L'anello matrimoniale
Autres titres: El anillo matrimonial
Real: Mauro Ivaldi
Année: 1979
Origine: Italie / Espagne
Genre: Comédie érotique
Durée: 93mn
Acteurs: Carmen Villani, Amparo Muñoz, Ray Lovelock, Manuel Sierra, Yolanda Farr, Giuseppe Mannajuolo, Enzo Cannavale, Israel Morales, Raquel Díaz, Sandra Sacristán, Enzo Robutti...
Résumé: Mario et Monica sont mariés depuis huit ans et forment un couple parfait. Lorsque leurs nouveaux voisins s'installent dans la villa face à la leur les choses vont changer. Monica est séduite par Giorgio lui même marié à Alba. Très libre d'esprit Mario accepte que sa femme couche avec le voisin. Monica se retrouve vite déchirée entre don mari et son amant. Mario accepte finalement qu'elle aille vivre un temps avec Giorgio. Lorsque Alba découvre l'infidélité de son homme elle le rejette. Giorgio devient de plus en plus jaloux et possessif avec Monica...
Star de la chansonnette italienne, princesse de la variété sirupeuse dans les années 60 puis présentatrice vedette à la télévision dés le début des années 70 Carmen Villani s'offre un virage cinématographique dés 1974 après avoir épousé le réalisateur Mauro Ivaldi pour qui elle accepte d'être la principale protagoniste d'une série de sexy comédies plus ou moins osées. Loin est le temps où la sage petite chanteuse piétinait scènes et podium, Carmen Villani rejoint le rang des Edwige Fenech, Gloria Guida, Anna Maria Rizzoli et autre Femi Benussi sans pour autant réussir à les égaler. Carmen et sa fameuse coupe au bol ne brille
guère par son talent de comédienne, ses capacités à faire rire sont assez quelconques. Quant à son charme on peut le trouver discutable. Carmen sous l'objectif de son mari n'a par contre pas froid aux yeux et se met facilement nue dans des situations parfois aux limites du softcore. C'est peut être là le seul vrai intérêt des comédies de Mauro Ivaldi dont L'anello matrimoniale demeure une sorte de summum.
Mario, docteur en chirurgie, et Monica sont mariés depuis huit ans. Ils ont une charmante petite fille et vivent dans une très belle villa. Ils sont heureux et s'aiment comme au premier
jour. Un couple, Giorgio, prof de natation, et Alba, emménage dans la villa voisine. Dés le premier regard Giorgio tombe sous le charme de Monica et tente vite de la séduire. Monica prétend d'abord ne pas être intéressée mais elle avoue vite à son mari que le voisin lui plait et qu'elle aimerait lui faire l'amour. Mario, très libre d'esprit, accepte. Il est normal pour lui qu'une femme après huit ans de mariage ait envie de connaitre d'autres hommes du moment qu'il est au courant. Giorgio parvient à ses fins et tombe fou amoureux d'elle. Tout deux se voient régulièrement pour faire l'amour jusqu'au jour où Monica de plus en plus déstabilisée par ses sentiments, souhaite une vraie relation sans pour autant quitter son mari. Giorgio achète un appartement qui sera désormais leur nid d'amour. Avec l'accord de
son époux Monica s'installe avec Giorgio afin d'être sexuellement à lui. Lorsque Alba découvre l'infidélité de son mari elle le rejette. Il nie pourtant cette relation. Giorgio devient de plus en plus jaloux et possessif jusqu'à gifler un soir Monica avant de rageusement lui faire l'amour. Elle le quitte et rejoint Mario à leur domicile.
Si L'anello matrimoniale débute comme une sexy comédie de plus (de trop?) le film se transforme vite en une sorte de drame conjugal érotique, une tragédie stupéfiante sur la vie de couple. En soi l'ultime réalisation de Mauro Ivaldi est hallucinante! Comment le metteur en scène a t-il pu écrire une telle ineptie? On en reste en effet bouche-bée. Un drame
conjugal, exposer son avis sur le mariage au bout de quelques années de vie commune, demande un certain sens de la psychologie mais de psychologie, et c'est bel et bien là le problème, il n'y en a pas la moindre trace dans L'anello matrimoniale. Ivaldi devait sûrement ignorer le sens de ce mot. On a donc d'un coté un couple modèle dont le mari est très ouvert d'esprit puisque pour lui il est normal qu'une épouse couche avec d'autres hommes et s'installe même avec eux tant qu'elle le lui dit. Une telle largesse d'esprit est aberrante ainsi jetée, sans explication, sans l'ombre d'un contexte psychologique ou social aussi petit soit-il. De l'autre coté on a un deuxième couple dont on ne sait rien. La femme est quasi inexistante,
l'homme est maitre nageur, tout en muscles, macho, intrusif. Et Monica? En un clin d'oeil son voisin lui plait même si elle fait sa sainte-nitouche dans un premier temps, joue les vierges effarouchées avant de se laisser emporter dans une histoire de sexe.
