Confessions of a male groupie
Autres titres:
Real: Tom DeSimone
Année: 1971
Origine: USA
Genre: X
Durée: 59mn
Acteurs: Larry Danser, Sky Kinque, D.C Michaels, Ruffin Tumble, Monya Phetish, The beautiful people
Résumé: Un jeune garçon quitte sa petite bourgade pour partir à travers l'Amérique. Son voyage l'amène à Los Angeles puis Hollywood où il découvre une vie faite d'excès. Sans un sou il est hébergé par Sweet Lady Mary qui de son coté lui fait découvrir le sexe, la drogue et le rock. Lorsque le groupe du moment arrive en ville elle les accueille. Deux des membres sont amants. Le jeune homme n'a plus qu'une idée en tête: mener une vie rock'n'roll, être un groupie à part entière. Trips sous acides, marijuana, alcool tout arrive chez Lady Mary. Le prochain objectif du garçon: sortir avec le chanteur du groupe...
Pionnier du cinéma pornographique gay américain dont il est devenu une des figures incontournables Tom DeSimone réalisa en 1970 le brutal The collection, un sex and violence, le tout premier film hardcore gay qui à l'érotisme poussé et la
simple nudité d'hier cédait maintenant la place à une
pornographie certes feinte mais désormais totalement explicite. Avant de se spécialiser dans un cinéma porno viril aux senteurs de cuir noir humide DeSimone va encore réaliser le très sensuel western gay Dust unto dust, Lust in the afternoon, le documentaire How to make a homo movie et cette délicieuse virée au coeur même de la génération hippie Confessions of a male groupie.
Présenté comme une sorte de documentaire Confessions of a male groupie n'est cependant qu'une simple fiction. Les personnages comme le groupe rock The electric bananas présent dans le film sont imaginaires. Il n'y a donc aucun rapport avec cette formation et les fameux Pretty things, valeur sûre du rock psychédélique, qui avant de se nommer ainsi s'appelaient également les Electric bananas. Quant à l'éléphantesque Sweet lady Mary, inspirée d'une chanson des Faces, si elle nous est introduite comme une personnalité incontournable dans le monde de la musique rock, une véritable égérie, elle est tout aussi fictive, une bien sympathique inconnue qui retournera à l'anonymat dés le clap de fin donné.
L'histoire suit un jeune garçon tout juste sorti de l'adolescence surnommé pour l'occasion le groupie. Il vit dans une petite bourgade américaine où jamais rien ne se passe. A force de s'ennuyer il décide un jour de quitter l'école et claque la porte du domicile familial pour faire le tour de l'Amérique à pied, en stop, avec pour objectif final Los Angeles puis Hollywood la fantasmatique. Il y découvre un univers de folie, un monde de sexe de drogues et de rock. A cours d'argent il est hébergé par Sweet lady Mary, une importante personnalité hollywoodienne installée sur Venice qui côtoie les plus grands groupes du moment. Elle n'est en fait qu'une hippie continuellement défoncée, une référence dans le milieu, l'hôtesse chez qui tout le monde finit et qui a pour passion outre se gaver de chocolats de faire des moules des pénis des musiciens qu'elle héberge pour ensuite s'en servir de godemichés qu'elle expose fièrement. Le groupie découvre l'univers hippie, la marijuana, les acides, les fêtes et les jolis garçons aussi chevelus que stone.
Lady Mary accueille aujourd'hui les Electric bananas de passage en ville. Le batteur et le guitariste, Jeff et Frank, sont amants. Le groupie assiste à leurs ébats pendant que Mary les observe en engloutissant des sucettes géantes. C'est avec Steve le chanteur encore célibataire que l'adolescent tombé sous son charme va perdre sa virginité et faire l'amour pour la première fois après avoir pris soin de mouler le sexe de son amant. Avant son départ le groupe donne une immense partie qui tourne vite à une orgie carnavalesque d'alcool, d'herbe et de danse.
