue noyée dans un nuage de vapeurs pourpres senteur patchouli. Que nenni! Acid delirio dei sensi prend une
toute autre direction et quitte les sentiers battus du mondo pour se transformer en une sorte de film de fiction soporifique. L'ennui gagne alors très vite le spectateur qui suit sans grand intérêt le parcours de quatre jeunes filles, Paula, Shelley, Ursula et Patrizia, qui pour des raisons différentes ont pris du LSD. Afin de célébrer son anniversaire les amis de Shelley lui offrent un gâteau dans lequel a été caché de l'acide... ou l'ancêtre du space cake. Mignonne et innocente, Shelley mange sa délicieuse tourte et perd vite la tête. On la retrouve dans les rues de New York entrain de se déshabiller puis se jeter en sous-vêtements dans une fontaine publique. Arrivent deux policiers qui l'embarquent sans même prendre le temps de
la rhabiller! Patrizia, une jeune écrivain avant-gardiste, est folle amoureuse d'un danseur noir, Nicky, qui de son coté entretient une relation avec la meilleure amie de la jeune fille, Ursula, une véritable peste prête à tout pour se débarrasser de Patrizia. Après lui avoir fait absorber du LSD, tout trois se rendent sur le pont de l'East river. Ursula ordonne alors à Patrizia, totalement sous l'emprise des drogues, de se jeter du haut du pont en la persuadant qu'elle peut voler... ou comment réaliser le crime parfait! Quant à Paula, une journaliste, elle accepte d'entamer une relation avec Sal après avoir assisté à une drug-party donnée par son petit ami Eddie. Ce dernier prend du LSD pour atténuer ses inhibitions sexuelles.
Il contrôle également avec un gang de dealers la vente du produit sur la ville. Il sera assassiné par ses complices, jeté à l'eau, les pieds coulés dans du béton.
Magnanimes nous le serons envers des dialogues particulièrement ridicules digne d'une de nos futures sitcom, on se souvient tous des épisodes où Hélène de Hélène et les garçons était sous l'emprise d'hallucinogènes, la comparaison n'est peut être pas si exagérée. Magnanimes nous le serons également envers une interprétation bien peu convaincante d'une brochette d'acteurs tout aussi peu convaincants, aussi artificiels que les paradis qu'ils sont censés atteindre. Nous le serons moins envers une mise en scène poussive et une
analyse du sujet d'une superficialité étonnante. Pour Scotese LSD et hallucinogène = mort. Il n'y a aucune alternative.A quoi bon soulever le problème, le débat est très vite clos. Aussi ennuyeux est le choix du réalisateur d'avoir situé ces quatre récits dans les milieux huppés de New York comme si la drogue ne touchait que les golden boys et golden girls. Voilà qui est très peu représentatif du mouvement hippie encore moins de l'usage de narcotiques chez les jeunes soixante-huitards. Acid delirio dei sensi brille surtout par son absence d'idée et son absurdité. Si les ravages du LSD et autres drogues sont à l'image de ce que montre Scotese, il n'y a pas vraiment de quoi fouetter un chat!
Surnagent ça et là quelques bons moments: l'ouverture du film et son ambiance psychédélique, véritable et savoureuse plongée dans le milieu hippie pour tous les inconditionnels du mouvement, le jeu de la bougie durant une drug party mondaine (les jeunes filles sous l'emprise de la drogue doivent enjamber la flamme d'une bougie de plus en plus haute, le jeu du brule-minou en somme, tous les invités finiront en transe, se roulant à terre), le meurtre de Eddie, les pieds coulés dans un bloc de béton est jeté à l'eau, la caméra filmant son agonie subaquatique et la cruauté du personnage de Ursula, véritable diablesse blonde qui pousse sciemment sa meilleure amie au suicide avec l'aide de son
amant noir, totalement soumis, incapable de réagir. Ou le triomphe déguisé du racisme, le machiavélisme et la supériorité de la race blanche sur la race noire, docile et soumise.
Réalisé en 1967, Acid delirio dei sensi connut de nombreux démêlés avec la censure lors de sa sortie. "Le film qu'ils ne veulent pas que vous voyez" disait la bande annonce d'alors. Ce "ils" est tout simplement le gouvernement qui vit d'un mauvais oeil l'arrivée de ce film sur les écrans. S'il fut interdit pour son contenu érotique, ce fut surtout une excuse pour masquer les véritables raisons de son interdiction. Un des hauts membres du parti démocrate chrétien aurait fait pression sur le comité de censure en insistant sur le fait que la diffusion
du film ne ferait qu'accroitre la consommation d'hallucinogène sur le continent américain.
Scotese rejeta la paternité du film tel qu'il fut présenté, honteusement mutilé. Le metteur en scène affirmait que son film avant d'être sauvagement mutilé était un impressionnant voyage psychédélique. Afin d'en être convaincu on aimerait voir la copie d'origine même si on reste fort dubitatif!
En l'état, Acid delirio dei sensi, accompagnée d'une bande son mélodramatique souvent mièvre, est une pseudo enquête plutôt ennuyeuse, issue d'un autre temps, qui ne saura pas même satisfaire les fervents amoureux de cette ère aujourd'hui bien lointaine que sont les années 70. Reste que le film devenu difficilement visible aujourd'hui est une curiosité cinématographique pour collectionneurs émérites. Dans le domaine du l'acid mondo on fit mieux, bien mieux!