Privés de toute épaisseur, exempts de caractère, aucunement définis les personnages sont de simples pions dont on se moque éperdument, dont on ne comprend ni les intentions ni les désirs, ni les failles, ni les actes. Bien pire encore ils sont tout bonnement détestables tous autant qu'ils sont, plus antipathiques les uns que les autres. Et ce capital antipathie ne fait que croitre plus le film défile, Monica et Giorgio en tête. Elle n'est qu'une allumeuse, une
aguicheuse, provocante, qui vient ensuite pleurer dans les bras de son mari limaçon. Impossible de la voir autrement qu'une putain. On a juste qu'une envie: la gifler. Giorgio est un macho animal, une brute qui pense avec son pantalon. On a qu'une envie, lui mettre notre poing dans la face. Il n'y a rien à voir d'autre dans cette pellicule surréaliste de bêtise que des dialogues d'une niaiserie effarante finissent de faire sombrer dans les tréfonds du ridicule. Est ce d'ailleurs pour cette raison que Ivaldi a choisi par moment le langage des yeux plutôt que la parole elle même pour faire passer certaines choses (la scène au restaurant entre Monica et son mari)? Les jeux de regard, le langage des yeux, sont tout un art que le
réalisateur ne maitrise pas du tout. Le résultat est navrant et c'est une irrésistible envie de pouffer de rire qui s'empare du spectateur là où il aurait du être ému ou simplement touché.
Le temps s'égrène doucement, interminable d'autant plus long qu'il ne se passe rien durant 90 minutes, aucun suspens, aucun rebondissement, rien qui puisse accrocher. L'ennui s'installe, on regarde sa montre, Monica allume cigarettes sur cigarettes et couche avec Giorgio, Mario s'occupe de ses patientes, chacun rentre chez soi et on recommence jusqu'au final franchement décevant et sans surprise. Tout ca pour ça donc. Voilà qui achève de tuer un spectateur déjà à l'agonie depuis longtemps. Dire que la version intégrale du film dure
deux petites heures. Tenir 90 minutes est déjà un exploit. Bravo à ceux qui ont pu visionner la version longue sans abandon! Serait-ce cela le masochisme? Seules les scènes érotiques donnent au film son unique intérêt pour autant qu'on soit fan de l'irritante Carmen Villani bien sûr qui tourne très certainement ici les scènes les plus chaudes de sa carrière, certaines flirtant avec le softcore, tant avec Ray Lovelock qu'avec Manuel Sierra. On peut très justement se demander ce qu'est venu faire Ray Lovelock dans une telle ânerie hormis nous offrir un nu intégral. On préfère oublier l'espagnol Manuel Sierra aussi musclé que haïssable. Quant à la regrettée Ampara Munoz, ex-Miss Espagne 1973, ex-Miss Univers, elle a longtemps du
regretter d'avoir accepté d'apparaitre dans cette absurdité érotique. Signalons la présence du pauvre Enzo Cannavale dans le rôle du jardinier qui ne sert strictement à rien si ce n'est d'arroser le gazon de Carmen Villani tout en faisant le clown.
Coproduit avec l'Espagne L'anello matrimoniale fut l'ultime film de Mauro Ivaldi avant sa brusque disparition en 1984 qui marquera la fin de la carrière d'actrice de Carmen Villani. Elle tournera encore quatre petits films en Espagne tous restés inédits en Italie dont Lady Lucifera de José Ramon Larraz. Triste chant du cygne tant pour l'époux que pour l'épouse puisque L'anello matrimoniale reste indubitablement un des pires drames conjugaux que l'Italie ait commis à ce jour de par le néant de son scénario. A réserver uniquement aux fans endurcis de Carmen dont le succès au cinéma provient essentiellement de la curiosité qui poussa le public à aller voir son ex-petite chanteuse chérie dans des oeuvrettes sexy où elle se montrait dans le plus simple appareil.