Cerco de terror
Autres titres: Poseida
Réal: Luis Marquina
Année: 1972
Origine: Espagne / Italie
Genre: Thriller
Durée: 91mn
Acteurs: Libertad Leblanc, Tony Kendall, Riccardo Garrone, Carlos Piñar, Francisco Piquer, Loredana Giustini, Lorenzo Robledo, María Muné, Luciano de Pazos, José María Caffarel...
Résumé: A New-York Carla, l'épouse d'un éminent scientifique, tue son amant. Le couple s'envole pour Miami. Carla est persuadée de voir son amant partout où elle va. Son mari la soigne pour ses hallucinations en lui faisant prendre des médicaments. A l'hôtel où elle est descendue Carla fait la connaissance du détective Andrew qui va s'intéresser au cas de la jeune femme, touchée par sa santé fragile. Peu à pu il va tenter de creuser pour savoir quel secret le couple semble cacher...
Vétéran du cinéma ibérique tant comme scénariste que metteur en scène Luis Marquina débuta sa carrière au tout début des années 30. Quarante ans plus tard il signe une coproduction hispano-italienne qui sera son chant du cygne, un giallo intitulé Cerco de terror (littéralement Siège de terreur), très certainement un des plus insipides thrillers coproduits par l'Italie tant on cherche vainement la peur promise par le titre mais également pour la fadeur d'une intrigue vue et revue à laquelle Luis Marquina n'apporte aucune énergie nouvelle.
New-York. Carla Warren, épouse d'un scientifique renommé Fred Warren, tue Nick, son amant, d'un coup de pistolet. Elle et son mari quittent alors la ville pour Miami. A l'aéroport elle aperçoit Nick bien vivant. Il faut dire que depuis sa mort Carla le voit régulièrement, comme hantée par son fantôme. Son époux la soigne, lui affirmant que ses hallucinations sont dues à un sentiment de culpabilité. A l'hôtel où le couple est descendu Carla fait la connaissance du charmant détective Andrew qui très vite s'attache à la jeune femme. Il se sent concerné par sa fragilité au grand dam de sa fiancée Marta, jalouse de Carla. Andrew est bien décidé à l'aider surtout depuis qu'elle est certaine d'avoir vu Nick entrer une nuit
dans sa chambre. Carla et le détective deviennent proche ce que le scientifique voit d'un mauvais oeil. Il conseille à sa femme de se tenir éloignée de lui si elle veut que son secret ne soit jamais divulgué. En fait Fred avait découvert que sa femme l'avait épousé pour hériter de sa fortune. Elle et son amant prévoyaient de l'assassiner. Grâce aux médicaments qu'il lui fait régulièrement prendre il entretient les hallucinations de Carla et tient ainsi sa lente revanche sur elle. Il en a fait également fait son cobaye. Il tente en effet de transformer Carla en une autre femme, plus fidèle, plus aimante, en lui faisant absorber des drogues qui agissent sur son cerveau. Andrew finira par découvrir que Nick est bel et bien vivant et s'est
allié à Fred pour l'argent. Il réussit à sauver à temps Carla des griffes de son époux.
Ceux qui connaissent un tant soit peu les rouages du thriller (mais également le novice) auront vite compris les tenants et les aboutissants d'un scénario sans aucune surprise, aussi évident que le nez au milieu du visage. Dés les premières images on aura deviné les ficelles d'une l'intrigue sans suspens maladroitement mise en scène, réalisée et jouée sans grande conviction. Une fois de plus inspiré des Diaboliques de Clouzot le complot machiavélique que n'aurait pas renié Umberto Lenzi ne fonctionne à aucun moment malgré quelques fausses pistes mal amenées et c'est donc impassible, peu concerné, qu'on suit
d'un oeil distrait l'enquête du détective aidé du père de sa fiancée, un psychiatre, jusqu'au dénouement plus que prévisible et surtout très peu crédible. En fait Cerco de terror fait plus rire qu'il n'effraie tant par moment le film est risible pour ne pas dire stupide. Et ce ne sont pas les dialogues par moment totalement puérils qui arrangent les choses. A se demander si Marquina n'a pas voulu faire de cette pellicule une parodie du genre. Le final tente soudainement de mélanger les genres. On avait des amants qui souhaitaient se débarrasser du mari fortuné pour hériter de sa fortune, on a maintenant un mari (scientifique mondialement réputé) qui retourne l'amant (un beau gigolo) contre son épouse (une ex-
strip-teaseuse) et s'associe à lui pour en bout de course finir avec un mari qui se transforme en savant fou vindicatif qui tente des expériences sur le cerveau de sa femme (pas très futée). Ce qui au départ était déjà peu probable devient maintenant franchement farfelu.
Cela aurait pu un tant soit peu fonctionner si Marquina avait usé de plus de tact, de finesse, de conviction surtout, s'il avait su créer une atmosphère également, une ambiance angoissante, de peur, de folie puisque c'était le sujet même du film à l'instar de Lenzi dans ses gialli psychologiques où se démenait une Carroll Baker en proie à tous les complots et tourments. Non seulement il ne parvient jamais à effrayer mais il préfère s'attarder sur de
longues séquences inutiles qui sentent le remplissage, son intrigue ne pouvant tenir ainsi 90 minutes. On a ainsi droit à une visite chez Flipper le dauphin, à une interminable balade en bateau dans les marais boisés de Miami et aux incessantes crises de jalousie de Marta qui tournent à la comédie pure. Cerco de terror compte également quelques scènes d'anthologie notamment celle où Marta est en plein délire après avoir absorbé des capsules de LSD, un monument de comique assuré, ou l'apparition de la vieille femme de ménage arborant une perruque vert fluo digne du bonhomme Cetelem. L'interprétation est à l'image du film. Tony Kendall est plus convaincant en séducteur à l'oeil de velours qu'en détective.
L'argentine blonde platine, star du cinéma érotique hispanophone des années 60 et 70, Libertad Leblanc, n'est pas Carroll Baker et se contente de rouler des yeux de merlan frit et de surjouer la peur. Carlos Pinar est un amant balourd. Seul Riccardo Garrone donne un semblant de crédit à son personnage de vilain, le Dr Warren.
Dénué de tout érotisme (pas l'ombre d'un nu ni même d'un petit sein découvert), rythmé par une partition musicale jazzy insipide mis très américaine, Cerco de terror est un giallo plus qu'oubliable à réserver essentiellement aux assidus du genre qui y verront simplement une pièce à mettre dans leur collection. L'ultime film de Marquina n'est qu'un tue-temps lorsqu'on n'a rien d'autre à se mettre sous la dent ou qu'on veut s'amuser devant une idiotie censée faire frissonner.