Réalisé au début de l'année 1971 Confessions of a male groupie est certainement le film le plus ambitieux du cinéaste. Plus qu'un simple film porno il se veut le reflet d'une certaine jeunesse marginale de ce tout début d'années 70, post Woodstock, éprise d'amour et de liberté. C'est l'époque où on part vivre ses rêves, découvrir l'excitation de la ville et tout ce qu'elle peut amener en excès en tout genre. Hollywood devient une sorte de but ultime, l'endroit magique où tout est possible. La liberté, l'ivresse, la folie, la facilité le jeune homme, loin de sa campagne, va vite les rencontrer, profitant au maximum de ce que Los Angeles lui offre jusqu'à ne plus avoir d'argent ni savoir quoi faire ni où aller si ce n'est chez Sweet lady Mary. Avec ce personnage fantasque, obèse, sosie parfait de Mama Cass des Mamas and the Papas, c'est le sexe qu'il va découvrir (notre groupie est encore vierge et c'est son hôtesse qui l'initiera aux fellations apprend t-on) et la vie hippie. Marijuana, LSD, injections d'acides, trips, liberté des sens et liberté sexuelle sur fond de musique rock.
Et c'est donc également une plongée vertigineuse dans l'univers du rock'n'roll, la rock'n'roll life, le quotidien de ces musiciens par extension de tout un pan de cette jeunesse issue de la culture hippie avide d'excès que délivre le metteur en scène.
C'est cependant sur une note amère que le film se terminera. Toutes les bonnes choses ont une fin. Les fleurs dans les cheveux se sont pour beaucoup vite fanées semble être la triste constatation de DeSimone. Trois ans plus tard, les Bananas se sont séparés, Lady Mary est morte d'overdose et le groupie s'est fait arrêté pour possession de marijuana. Il est parti pour Hollywood, Hollywood l'a eu. Mais le voyage continue.
"Je participe aux meilleures fêtes, je fume la meilleure dope et suce les plus grosses queues." C'est sur cette phrase du groupie que s'ouvre le film qui débute par une superbe séquence à la limite de l'onirisme. Seul dans sa chambre d'ado le groupie se fait un rail de coke au son de My sweet lord de George Harrison puis s'endort. Porté par la musique, sous l'effet de la cocaïne il est projeté dans une sorte de rêve délirant dans lequel uniquement vêtu d'un poncho à franges qui lui sert d'ailes il entame une danse frénétique sur fond noir, virevoltant, tourbillonnant tel un oiseau fou souhaitant se rapprocher du Seigneur, visiblement inspiré par les paroles de la chanson. Il imagine des garçons nus prenant des poses de statues grecques, à la fois sensuelles et obscènes, avant d'entamer une longue masturbation sur un fond de musique hypnotique signée du Tyrannosaurus rex de Marc Bolan. Le ton est donné mais la phrase introductive est un peu mensongère car de sexe il n'y en a guère. DeSimone préfère en effet s'attacher à l'atmosphère, mettre au mieux en images ou sous forme de petites vignettes la rock'n'roll life dans cet univers de contre culture seventies. Euphorie, fêtes, trips et fumes sont à l'honneur, radicales parfois provocantes. L'adolescent découvre la ville des anges, ivre de bonheur, courant dans les rues, posant à coté des enseignes lumineuses, des sex-shops et des cinémas porno, riant à gorge déployée au fil des rencontres au détour d'une rue, d'un trottoir, à pied ou en stop, cheveux au vent à l'arrière d'une voiture les bras en croix. Il est dans un premier temps l'incarnation d'une jeunesse insouciante, idéaliste, utopiste avant que l'horizon ne s'assombrisse. Fauché, sans but défini, il découvre la vie bohème des communautés hippies à travers le personnage de Sweet Lady Mary. Il fait l'apprentissage des drogues dures et du sexe, de l'illicité et l'oisiveté, s'imprègne du mode de vie rock'n'roll dont il ne pourra plus se passer. DeSimone enchaine alors les séquences de shoot et de seringues qui s'enfoncent dans les veines, d'extase post shoot, de body painting, de joints qui tournent dans des cascades de cheveux longs, chemises hindoues et barbes christiques, le tout entrecoupé par un intermède musical des Electric bananas en (faux) concert et de trois longues scènes de sexe: celle entre les deux musiciens du groupe sous l'oeil étincelant et vicieux de Lady Mary, la masturbation solo du groupie tenant en main la pochette d'un album de James Taylor et les ébats du jeune homme avec le chanteur.
