I leoni di Pietroburgo
Autres titres: Le lion de Saint-Petersburg / Lions of Saint-Petersburg
Réal: Mario Siciliano
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Drame / Aventures
Durée: 94mn
Acteurs: Mark Damon, Erna Schurer, Gianni De Luigi, Barbara O'Neil, Franco Fantasia, Anthony Lee, Joe Wall, Carla Mancini, Piero Regnoli, Dadov, Stefan Pejchev...
Résumé: Alors qu'il était enfant Eldar, un descendant de noble lignée, a vu ses parents être massacrés. Il est aujourd'hui à la tête d'une bande de truands qui volent les riches pour donner aux pauvres mettant ainsi en difficulté les seigneurs locaux. Parmi eux il y a le colonel et l'ambitieux Pavel, le futur époux d'Anastasia la propre fille du colonel. Leur union est compromise par les exactions de Eldar. Pavel arrête la fiancée du bandit afin qu'elle avoue où il se cache. Eldar réussit à la délivrer et affronte Pavel qu'il ridiculise devant sa fiancée. Après qu'elle ait tué son meilleur ami Eldar kidnappe Anastasia. Folle de jalousie la fiancée du truand au grand coeur la fait s'évader. En voulant la rattraper Eldar est arrêté par les cosaques et condamné à mort...
Après des débuts plutôt remarqués dans le western-spaghetti (Django ne prie pas) puis le film de guerre (les sympathiques Les bérets rouges et Les 7 de Marsa Matruh) et avant de devenir l'un des pères de l'âge d'or de la pornographie italienne à l'aube des années 80 Mario Siciliano signa quelques sexy comédies oubliables, un divertissant polar avec Lee Van Cleef, Bye bye Darling / Le tueur, et ce petit film d'aventures enneigées aujourd'hui totalement oublié mais étonnamment agréable, I leoni di Pietroburgo.
Pendant la révolution russe alors qu'il n'était qu'un très jeune enfant de descendance noble,
Eldar Kan, a vu ses parents être tués par des soldats. Devenu adulte il est à la tête d'une bande de truands qui volent les riches pour donner aux pauvres mettant ainsi en difficulté les seigneurs locaux. Parmi ceux ci il y a le colonel Sergei Ivanovitch et Pavel, un jeune et ambitieux soldat à la tête d'une élite militaire nommée Les lions de Saint-Petersbourg. Pavel doit bientôt épouser la belle Anastasia, la fille du colonel mais leur mariage est compromis par les exactions de Eldar. Pavel fait arrêter Tamila, la fiancée de Eldar, qui réussit à la faire évader. Pavel et Eldar s'affrontent en duel. L'ambitieux soldat perd non seulement le combat mais il est ridiculisé devant Anastasia. Celle ci tue le meilleur ami de Eldar qui finit par la
kidnapper et la retenir prisonnière dans son camp. Jalouse d'Anastasia Tamila la fait s'évader. En voulant la rattraper Eldar est arrêté par les cosaques et condamné à mort. Son seul espoir d'échapper à la mort est que Pavel reconnaisse que le bandit est issu de l'aristocratie russe. Eldar finit par être gracié et libéré mais désormais Eldar est accusé par l'élite russe d'avoir trahi la noblesse en devenant un truand de grand chemin. Furieux le père d'Anastasia ordonne le massacre d'un village de paysans. Afin d'éviter d'autres carnages Eldar est prêt à se sacrifier. Lors de leur affrontement il est grièvement blessé par Pavel qui peu de temps avant a tué son propre père afin d'avoir les pleins pouvoirs. Le colonel le fait
abattre par ses troupes et laisse la vie sauve à Eldar qui s'enfuit avec Tamila.
