La verginella
Autres titres: Les mille et un plaisirs / Assassinio di un fotoreporter
Real: Mario Sequi
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Thriller érotique
Durée: 91mn
Acteurs: Sonja Jeannine, Jean Patrick, José Quaglio, Renato Romano, Sergio Sinceri, Bianca Toso, Giovanni Di Benedetto, Elga Paoli, Rina Franchetti, Gianni Musy, Anita Strindberg, Franco Fabrizi, Alessandro Haber, Mauro Gravina, Bruno Bigotti, Alberto Tarallo, Franca Scagnetti, Sofia Lusy, Pietro Zardini, Dario Giacomelli, Paolo Pacino, Gloria Nobili, Stefania Spugnini, Filippo Perego, Fulvio Pellegrino...
Résumé: Un professeur s'accuse du meurtre d'un photographe. Le commissaire Palmieri mène l'enquête. Celle ci le conduit à la jeune Cinzia, 17 ans, dont des photos de nu ont été retrouvées chez le professeur. L'adolescente finit par tout raconter à la police. Le professeur avec qui elle entretenait une relation assez spéciale a voulu la protéger d'un vil maquereau qui la forçait à se prostituer...
Auteur notamment d'une sympathique décamérotique, Fratello homo sorella bona, d'un film d'aventures inspiré de Jack Landon, Le tigri di Mompracem / La révolte gronde à Bornéo et d'un tout aussi agréable eurospy, Il cobra, Mario Sequi a également à son crédit deux thrillers Il baco di seta et La verginella qui contrairement à ce que son titre pourrait laisser supposer n'est en rien une sexy comédie mais bel et bien un thriller érotique comme il s'en faisait beaucoup à cette époque.
Govanni Boldrini, professeur de mathématiques dans un lycée, vient se livrer à la police. Il
s'accuse d'avoir un homme dénommé Sergio Marchi. La nouvelle fait grand bruit parmi les élèves et touche beaucoup la jeune Cinzia Gentili, 17 ans, fille unique d'un couple de bourgeois qui la délaisse. Sa mère a un amant, son père, un fameux député, est très souvent absent pour ses affaires. Le commissaire Palmieri mène l'enquête afin de savoir ce qui a poussé le professeur a tué cet homme, s'il l'a vraiment tué du moins. Très vite il trouve chez lui une série de photos de Cinzia nue. Interrogée Cinzia finit par craquer et raconte au commissaire toute l'histoire. L'adolescente réputée prude menait en fait depuis quelques temps une double vie. Sa meilleure amie Simonetta, une fille provocante et délurée, la traine
régulièrement avec ses amis dans des soirées légères où sexe et alcool sont de mise. Pourtant Cinzia reste sage et refuse même de faire l'amour à son petit ami Mario. La vie de Cinzia va prendre un tournant radical lorsqu'au cours d'une leçon du professeur Boldrini elle prend sa défense devant toute la classe après qu'il ait été verbalement agressé. Des liens assez spéciaux naissent entre eux. En secret l'adolescente passe beaucoup de temps chez l'homme. Lorsque par le biais de Simonetta elle fait la connaissance d'un photographe reporter, Sergio Marchi, sa vie va basculer. Sergio est en fait un maquereau qui va contraindre Cinzia à régulièrement se prostituer. Elle perd sa virginité et devient le jouet de vieux pervers
auxquels elle ne doit rien refuser. Lorsqu'elle finit par se rebeller et refuser de donner son corps Sergio la menace de tout révéler et de montrer des clichés d'elle nue à ses parents. Perdue Cinzia se confie à Boldrini afin qu'il l'aide et lui montre les photos compromettantes. Furieux Boldrini rend visite à Sergio pour lui intimer d'arrêter son chantage. Une bagarre éclate. Sergio tombe et se heurte la tête. Il meurt sur le coup. L'affaire grand bruit. Boldrini est emprisonné. Cinzia est désespérée car elle aime le professeur qui lors d'une visite lui demande de l'oublier et de faire sa vie.
