I sette magnifici cornuti
Autres titres: I 7 magnifici cornuti
Réal: Luigi Russo
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 85mn
Acteurs: Femi Benussi, Oreste Lionello, Tiberio Murgia, Carlo Delle Piane, Didi Perego, Barbara Marzano, Eolo Capritti, Fernando Cerulli, Enzo Liberti, Luciano Pigozzi, Marcello Prando, Luciana Scalise, Maurizio Tocchi, Adriana Giuffrè, Alessandro Jogan, Elisa Mainardi, Paola Maiolini, Alfiero Pagliani, Alessandro Perrella, Orazio Stracuzzi, Elena Fiore, Piero Fabiani...
Résumé: Reliées par une chanson hommage au Dernier tango à Paris voilà sept histoires de cocus tous volontaires pour différentes raisons. Un mari impuissant, un époux voyeur, un couple de jeunes mariés sans le sou, un mari stérile... toutes les raisons sont bonnes pour prendre un amant ou une maitresse...
Après un premier film assez étonnant et maitrisé tourné en 1973, Morbosita, un drame érotique morbide d'une surprenante noirceur où il pointe du doigt la déliquescence de la bourgeoisie l'acteur scénariste metteur en scène Luigi Russo s'est surtout spécialisé dans le film érotique purement exploitatif (La bella et la bestia) et la sexy comédie (Poupées sur canapé, La nuora giovane, Pension pour jeunes filles...). Second film du réalisateur I sette magnifici cornuti (littéralement Sept magnifiques cocus) appartient à cette seconde catégorie et se présente sous forme de sept historiettes qui ont toutes pour point commun
un cocu ou une femme trompée mais de leur plein gré.
La premier sketch s'intéresse à un couple de jeunes mariés, Mafalda et Gasparino, qui débarque à Rome. Ils cherchent un hôtel de luxe pour passer la nuit mais tout est bien trop cher pour leur bourse. Afin de gagner un peu d'argent Mafalda offre son corps aux hommes tandis que Gasparino se fait une prostituée. Finalement Mafalda continuera à se prostituer et son mari devient son maquereau. Une affaire de famille en somme.
La seconde histoire est centrée sur Wolfgang Von Kraut, un savant impuissant qui pour satisfaire son épouse invente un robot révolutionnaire avec qui son épouse connaitra enfin le
septième ciel. Malheureusement au moment où l'excitation est à son comble le robot en surchauffe explose.
Le troisième segment conte les mésaventures d'Evaristo qui découvre sa stérilité. Comme il veut absolument que sa femme tombe enceinte il va demander à des hommes qu'il repère dans la rue de lui faire l'amour contre un million de lires. Un hippie, un garçon d'hôtel, un contestataire... aucun ne fait l'affaire. Lorsqu'il trouve enfin le bon celui ci meurt durant leur rapport. Aidé par le garçon d'hôtel il se débarrasse du corps.
Le sketch suivant met en scène un vendeur de journaux qui trouve très excitant qu'un homme
regarde sa femme danser. Il invite un homme chez lui et demande à son épouse de danser jusqu'à l'épuisement. Caché derrière un mur dans lequel un trou a été percé le mari prend des photos qu'il remettra ensuite à l'homme.
La cinquième histoire s'inspire du Dernier tango à Paris. Un homme s'identifie à Marlon Brando et aimerait revivre avec sa femme la relation torride entre l'acteur et Maria Schneider.
Dans la sixième historiette un commandant de la marine très puritain fait la chasse aux couples qui font l'amour en pleine nature ou dans leur voiture, son carnet d'amendes à la main. Il finira par se faire avoir par le dernier couple qu'il verbalise, un couple adultère, qui lui
vole son carnet et son vélo.
L'ultime partie raconte les déboires d'un homme dont la femme a sans cesse mal à la tête tant et si bien qu'il ne peut jamais lui faire l'amour. Il se confie à une doctoresse et avoue avoir trouvé caché dans le placard de la chambre un homme que sa femme jure ne pas connaitre même si ce dernier crie haut et fort qu'il est son amant.