Ceux qui pensaient au vu du titre (et des faits relatés en voix off en guise de pré-générique) avoir à faire à un film historique risquent d'être déçus. I leoni di Pietroburgo n'est ni plus ni moins qu'une revisitation de Robin des bois transplantée au coeur de la Russie lors de la révolution bolchévique. Le séduisant Eldar Kan comme son homologue anglais a perdu ses parents très jeune. Il est devenu un brigand au grand coeur qui vole au secours des opprimés (le peuple russe), vole l'argent des riches (les seigneurs locaux) pour le redonner aux pauvres au grand dam de la noblesse. Insaisissable il vit non pas au coeur de la forêt de
Sherwood mais dans les bois entourant Saint-Petersbourg où il a établi son camp. Point de Marianne ici mais l'intrépide Tamila et la séduisante Anastasia, la fille du colonel qui veut la peau de Eldar au même titre que l'ambitieux Pavel, le fiancé d'Anastasia, qu'on peut assimiler au vilain shérif de Nottingham. Tous les ingrédients de Robin Hood sont là. Le moyen âge fait simplement place à la révolution russe. Voilà qui est original mais Siciliano ne s'embarrasse guère de faits historiques (malgré les évènements relatés en voix off lors du pré-générique). Son film aurait pu se dérouler à n'importe quelle autre époque cela n'aurait rien changé à l'intrigue. L'intérêt est ici surtout visuel puisque les superbes étendues
enneigées, les forêts perdues sous la neige, les ballades en traineau (et les uniformes cosaques) viennent flatter l'oeil du spectateur même si I leoni di Pietroburgo n'a pas été tourné dans les terres profondes du Caucase mais aux abords de Rome et en Bulgarie durant l'hiver 1971. L'illusion est cependant parfaite notamment lors de la jolie ouverture et de certaines scènes extérieures, tout simplement magnifiques. Ce bon Mario Siciliano signe un très sympathique film d'aventures qui se laisse voir avec plaisir. L'histoire n'a rien de très originale, elle reste classique, sans grands rebondissements mais Siciliano comme pour ses deux films de guerre enchaine les péripéties avec un certain savoir-faire, laisse peu voire
pas de place aux temps morts, soigne sa réalisation et offre au final une bonne petite série B old school jamais ennuyeuse, toujours divertissante.
L'interprétation sans être magistrale tient néanmoins la route. Mark Damon, le plus italien des américains, endosse les habits de notre Robin des Bois slave qu'on aurait peut être aimé un peu plus poignant. La neige et le froid de cet hiver 71 semblent l'avoir quelque peu engourdi et refroidi son habituel enthousiasme ce qui n'enlève cependant rien à son jeu. S'oppose à lui son rival au sourire carnassier, le blond bellâtre Gary Wilson qui par moment a l'art de surjouer son rôle de grand méchant sans pour autant perdre de sa crédibilité. Pour
information sous ce pseudonyme anglais (et contrairement à ce qu'on peut lire sur l'Imdb) se cachait le vénitien Gianni De Luigi (à ne pas confondre avec le réalisateur documentariste homonyme), futur metteur en scène de théâtre notoire et directeur de l'Institut de la comédie de l'art international à Venise, qui tourna dans quelques films au début des années 70 (Veruschka). L'atout charme est assuré par d'une part la rousse et lumineuse Erna Schurer, resplendissante dans les atours d'Anastasia, d'autre part et plus curieusement par une certaine Barbara O'Neil (Tamila) qui là encore n'est pas la grande actrice hollywoodienne d'Autant en emporte le vent comme on peut le lire régulièrement sur les différentes fiches
du film. A 63 ans Barbara aurait eu du mal à jouer la toute jeune fiancée caucasienne de Eldar et Siciliano aurait très certainement eu de son coté toutes les peines du monde à avoir la star au crédit de son film.
I leoni di Pietroburgo est un sympathique petit film d'aventures pseudo russe tout à fait fonctionnel
qui certes se moque bien de la réalité historique mais dans lequel on se laisse aisément entrainer au fil des péripéties enneigées parfois sanglantes et des trahisons en costumes. C'est le principal. Très certainement un des meilleurs films de son auteur avec ses films de guerre et son western. Ce n'est de toutes façons pas très difficile.