The collection
Autres titres:
Real: Tom DeSimone
Année: 1970
Origine: USA
Genre: X
Durée: 60mn
Acteurs: Poco Alan, Nicholas Grippo, Ash Grover, David Michaels
Résumé: Un malade mental pervers sexuel enlève de jeunes hommes qu'il enferme dans un cachot miteux pour les violer et assouvir ses fantasmes les plus sordides. Il s'en sert comme esclaves sexuels, les réduit à l'état de bête puis les torture. Leur seule chance de survie est de réussir à s'enfuir...
Pionnier du cinéma pornographique homosexuel américain dont il est devenu une des figures incontournables Tom De Simone réalisa en 1970 The collection le tout premier véritable film X gay qui à l'érotisme poussé et la simple nudité d'autrefois laissait maintenant la place à une pornographie certes feinte mais désormais totalement explicite. C'est pour dire l'importance que tient ce film dans l'histoire du cinéma hardcore gay. Pour la première fois à l'écran on allait assister non seulement à des scènes de sexe certes simulées mais bien réelles mais aussi au mariage détonnant du sexe et de la violence, un mélange qui allait faire bondir la censure qui, écoeurée, jugea le film inhumain et finit par le faire saisir par la police. Il faut reconnaitre que pour ce coup d'essai Tom De Simone n'y est pas allé de main morte en imaginant cette histoire de maniaque qui enlève des jeunes hommes pour les réduire en esclavage, les torturer et assouvir ses désirs sexuels les plus bestiaux. Et le moindre qu'on puisse dire c'est que le maniaque de Tom De Simone, son Madman, n'a rien à envier aux plus sauvages des psycho killers du cinéma, The collection mélangeant comme cela allait devenir par la suite une habitude la pornographie pure à divers genres cinématographiques en l'occurrence ici l'horreur.
La collection à laquelle fait référence le titre est quelque peu spéciale puisqu'il s'agit en fait d'une collection d'hommes que kidnappe un fou nommé le collectionneur. A sa première victime s'en rajouteront deux autres, trois pauvres malheureux jetés entièrement nus dans la cellule crasseuse d'un immonde repère sur les murs duquel est accroché un grand choix d'instruments de torture. En trois étapes Tom De Simone n'a plus qu'à faire monter la tension crescendo avant l'explosion de folie finale.Le premier stade est l'enlèvement à laquelle s'ajoute une phase de voyeurisme. Violée au bord de sa piscine après que le dément l'ait épié entrain de nager tout en reniflant son slip blanc négligemment jeté sur le rebord, une seconde proie vient rapidement rejoindre la première victime du psychopathe qui croupit dans un sombre cachot. L'homme les force à avoir des relations sexuelles pendant qu'il les observe par un trou percé dans le mur tout en se masturbant.
DeSimone passe alors à l'étape suivante, plus brutale, la bestialité, l'animalisation de l'homme qu'on dresse et traite comme un chien. Dans un premier temps il force les deux malheureux à manger nus, laper une infâme bouillie dans une écuelle puis les oblige à se lécher mutuellement leur visage barbouillé de nourriture. La capture d'une troisième victime violentée dés son arrivée va faire basculer le film dans un climax de folie et de perversion. Le dressage continue de plus belle à coups de fouet ou de ceinture. Les trois hommes sont à la merci des fantasmes les plus sordides de leur bourreau, tenus en laisse, contraints d'agir comme des animaux dociles sous peine d'atroces représailles.
La dernière partie de The collection est une ode à la violence pure et dure. L'heure des tortures a sonné pour les trois hommes à qui le psychopathe a réservé un sort particulier pour chacun d'un, le but ultime étant la mort. Poteau de crucifixion, marquage au fer rouge, attaché puis sauvagement violé à l'aide d'un godemiché conséquent, la cruauté de leur geôlier semble n'avoir aucune limite. Pour rester en vie ils doivent absolument fuir. Par chance un des hommes va réussir à s'emparer des clés de leur cellule. Dans un élan de survie ils vont attaquer leur tortionnaire et tenter de le tuer.
