Porno: situacion limite
Autres titres: Situacion limite
Réal: Manuel Esteba
Année: 1982
Origine: Espagne
Genre: Polar/ Erotique / Sexploitation
Durée:
Acteurs: Emilio Gutierrez Caba, Pep Corominas, Raquel Evans, Lynn Endersson, Carmen Serret, Eva Lyberten, Joaquin Kremel, Joaquin Blanco, Carlos Martos, José Maria Canete, Concha Valero, Sianna Gori, Miguel Aviles, Josep Lluis Fonol, Francisco Falomir, Antonio Sancho, Angel Grimaldi, Antonio Sarra, Fernando Del Rio, Ramon Ferre, Eva Wagner, Julia Caballero, Fernando del Rio, Mariza Firsch...
Résumé: Un groupe de terroristes prépare une prise d'otages dans un hôtel chic de Barcelone. Ils s'apprêtent à séquestrer une poignée de politiciens et d'hommes d'affaires puissants afin de les faire chanter et récupérer ainsi une coquette somme d'argent. Ils envisagent de prendre des clichés compromettants en les obligeant à se débaucher. Commence alors toute une série d'humiliations sexuelles sous la menace des armes à feux...
De Manuel Esteba on connait surtout son western-paëlla Les charognards meurent à l'aube et un étrange film de science-fiction post atomique Espectro (Mas alla del fin del mundo). Le reste de sa filmographie se compose pour l'essentiel de petites pellicules de sexploitation bas de gamme, (Viciosas al desnudo, Trampa sexual), un giallo érotique peu transcendant, Sexo sangriento, et ce Porno: situacion limite qui n'est pas un film porno à proprement parler comme son titre pourrait le laisser supposer mais un polar érotique fauché qui par instant frise le softcore.
A Barcelone une organisation mafieuse qui a pris pour nom de code "Porno" prépare l'enlèvement d'un groupe de politiciens et d'hommes d'affaires dont dont Leopoldo un député, Carolina l'épouse bisexuelle d'un puissant homme d'affaires, Alejandro un banquier, Adolfo le président d'une riche compagnie et Mario un brillant homme d'affaires internationales. Ils doivent tous se réunir dans un hôtel chic de la ville. C'est là que les malfrats qui ont été recrutés par l'organisateur exécuteront leur plan. Parmi eux on trouve un photographe ruiné spécialisé dans les photos pornographiques, Hans un ex-flic qui a rendu son arme après avoir été licencié pour ses méthodes peu conventionnelles, un jeune repris
de justice tout juste sorti de prison, un junkie et un trafiquant propriétaire d'une casse. Le plan est de prendre les politiciens en otages et de les faire chanter en prenant d'eux des photos compromettantes. Le jour J les voyous débarquent incognito à l'hôtel pendant que leurs futures otages s'adonnent tous au sexe dans leur chambre respective. Le moment venu ils revêtent des cagoules et pénètrent dans les chambres. Ils rassemblent ensuite leurs otages dans une salle de l'hôtel, les forcent à se déshabiller du moins ceux qui ont eu le temps de sa rhabiller et les contraignent à faire des choses humiliantes pendant qu'un des kidnappeurs les prend en photo. Le plan aurait pu être parfait s'il n'y avait pas eu un hic.
Ils ignorent en effet que le réceptionniste, en fait l'organisateur du plan, a prévu de doubler le boss mafieux, l'armateur d'un yacht, pour qui il travaille. Le réceptionniste parvient à s'échapper après avoir dérobé la pellicule et l'argent. Un autre grain de sable inattendu vient contrarier leur projet. Hans, pris de remord, décide de les trahir après s'être rapproché d'une des otages. Il réussit à alerter la police. Il évacue les otages, tue quelques uns de ses complices avant d'être à son tour abattu par l'un d'eux. Lorsque la police arrive tous les bandits sont morts. Le réceptionniste se rend sur le yacht du boss et l'abat. Il garde pellicule et argent pour lui.
Dans le genre polar érotique pour ne pas dire pornographique l'Italie nous avait offert un inoubliable car si piteux Le porno killers réalisé par un Roberto Mauri en toute fin de carrière. De Turquie nous venait une coproduction italienne elle aussi bien mauvaise Polizia selvaggia avec Karin Well. D'Espagne nous arrive donc Porno: situacion limit qui égale les deux titres précités. Difficile de comprendre par moment ce qui se passe à l'écran tant l'intrigue est bancale. Le film s'ouvre sur un shoot que se fait une nuit un junkie qui repère une fille dans la rue. Il la suit et tente de la violer. Deux policiers dont Hans arrivent à cet instant. Il prend la fuite. On comprend que Hans est un sanguin qui aime tabasser les
voyous. Il doit rendre sa carte de police à son chef. En cinq minutes Esteba nous a fait vivre toutes ses palpitantes aventures mollement mises en scène et si médiocrement interprétées. Une chose est sûre: le budget inexistant n'a guère permis à Esteba de faire mieux. La suite est à l'avenant. Nous voilà en pleine préparation d'une prise d'otages mafieuse. Une série de diapos nous présente en deux minutes les futures victimes et leurs vices car nos mafiosi ont ciblé des politiciens et politiciennes aussi dépravés que vicieux. Deux minutes car Esteba est semble t-il pressé de justifier le titre de son film. Nous voilà soudainement plongé au coeur d'une longue séance de photos porno vulgaire orchestrée
par un photographe raté et à laquelle participe un bellâtre et deux modèles dont un trans non opéré dirait-on (à moins que nos yeux aient imaginé ce bout de sexe qu'on entraperçoit par moment). C'est ensuite le recrutement des mafieux pour créer ce groupe de terroristes qu'il fallait oser nommer "Porno". On ne sait qui sont tous ces hommes mais est-ce important? On reconnait le junkie du début du film, le photographe raté et notre ami Hans qui mécontent de son licenciement va participer à la prise d'otages. Pourquoi pas! Et nous voilà à l'hôtel, un hôtel si chic qu'il n'y a strictement personne hormis les personnalités à kidnapper, si chic que le décor ressemble à un boui-boui de province, si chic qu'on se croirait par moment dans un
réfectoire d'entreprise. Peu importe car dès lors seules les scènes hardcore comptent. Et le spectateur aura de quoi faire gonfler son caleçon si toutefois le sexe vu par Esteba parvient à l'exciter ce qui n'est pas certain car la laideur et la gérontophilie sont au rendez-vous. Nos politiciens sont tous quinquagénaires voire sexagénaires, ventrus, la calvitie naissante et le slip flasque. On passe de chambre en chambre pour y observer ce que s'y passe. Chaque homme d'affaires a sa putain attitrée, sa secrétaire favorite ou une cliente de l'hôtel. On a également un couple de lesbiennes à qui on doit les scènes les plus volcaniques. Nos sommes partis pour vingt bonnes minutes de galipettes avec deux cunnilingus gourmands et un 69 en cadeau.