Ces scènes de sexe somme toute assez sages consistent essentiellement à des esquisses de baiser, de longues fellations et de jolis 69, toujours très naturelles et surtout sensuelles. A cela deux explications. outre le fait que la priorité du cinéaste n'était pas ici le sexe, il faut avoir à l'esprit que le film fut tourné début 71, une époque où les pratiques anales et de façon générale culiennes n'étaient pas encore autorisées dans la pornographie gay. Elle se contentait alors de simples fellations et masturbations. Il faudra encore attendre une bonne année pour qu'apparaissent et se multiplient enfin à l'écran les premières scènes sodomites et autres formes de sexe culien.
Le film se conclura sur une réception orgiaque particulièrement festive durant laquelle les invités tous plus extravagants les uns que les autres vont se laisser aller dans une débauche de marijuana et d'alcool.
Accompagné par une bande originale stupéfiante composée notamment de morceaux des Faces (Sweet Lady Mary, Bad'n'ruin), de George Harrison (My sweet lord), des Stones (You can't always get what you want), de Tyrannosaurus Rex (Organ blues), de Country Joe McDonald (Hold on it's coming), Led Zeppelin (Moby Dick), Joe Cocker (Feeling alright), Leon Russel (Sweet home Oklahoma) Confessions of a male groupie fut en son temps une oeuvre révolutionnaire non seulement pour son coté ambitieux et sa technique. DeSimone a en effet recours a de multiples effets visuels notamment l'utilisation fabuleuse de filtres rouge et vert et du split screen. La photographie est recherchée alternant noir blanc granuleux et couleurs chatoyantes, le montage inventif parfois original (le parallèle entre les mouvements de succion lors de la fellation parfaitement synchronisés avec les coups de langue de plus en plus nerveux que donne Mary à sa sucette). Ce film est surtout le tout premier film X gay à avoir une femme parmi ses principaux protagonistes.
Sous titré How I learned to stop worrying and love the Electric bananas en référence au monde déjanté de Stanley Kubrick le film de DeSimone est d'une authentique beauté tant visuelle que physique. L'interprétation aussi naturelle que les scènes de sexe contribue à la crédibilité, à l'authenticité du contenu. On se laissera séduire par la beauté juvénile brute de Larry Danser, le groupie, vu la même année dans Highway hustler, puis époustouflé on admirera les interminables chevelures tombant en cascade sur les corps frêles des Bananas, le blond et gracile éphèbe au visage angélique Ruffin Tumble, le christique Sky Kinque et le Zappaesque D.C Michaels que DeSimone rappellera deux ans plus tard pour Games without rules. Quant aux Beautiful people qui composent les invités de la fête finale, mélange de personnalités extravagantes et chevelus issus du milieu hollywoodien, l'oeil exercé reconnaitra parmi elles un couple gay qu'on reverra de temps à autres dans les tout premiers balbutiements cinématographiques de la marginale réalisatrice Penelope Spheeris.
Plus qu'un simple film X cette pellicule témoin est avant tout le fragment d'un certain style de vie propre à ce début de décennie de tous les excès et toutes les libertés dans lequel DeSimone posait avec adresse un regard psychédélique et halluciné sur le départ en roue libre de la génération post hippie hollywoodienne. Pour nous ces Confessions sont un fulgurant retour vers un monde qui plus jamais n'existera, une époque bénie à jamais révolue que tout amateur et passionné des années 70 contemplera avec toujours la même fascination, les larmes aux yeux de n'avoir pu connaitre les années Woodstock mais des larmes d'amour face à la magie, la magnificence inégalée de la plus belle époque de notre société contemporaine quand les hommes portaient les cheveux longs mais ne portaient que rarement un slip, ne s'épilaient pas encore ni les aisselles encore moins les fesses, quand la beauté masculine était à son apogée, l'air du temps si doux parfumé aux essence de patchouli flottant dans un joli nuage rose pourpre aux senteurs psychédéliques. Diamant brut du cinéma porno gay pré-condom Confessions of a male groupie est un pur moment d'extase et de nostalgie qui confirme les talents du metteur en scène de Tom DeSimone.