Véritable petit film d'horreur pornographique The collection ressemble à ces pellicules d'exploitation nauséeuses qui fleurent bon l'Amérique profonde, ces "grindhouse" sordides à l'atmosphère malsaine régis par un seul et unique mot: folie. The collection c'est déjà son décor lugubre, une cabane crasseuse et son cachot, une cellule au sol recouvert de paille où sont jetés les trois hommes, ses murs garnis d'outils de torture, une sorte d'antichambre de l'enfer qui n'est pas sans rappeler l'univers de Massacre à la tronçonneuse. C'est là que se terre le psychopathe, une carrure d'ogre, la barbe épaisse, le regard hargneux. Dans ce cadre de cauchemar il donne libre cours à ses pulsions sadiques que filment avec un certain savoir-faire DeSimone. Il n'a pas son pareil pour instaurer une atmosphère glauque, étouffante qui atteindra son paroxysme durant les scènes finales. D'une part le plaisir du collectionneur passe par l'avilissement, la régression de l'homme vers l'état animal. L'esclave soumis objet dans un premier de temps de délices voyeuristes devient un chien, un porc à dresser nourri dans une auge à même le sol. Si le cinéma a régulièrement mis en scène ces thèmes sadomasochistes extrêmes (la scène des boulettes de polenta et des chiens humains de Salo vient à l'esprit), le film de DeSimone fut d'autant plus choquant car il utilise la pornographie mais également car c'était la première fois qu'on osait montrer à l'écran un tel étalage d'inhumanité notamment lors des séquences d'animalisation parfaitement explicites.
D'autre part c'est dans la mort que le psychopathe trouve le plaisir ultime, un plaisir né de la souffrance tant physique que sexuelle. Poussant les limites à leur maximum, du moins remis dans le contexte de l'époque, De Simone clôture donc le film par une séance de torture tout aussi explicite dans un climat de folie névrotique encore jamais atteint l'écran. Cette dernière partie n'est ni plus ni moins qu'une éprouvante séance de sadomasochisme poussée dont le but final est de donner la mort. Cette lente progression dans l'horreur n'a d'égale que la montée en puissance des humiliations et des sévices composés en majeure partie de flagellations et de viols dont la douloureuse pénétration d'un godemiché.
Mis en scène avec énergie, interprété avec force et conviction par trois jeunes comédiens inconnus mais O combien séduisants et le robuste acteur / producteur Nicholas Grippo dans le rôle du collectionneur, ancêtre à sa façon de bien des futurs maniaques du 7ème art, accompagné d'une bande son oppressante, The collection ouvrait de façon redoutable l'ère de la pornographie gay d'une part, le très prolifique filon des Sex and violence d'autre part.
Quelques jours après sa sortie à Los Angeles, scandalisée par les scènes de bestialité plus spécialement celle où les victimes se nettoient le visage à coups de langue et l'escalade de violences sexuelles en fin de bande, la censure demanda aux autorités de saisir le film qui disparut alors de la circulation.
Si les scènes de sexe à l'exception des fellations étaient encore simulées dans The collection sa sortie fut un cap puisque désormais le X gay allait ouvertement filmer de véritables sodomies avec moult détails de plus en plus anatomiques, véritables visites anales où réalisateurs comme acteurs explosent outre des derrières gourmands les limites du chirurgical.
Cette révolution pelliculaire signée DeSimone difficilement visible aujourd'hui puisque oubliée des éditeurs, mélange détonant de pornographie, d'horreur, de MIP (Men In Prison) est une incursion explosive dans le domaine de la pornographie homosexuelle, une petite gemme gay vintage magnifiquement malsaine, parfaitement excrémentielle, un trésor perdu de la bienheureuse ère pré-condom qui fera bien entendu le bonheur des inconditionnels de beauté masculine estampillée années 70 rêvant d'avoir comme esclave ces trois superbes jeunes mâles à cheveux longs mais surtout qui de manière générale étourdira de plaisir les amateurs d'oeuvres nauséabondes, ceux qui font rimer perversion avec délectation, violence avec jouissance, ceux pour qui le sexe est indissociable de la souffrance, un sexe viril, crasse comme on aime l'imaginer, comme on l'aime tout simplement.
Oeuvre phare aujourd'hui inconcevable dans l'histoire du hardcore gay The collection a définitivement une place d'honneur dans toute bonne collection Sex'n'violence aux cotés des Damiano, Colt et autres maitres du genre tant homo qu'hétéro.
DeSimone tournera par la suite le mystique Dust unto dust, une sorte de western indien à la fois chaud et sensuel, le documentaire How to make a homo movie avant de se spécialiser dans un hardcore plus brut aux senteurs de cuir noir humide.