La prise d'otages en elle même est d'une idiotie astronomique tant elle est surréaliste et improbable mais elle nous offre cependant un peu d'action et d'humiliation l'espace de quelques minutes. Un peu de brutalités, quelques scènes dégradantes (deux filles sont forcées a faire une fellation à un otage, une autre à lécher le sexe de sa partenaire tandis qu'un terroriste pisse sur la politicienne), pas de quoi fouetter un chat ni casser deux pattes à un canard mais c'est toujours plaisant comme sera agréable le pseudo carnage des terroristes (quelques impacts de balles filmés au ralenti) avant un final absurde. Nous avons une prise d'otages dans un hôtel, non seulement il n'y a qu'un policier grassouillet au
commissariat de Barcelone qui ne semble guère pressé de donner l'alerte mais seuls deux petits flics débarquent dans l'établissement! Parlera t-on des terroristes qui sont si bêtes qu'ils ne voient ni entendent les otages se parler entre eux pour préparer leur évasion, tombent dans les pièges les plus idiots et se font rouler par le réceptionniste qui quitte l'hôtel au nez et à la barbe de tous pour rejoindre son chef porcin qui pour dissimuler son identité n'a pas mieux trouvé que de s'envelopper dans un petit peignoir blanc à capuche sous lequel il est nu (!), masquant ses yeux derrière des lunettes de soleil!!! Pour un boss mafieux il fallait oser un tel camouflage de pacotille.
On l'aura compris. Porno: situacion limite est une véritable série Z d'exploitation d'une sidérante pauvreté, un film sans queue ni tête qui prend une prise d'otages mafieuse comme prétexte pour enchainer des séquences de sexe hétéro et lesbiennes agrémentées d'un zeste de trash. Tout est improbable, incohérent, joué sans aucune conviction, d'une mollesse par moment irritante sans parler de la laideur de la photographie, des décors miséreux et... des acteurs! Emilio Guterriez Caba (Hans), célèbre acteur de télévision, se demande ce qu'il est venu faire dans cet hôtel et donne l'impression de vouloir s'endormir à chacune de ses apparitions. Le globuleux Josep Lluis Fonol dont on se souvient de l'apparition dans Virus cannibale joue le photographe vicieux halluciné et se masturbe. Joaquin Blanco (Virus cannibale) est l'otage aux cheveux blancs et Antonio Sarra est le
sexagénaire ventripotent en vieux slip bleu qui nous gratifie d'un 69 vertigineux. Seul petit plaisir masculin dans cette bande ultra fauchée la présence du jeune Pep Corominas, l'icône ibérique gay, dans le rôle de l'ex-délinquant qui pour notre royal bonheur nous montre ses fesses, mais c'est une habitude chez nous offre une scène d'urophilie en urinant sur Lynn Endersson. Tout autour de ces messieurs une pétillante affiche de starlettes de l'érotisme ibérique écartent les jambes sans jamais rechigner, en tête de liste deux des principales reines du genre, déchainées ici, Raquel Evans (la pulpeuse secrétaire à lunettes) et Lynn Endersson à qui on doit un stimulant cunni. Eva Lyberten est elle aussi de
la partie pour s'occuper des parties de son amant tout comme Carmen Serret (l'amante de Lynn Andersson), Concha Valero (la catin d'Antonio Sarra), Sianna Gori, Eva Wagner et Julia Caballero. Toutes ont un point commun hormis celui d'être nues quasiment tout le film: si elles jouent toutes plus mal les unes que les autres elles ont par contre une incroyable facilité à s'ouvrir dés qu'un mâle les approche. Un 20/20 en sport de chambre. Un zéro pointé en comédie.
Emmené par une vilaine partition disco d'un Stelvio Cipriani au plus bas de son inspiration,
Porno: situacion limite est un sexploitation miséreux totalement improbable, esthétiquement laid, dont le seul intérêt est de proposer un enchainement de séquences à la limite de la pornographie dans un scénario qu'on aurait aimé tellement plus violent et plus trash. Alors qu'il avait à sa portée tous les éléments Manuel Esteba comme souvent n'a pas su exploiter le sujet qui aurait pu être très bon. Si on est ici à la limite c'est bel et bien celle de l'ennui. Dommage! Reste du sexe, du sexe encore du sexe et la présence de Raquel, Lynn et Pep Corominas.