D'une certaine manière Sette magnifici cornuti pourrait s'apparenter à une version moderne d'une quelconque décamérotique dont le fil rouge serait la cocufication volontaire. Voilà qui aurait pu donner une pellicule intéressante, drôle, pétillante, cocasse, particulièrement
égrillarde. Le résultat est une énorme déception. Disons le de suite le film de Russo n'a ni queue ni tête. I sette magnifici cornuti brille non pas par l'ingéniosité de ses cocus mais par la vacuité des sketches qui le composent. Qu'a donc cherché à démontrer Russo? Mystère! Il ne devait guère être inspiré lorsqu'il a écrit le scénario de ces sept histoires (cela n'a pas du lui prendre plus d'une journée) dont certaines sentent de surcroit le bouche-trou. Difficile de ne pas être consterné par le cinquième sketch inspiré du Dernier tango à Paris, un des plus mauvais et inutiles, le plus court aussi, totalement stupide et surtout sans imagination, une bonne partie étant composée d'une série de... photos!
On cherche en vain le sens de ces contes confus dont certains n'excèdent pas les dix minutes. On reste souvent pantois, perplexe face à une telle puérilité et le manque d'humour. Cette comédie érotique n'est jamais très drôle, difficile d'esquisser un sourire en effet encore moins de rire et ce n'est pas l'érotisme qui relèvera l'ensemble puisque là encore il est bien peu présent. On se contentera de plans de petites culottes, de jupes qui virevoltent, de seins dénudés et d'un époustouflant nu frontal tout de même mais sur 90 minutes de pellicule c'est un peu la disette.
En fait l'intérêt du film pourrait se situer ailleurs mais uniquement aux yeux d'une certaine
catégorie de spectateurs, les amoureux invétérés des années 70, le style, la mode, le look. L'ambiance très science-fiction du second sketch qui débute comme un western spaghetti (!) pourra séduire avec son robot argenté à tête conique, son laboratoire à loupiottes multicolores, ses fusées miniatures en plastique sur fond d'étoiles qui sent bon les années 60, son coté délirant bon enfant. On appréciera certains décors si joyeusement estampillés seventies avec cette touche de psychédélisme toujours plaisante. On appréciera ce zeste hippie qui saupoudre le troisième segment et son séduisant beatnick qui se dit immortel et se revendique Fils de lumière, Oiseau de feu, Souffle de la vie, Phallus de la paix... et surtout
on savourera la très belle chanson titre (composée par Plenizio sous le pseudonyme Ployer) qui relie chaque historiette, un hommage au Dernier tango à Paris très souvent cité dans les paroles.
Le second gros atout du film est son éclatante distribution qui regroupe quelques uns des plus grands acteurs comiques d'alors, de véritables "gueules" du cinéma italien. Sont ainsi à l'affiche Tiberio Murgia, Oreste Lionello, Carlo Delle Piane, Eolo Capritti, Fernando Cerulli, Luciano Pigozzi et Vincenzo Crocitti. Mais il est tellement dommage que leur talent se soit perdu au milieu de ce vide pelliculaire qu'ils comblent comme ils peuvent. Coté féminin on
retiendra surtout et avant tout la présence de Femi Benussi au générique de deux histoires, pas moins que ça. Excellente dans le premier segment où elle n'arrête pas de rouler des yeux de merlan frit, divine dans le quatrième dans lequel elle passe son temps à danser un jerk psychédélique effréné, la caméra de Russo le plus souvent rivée sous sa jupe. Ses admirateurs seront aux anges. On mentionnera également cet époustouflant nu frontal de Barbara Marzano, la grande spécialiste de la décamérotique, ici dans un de ses derniers rôles, Didi Perego et la fellinienne Luciana Scalise. L'amateur reconnaitra Paola Maiolini dans une courte apparition, celle de la femme américaine.
Malheureusement pour Luigi Russo ses "Sept magnifiques" cocus ne resteront pas dans l'histoire de la sexy comédie encore moins dans celle du cinéma italien. Demeure une simple curiosité surtout visuelle pour son coté fortement estampillé années 70 et sa distribution, Femi Benussi en tête. Seuls les passionnés de cette époque et les collectionneurs trouveront leur intérêt dans cette sexy comédie fouillis dénuée de sens.
Pour la petite anecdote le film fut étonnamment interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie dans les salles italiennes en 1974, un joli leurre pour tout ceux qui à cette époque crurent aller voir un film hautement coquin généreusement parsemé de nus osés.