On le voit de par ce ce résumé. On est loin d'une sexy comédie mais très proche d'une affaire
de moeurs. La verginella du titre c'est Cinzia, une jeune vierge à qui ses amis donnent le bon dieu sans confession, une jeune fille de bonne famille, une famille bourgeoise qui a un peu oublié qu'elle avait une fille, trop occupée à s'envoyer en l'air ou voyager à travers le monde. On retrouve les bases traditionnelles du drame bourgeois, celui d'une adolescente qui se retrouve plongée malgré elle dans l'univers de la prostitution de luxe. Il n'y a rien de bien nouveau à l'horizon de la haute bourgeoisie nourrie de vices et de perversion qui pour tuer l'ennui s'adonne à une vie de patachon au détriment de ses enfants. La verginella devenu chez nous Les mille et un plaisirs en est une nouvelle fois la preuve.
Disons le de suite le film de Sequi se dispense de tout suspens. Il s'agit en fait d'un long flash-back de 90 minutes qui par le biais du récit de Cinzia, en pleurs sur son lit, raconte les évènements qui ont mené à cette tragédie. Le spectateur n'a plus qu'à suivre tranquillement l'histoire de l'adolescente et surtout se repaitre l'oeil des nombreux nus qui parsèment la pellicule. La verginella est en effet plus un prétexte à enchainer des scènes de nudité et de sexe qu'un véritable thriller. On est là aux limbes de la sexploitation. Autant dire que les nus frontaux féminins sont légions et les scènes de sexe assez salaces même si on reste décent. On frôle même par moment l'hilarité notamment lorsque la pauvre adolescente doit
se plier aux exigences sadomasochistes d'un noir, un puissant chef congolais vêtu d'un boubou, assis sur une chaise haute, qui l'obligera à le regarder faire l'amour à une poupée gonflable! Une séquence culte!
La prostitution adolescente était alors un thème récurrent dans le cinéma de genre italien à une époque où on ne compte plus les ballets roses organisés par de puissants notables. La verginella se rapproche donc de pellicules telles que A tutte le auto della polizia, La polizia chiede aiuto et autre Il giudice e la minorenne même si le film de Sequi est d'un niveau moindre. On aurait aimé un peu plus de force, de dynamique, de conviction et surtout un peu plus de psychologie.
Mais Sequi semble avoir tout misé sur le sexe et la nudité de ses actrices. Fort heureusement la narration est assez fluide, le rythme soutenu, les musiques de Lallo Gori sympathiques et la réalisation menée avec un certain professionnalisme comme souvent chez Sequi. La verginella n'est ainsi jamais vraiment ennuyant, ni désagréable et c'est finalement avec plaisir qu'on accompagne Cinzia dans son récit jusqu'au final un peu trop mélodramatique.
La distribution comme l'interprétation sont aussi des atouts non négligeables. José Quaglio est un Boldrini efficace, Renato Romano un commissaire plutôt solide, Gianni Musy et Franco Fabrizzi toujours professionnels dans les rôles respectifs du commandeur et de son
assistant sans oublier Anita Strindberg plus blonde que jamais, souvent nue, qui illumine l'écran le temps de ses quelques trop brèves scènes dans le rôle de la mère de Cinzia. La toujours aussi gironde Franca Scagnetti est la tenancière de bordel pour jeunes anges et vieux pervers. Quant à Cinzia c'est la jeune autrichienne Sonja Jeanine, alors âgée de 19 ans, une figure récurrente de la sexploitation germanique et italienne, qui se glisse dans sa peau et multiplie les nus intégraux. Dommage que Sonja n'ait jamais été une grande actrice, trop insipide dans son jeu pour rendre crédible le drame qu'elle traverse. Bianca Toso, étoile filante du Bis italien tout aussi nue, la supplante sans mal dans le rôle de sa meilleure amie,
le vice dans la peau. On notera un énigmatique mais si séduisant Jean Patrick (!!!) dans le mini slip jaune de Mario, le petit copain de Cinzia.
Furtivement distribué autrefois en France agrémenté d'inserts X La verginella, ultime film de son auteur, est un thriller érotique certes de petite envergure mais qui finalement se laisse regarder sans ennui grâce à son abondance de sexe et son interprétation de bon aloi. Il est d'autant plus intéressant pour les collectionneurs qu'il fait aujourd'hui partie de ces films devenus rares, oubliés des éditeurs.